Dans la famille Mottet, on trouve le grand-père, créateur en 1948 de Pétromer. Devenue Pétromarine en 1977, la société est désormais dirigée par Alain Mottet et ses deux fils, l’un à la direction générale, l’autre, fort de son expérience de commandant, au poste de directeur de flotte depuis deux ans. Cette identité, les dirigeants de Pétromarine la revendique haut et fort. "Être une entreprise issue à 100 % d’une histoire familiale, ne posséder que des petites unités – des navires pétroliers, chimiques et gaziers de moins de 20 000 t – et garder cette taille humaine dans un marché où les concentrations d’entreprise se multiplient, c’est ça notre spécificité. On reste, en effet, un des derniers armements purement familial en France, ce qui nous permet d’être flexible, rapide et de nous adapter à tout type de demande particulière de la part du client", s’enthousiasme Stéphane Mottet, directeur général de Pétromarine.
L’armateur, qui travaille principalement avec les compagnies pétrolières telles que Total, Shell ou BP tient, en effet, le cap au fil des ans. Employant près de 250 personnes, dont 200 navigants, pour une flotte actuelle de 11 navires en service allant de 1 600 t à 19 000 t, cette entreprise, très concentrée auparavant sur l’Afrique du Nord, ne cesse d’élargir son territoire géographique. Désormais, trois navires naviguent sur l’Europe du Nord (1), quatre sur l’Afrique, deux sur les Antilles, un sur le golf Persique et un en Afrique de l’Est. Depuis 2002, Pétromarine possède également une filiale aux Antilles, assurant l’assistance des navires, l’amarrage et la cargaison. "L’Afrique reste une zone que l’on connaît bien, avec toutes ses spécificités et ses conditions nautiques difficiles. Mais depuis qu’on a entrepris le renouvellement de notre flotte, on peut désormais faire tout type de produits et sur toutes les mers du monde", explique Stéphane Mottet.
En effet, depuis 1998, la société a mis tous ses efforts pour procéder au total renouveau de ses navires, qui sont désormais tous double coque et atteignent une moyenne d’âge de 3 ans et demi. Elle a déjà ou s’apprête à réceptionner le Majorque, un petit souteur construit au Gabon, et le Guyenne, un tanker long de 120 m et de plus de 11 000 t construit à Vigo et affrété par Stasco, qui assurera des liaisons entre l’Europe du Nord et la Méditerranée. Cette étape franchie, l’entreprise entrera dans une phase d’accroissement de sa flotte.
Durant l’année 2006, des commandes ont été passées à des chantiers turcs pour cinq nouveaux navires, deux de 19 000 t auprès de RMK et trois de 11 000 t, dont un doté d’une capacité de 1 000 m3 de gaz sur le pont, commandés à Tersan. "Ce seront des navires nouvelle génération, dotés d’innovations technologiques. Depuis deux à trois ans, on travaille avec des cabinets d’études et de design pour créer des navires Twin skeg, dotés de deux moteurs et deux hélices, qui permettront une double propulsion, un moteur de secours en cas d’avarie et surtout la possibilité, à tirant d‘eau égal, de porter 20 % de plus et de remonter ainsi des fleuves réputés difficiles à la navigation", explique Stéphane Mottet. "Sans compter les doubles coques intégrales et le contrôle total de toutes les normes environnementales: rejet moteur, émission dans l’atmosphère… À tel point qu’on a obtenu la classification du bureau Veritas de « Clean Ships super »".
Un investissement de 120 M€ a été prévu pour acquérir ces pétroliers. "Ces navires très spécifiques nous coûtent plus cher, à nous et indirectement par la suite à nos clients, mais on a décidé de jouer à fond cette carte de l’avancée technologique et environnementale pour nous distinguer des gros armateurs, prendre de l’avance. D’ores et déjà, on sent une prise de conscience chez nos clients dans ce sens". Seront ainsi livrés en 2007 le Chantaco et le Chiberta (les 19 000 t), le Lacanau, le Lascaux et le Lamentin (les 11 000 t). "L’objectif de notre société est d’atteindre un rythme de croisière avec une flotte de quinze navires. L’arrivée de ces nouveaux pétroliers devrait, nous espérons, augmenter notre activité d’environ 25 à 30 %".
(1) En France, Le Chassiron de Pétromarine œuvre essentiellement sur des petits ports: Bayonne, Brest, La Rochelle… avec des cargaisons de 10 000 t en moyenne.