En France, la Cour des comptes publie une étude sur les ports tous les cinq ans; en Belgique, la Banque nationale de Belgique (BNB) en publie un chaque année (1). Les ports maritimes flamands sont analysés: Anvers, Gand, Zeebrugge et Ostende. Ce rapport montre la relation entre la croissance économique de la Belgique et les trafics portuaires. Il analyse ensuite les variations liées à la valeur ajoutée créée par ces ports, l’influence sur l’emploi et les investissements.
L’an 2004, année de référence prise pour cette étude, est "une période très favorable au développement de l’activité de manutention dans les ports maritimes flamands", indique le rapport de la BNB. Cette croissance tient principalement au dynamisme du commerce mondial. "Les infrastructures maritimes, véritables gateways, poursuivent leurs efforts d’adaptation, entre autres au travers des projets d’extension, comme ceux visant l’amélioration de la capacité d’accueil et de traitement des conteneurs", continue le rapport. Même si l’économie mondiale a connu une de ses plus belles années sur les trois dernières décennies, la Belgique a su tirer son épingle du jeu. En 2004, la croissance belge s’est élevée à 2,6 % (contre 2,1 % pour la zone euro).
Une croissance économique en Belgique qui a été portée par l’expansion dans l’industrie manufacturière et l’essor du commerce extérieur.
LES CONTENEURS EN HAUSSE DE 11 %
Dans le range Hambourg – Le Havre, la progression des trafics s’est élevée à 7,2 %, soit mieux que dans les ports belges où le tonnage total a progressé de 6,1 %. "Cette croissance a néanmoins permis aux ports flamands de conforter leur position dans le commerce international, à savoir 3,2 %", indique le rapport de la BNB. Au cours des cinq dernières années, le port d’Ostende a connu la progression la plus remarquable avec une hausse moyenne de 19 % par an. À Anvers, ce taux a été de 5,7 %. À Gand, les trafics stagnaient, tandis qu’ils baissaient à Zeebrugge.
Et le rapport de noter que la conteneurisation a été le moteur de cette progression avec une augmentation de ses trafics de 11 % en Belgique en 2004. Certains ports ont su profiter des espaces disponibles comme l’ont fait Anvers et Hambourg. Dans le contexte d’une conteneurisation toujours plus poussée, les ports doivent répondre à la demande. "La tendance est à cet égard à la concentration de services logistiques à haute valeur ajoutée", soutien le rapport. Autre élément favorable aux ports maritimes, note la BNB, la bonne tenue des trafics de "short sea", qui représente 50 % des échanges maritimes.
ANVERS POUR 65 % DE LA VALEUR AJOUTÉE DES PORTS FLAMANDS
Si les trafics affichent une bonne tenue, la situation économique est plus contrastée. "La valeur ajoutée a bien progressée dans l’ensemble, tandis que l’emploi, l’investissement et la santé financière des entreprises ont évolué en sens divers", explique le rapport de la BNB. La valeur ajoutée des ports maritimes flamands a augmenté de 10,7 % à prix constants. Un taux remarquable par rapport à celui de l’économie belge dans son ensemble qui s’est établi à 2,6 %. Anvers engrange, à lui seul, 65 % de la valeur ajoutée créée par les quatre ports flamands. Au port de Gand, la croissance de la valeur ajoutée a été la plus soutenue grâce notamment à ses deux principales industries, la métallurgie et l’automobile. "Les secteurs maritimes ne sont pas en reste, des évolutions significatives étant notées chez les armateurs anversois et ostendais, ainsi que les agents maritimes et les expéditeurs de Zeebrugge", mentionne le rapport de la BNB.
L’emploi a suivi la même tendance avec une augmentation de 0,6 % à 242 229 ETP (équivalents temps pleins), correspondant à l’évolution de l’emploi en Belgique. Gand remporte encore la palme, suivi par Anvers. Ostende et Zeebrugge voient leurs chiffres de l’emploi régresser. Une tendance dans ces deux ports qui tient, selon la Banque nationale de Belgique, "au désengagement dans l’industrie à Ostende et dans le cluster maritime à Zeebrugge".
L’investissement privé dans les ports maritimes flamands a diminué en 2004 de 6,4 % à 2,634 Md€. Si Gand récolte la palme en matière de valeur ajoutée et d’emplois, ce port est aussi à la première place de la baisse des investissements privés dans les ports flamands. Un recul lié au désinvestissement dans l’industrie automobile et métallurgique. Il perd en effet 52 % à 356 M€.
Ostende suit la même tendance avec une diminution de 1,2 % de ces investissements dans l’industrie des équipements électroniques alors que Zeebrugge se stabilise avec une augmentation de 0,7 %.
Anvers, pour sa part, résiste bien et voit ses investissements progresser de 12,8 % à 2 042 M€, "avec less hausse enregistrées par les secteurs de l’énergie, du pétrole et des armateurs", précise le document de la BNB.
La situation financière des entreprises privées s’est globalement améliorée dans ces ports. Un raffermissement de la rentabilité nette des capitaux propres après impôts de ces entreprises, sur les sites d’Anvers et de Gand, porte la rentabilité moyenne des entreprises implantées dans ces ports au-dessus de la moyenne nationale. À ces chiffres encourageants, la BNB indique aussi un recul de la solvabilité des entreprises anversoises. "La proportion d’entreprises potentiellement en proie à des difficultés financières a cependant reculé dans les ports flamands, tant dans les grandes entreprises que dans les PME", continue le rapport.
Au final, cette étude menée par l’institution financière belge est destinée à dresser un constat: la croissance des trafics n’entraînent pas nécessairement un surcroît identique de la valeur ajoutée, lequel n’est pas toujours synonyme de création d’emploi. "En favorisant des projets visant a l’amélioration de leur accessibilité et de leur capacité d’accueil, ainsi qu’au développement, en leur sein, d’activités à haute valeur ajoutée, les ports belges tentent de renforcer leur position concurrentielle sur la scène internationale, aux fins d’y assurer la croissance et l’emploi", conclut le rapport de la BNB.
En fait, leur bilan revient à promouvoir la création de valeur ajoutée pour susciter l’emploi et pas forcément le développement des trafics. Un point de vue que tous les acteurs maritimes ne partagent pas.
(1) Le rapport de la Banque nationale de Belgique est disponible sur le site Internet de l’institution: http://
Fluvial: un mode éminemment belge
Le réseau fluvial belge s’affiche le plus dense d’Europe avec 1 500 km de voies pour un territoire de 30 500 km2. Ce réseau permet de relier, avec des canaux pouvant accepter des unités de 1 350 t, les ports maritimes et les centres industriels intérieurs. Au 1er janvier 2005, la Belgique compte 1 660 unités pour les cargaisons sèches représentant 1,5 Mtpl, 27 pour les marchandises liquides et 120 pousseurs. Le nombre d’unités est en baisse, mais leur capacité moyenne progresse.
Au sein du transport terrestre exprimé en tonnes (710 Mt en 2004), la navigation intérieure représente 19 % des prestations contre 8 % pour le fer et 73 % pour la route. En t/km, les proportions passent respectivement à 13 %, 15 % et 75 % avec un total de 62,5 Md t/km pour l’ensemble de la Belgique en 2004. “Les prestations du fluvial tendent à réduire progressivement leur retard”, note le rapport de la BNB.
Outre les prestations, les infrastructures fluviales nécessitent d’être constamment améliorées “en mettant l’accent sur l’augmentation de l’accessibilité et de la capacité des installations, à l’aune des orientations établies dans le cadre des RTET”, continue le rapport. Et le document de continuer à privilégier les “infrastructures à forte valeur ajoutée comme par exemple le Deurgankdock à Anvers”.