SeaFrance: "le combat […] est rude, mais nous sommes fiers d’y participer"

Article réservé aux abonnés

À 192 M€, le chiffre d’affaires est en chute de 7,6 %; le résultat courant s’enfonce passant de − 3,07 M€ à − 15,86 M€; et le résultat net après impôt sombre: de presque de 5 M€ de 2004, il passe à − 9,27 M€. Largement perfectibles, ces résultats sont attribués à hauteur de plus de 10 M€ à l’avarie majeure du port de Calais et au développement du "low cost" sur le marché touristique. Le fait d’être immatriculé sous pavillon français, version métropole, ne favorise pas non plus les économies: le surcoût (hors remboursement des charges non-ENIM, éminemment variable d’une année sur l’autre) par rapport au pavillon britannique étant estimé à 25 %; et à 40 % par rapport au registre italien, également communautaire. Aussi Eudes Riblier, président du directoire de SeaFrance présentait le 17 juillet 2006 les mesures correctrices prises durant ces derniers mois.

Si entre le 8 février 2005, date de l’effondrement de la passerelle inférieure du poste 7 de Calais et l’été dernier, l’exploitation des navires a été particulièrement perturbée, la situation est redevenue supportable durant le second semestre. SeaFrance a pu profiter de la forte demande de transport de camions et de l’arrivée du Berlioz en avril (700 voitures ou 120 camions): 679 000 unités chargées, soit + 8 % alors que le marché n’augmentait que de 2,9 %.

Pour garantir à ses clients transporteurs routiers 46 départs (23 de Calais; autant de Douvres) par jour, arrêts techniques ou pas, tout en réduisant les frais d’équipage, la compagnie a négocié avec ses navigants un régime (complexe) d’embarquement permettant de faire tourner six navires avec un équipage correspondant à cinq. Schématiquement, si le Berlioz et le Rodin tournent en permanence, le Renoir n’est exploité que le matin où la demande est faible. Il est relayé l’après-midi par le Cézanne, plus grand. Le Manet, transformé en fréteur, réalise également trois traversés l’après-midi.

L’expérience montre qu’il suffit de quelques heures aux équipages pour passer d’un navire à l’autre et répondre ainsi à la demande croissante de transport de marchandises. Celle-ci représente maintenant environ 60 % du chiffre d’affaires de la compagnie. Pour les premiers mois de 2006, la demande se maintient bien et les augmentations tarifaires ont été bien acceptées, ajoute Eudes Riblier.

LE CHARME DU LOW COST

Côté tourisme, c’est justement la demande qui s’est effondrée, attirée par les prix proposés par le transporteur low cost SpeedFerries avec son unique perce-vagues rapide. Avec 602 000 voitures transportées, le trafic de SeaFrance a baissé de 5,9 %. À 3,212 millions de passagers, le volume est en légère baisse de 0,5 %.

SeaFrance a réagi en proposant un site internet beaucoup plus commercial. Le client low cost utilise beaucoup ce puissant moyen de vente qui représente 40 % des ventes SeaFrance. Les prestations à bord ont également été adaptées à cette clientèle qui est moins exigeante. En clair, l’offre a été dégradée afin de réaliser des économies sur le personnel des services généraux et hôtelier.

Il n’est pas question pour SeaFrance de se lancer dans le low cost pour autant. Le renforcement de la capacité tourisme offerte par le service fret de Norfolk depuis Dunkerque ne réjouit pas SeaFrance.

Il n’est cependant pas question de chercher à faire des économies sur le registre d’immatriculation; même s’il est hautement probable que l’exercice 2006, qualifié de "transition", sera déficitaire. Le retour à l’équilibre est attendu pour 2007.

LE RUDE COMBAT DU SALAIRE NET

Eudes Riblier participe au côté d’Alexis Gournevec, président de la BAI, au combat des opérateurs de ferries en faveur du salaire net du navigant. En clair, il s’agit d’obtenir l’exonération de toutes les charges patronales. À écouter le premier discours du nouveau président d’Armateurs de France (JMM 7-4-2006, p. 9), la requête des opérateurs de ferries semble avoir été entendue. D’autant plus, estime Eudes Riblier, que la communauté maritime française a compris que la disparition des ferries entraînera celle de toute la filière, notamment de formation. À en juger par la conclusion du communiqué de SeaFrance, l’espoir de réussite est mesuré: "Les navires à passagers emploient la moitié des marins français. Le combat pour maintenir ce métier sous pavillon est rude mais nous sommes fiers d’y participer." Tout est dit: l’important est de participer.

Shipping

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15