100 000 poids lourds à la mer entre la péninsule Ibérique et la France

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Le 26 juillet dernier, Dominique Perben, ministre des Transports et son homologue espagnole Magdalena Alvarez Arza ont procédé à l'installation de la Commission intergouvernementale franco-espagnole (CIG), chargée de leur proposer une sélection de projets d'autoroutes de la mer sur la façade Atlantique-Manche-mer du Nord. Concrètement, ont expliqué les ministres lors de la conférence de presse, la CIG doit rédiger le cahier des charges de l'appel à projets et assurer la gestion de ce dernier. Il devrait être lancé d'ici la fin 2006. L'approche de la CIG sera "pragmatique" souligne le dossier de presse.

Les principes et les critères de sélection sont les suivants:

"l'appel à projets ne désigne pas a priori les ports qui peuvent être impliqués;

le service escale dans au moins un port espagnol et au moins un port français d'importance internationale;

la fréquence du service maritime est un critère clé pour répondre à l'objectif de transfert significatif de la route vers la mer. La montée en puissance de lignes existantes pourra ainsi être prise en compte;

les projets sont évalués au regard de ce transfert et plus généralement des bénéfices qui peuvent être attendus par la collectivité;

les performances des opérations et des services portuaires sont prises en compte comme critère de qualité des projets."

Selon le dispositif franco-espagnol ne peuvent répondre à cet appel à projets que des groupements formés au moins par une compagnie maritime et des "exploitants des ports français et espagnols concernés". Mais "l'ensemble des acteurs de la chaîne de transport (logisticiens, transporteurs routiers, manutentionnaire, donneur d'ordres…) sont invités à participer à ce groupement".

La mise en œuvre du ou des projet(s) est espérée pour courant 2007. C'est dire si le temps presse soudainement.

EN RO-RO, EN 45' PALLETWIDE OU PAR FEEDER

Pour fixer l'objectif à atteindre, Dominique Perben évoqua, sans en préciser l'échéance, le chiffre de 100 000 poids lourds par an qui devaient être transférés sur mer. Un niveau inférieur aux 150 000 remorques évoquées par Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre, lors que la présentation du CIADT du 18 décembre 2003.

Président de la CIG, Pierre-Alain Roche, directeur des transports maritimes, routiers et fluviaux et chef de la délégation française, l'avait déjà souligné, le 27 juin dernier: "Nous avons fait de gros efforts vers le pragmatisme" en matière de transfert du "tout route" au "route-mer-route" (JMM du 30-6-2006, p. 9). Cela fut confirmé, officieusement, fin juillet: que cela soit par une bretelle d'autoroute de la mer (au sens que lui donne la Commission européenne, le seul qui compte, voir article ci-après), par l'utilisation de 45' palletwide sur navire spécialisé ou par "simple" feedering de 20' et 40', le seul et unique objectif est de réduire le nombre de poids lourds sur les routes françaises venant de ou allant vers la péninsule Ibérique. Le reste est de l'ordre de la cosmétologie.

Mais le ministre y met une condition: que les projets présentés à la subvention des contribuables, soient par nature "économiquement viables et capables de s'équilibrer dans la durée".

Pourvu que cela existe réellement.

GRIMALDI (NAPLES) NE PROPOSE PAS UNE AUTOROUTE DE LA MER

"La France et l'Espagne s'appuieront sur les travaux menés par la CIG franco-espagnole pour conduire leurs réflexions sur les autoroutes de la mer en Méditerranée en liaison avec l'Italie" conclut le communiqué officiel.

La compagnie italienne Grimaldi (Naples) n'a pas attendu les réflexions franco-espagnoles pour capter une partie du trafic routier italo-espagnol. Interrogée à ce sujet et sur l'éventuelle qualité perfectible des services Grimaldi, Magdalena Alvarez Arza répondit clairement que l'offre italienne ne constituait pas une autoroute de la mer, mais des routes maritimes non-subventionnées par l'Union européenne. Ce qui montre que la compagnie italienne a encore une longue action de communication pour mieux se faire connaître des autorités espagnoles.

Juillet, une période favorable aux engagements maritimes franco-espagnols

Partageant “totalement” tant les idées générales sur le développement du transport maritime de courte distance que les actions “concrètes” proposées telle que l'expérimentation sur des lignes nouvelles des possibilités réelles du mode maritime, les ministres des Transports français et espagnols décident de créer un groupe de travail intergouvernemental du cabotage maritime. Cet acte fondateur eut lieu lors du séminaire ministériel franco-espagnol de juillet 2001.

Convaincus de la nécessité de développer le cabotage maritime entre la France et l'Espagne” pour répondre à la demande croissance de transport entre la péninsule Ibérique et le reste de l'Union européenne, les ministres des Transports français et espagnol décidaient une nouvelle fois, lors du sommet franco-espagnol d'octobre 2001, de mettre en place un groupe de travail bilatéral sur le développement du cabotage maritime entre les deux pays.

De hauts fonctionnaires français et espagnols devaient étudier les demandes potentielles de transport de substitution au “tout-route”, les points de blocage, les possibilités d'encouragement au transfert vers le maritime et même la possibilité d'examiner avec les autorités italiennes la création d'une autoroute maritime.

Depuis, les engagements fermes des autorités françaises se sont multipliés avec le succès que l'on connaît. Le CIADT de décembre 2003 “actait le principe de développer une ligne maritime d'intérêt général sur la façade Atlantique. […] Les études nécessaires à la création de cette ligne seront finalisées en 2004.” Toujours en 2004, le gouvernement devait finaliser les études portant sur le développement d'une ligne maritime d'intérêt général en Méditerranée.

Cinq ans plus tard, mois pour mois, toujours aussi “convaincus” d'autres ministres des Transports français et espagnol installent la Commission intergouvermentale franco-espagnole chargée de leur proposer une “sélection de projets d'autoroutes de la mer” sur la façade Atlantique-Manche-mer du Nord.

M.N.

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