L’Andrea-Doria et le Stockholm entraient en collision

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L’Andrea-Doria, qui tire son nom d’un amiral génois du XVIe siècle, est sorti du chantier Ansaldo, de Sestri. Sa mise en service a lieu début 1953 sous les couleurs d’Italia Societa di Navigazione, la compagnie italienne qui assure principalement les relations entre la Méditerranée et les Amériques. Navire de 212 m de long et 27 m de large, l’Andrea-Doria était considéré comme un navire de pointe au moment de sa mise en service (compartiments étanches, double coque, radar dernier modèle…). Le navire pouvait accueillir 1 240 passagers: 218 en première classe, 320 en seconde et 700 en classe "tourisme".

Ce 17 juillet 1956, l’Andrea-Doria appareille de Gênes pour New York pour son 51e voyage, avec 1 134 passagers et ses 572 hommes d’équipage. Arrivant à l’Est de Nantucket, à seulement 200 miles de New York le 25 juillet, il traverse une zone de brouillard particulièrement épais, le commandant Calamai ayant réduit la vitesse du navire à 21,8 nœuds (contre 23 en route normale). Mais sa route croise à 23 h 10 celle du paquebot suédois Stockholm, l’une des unités de la Svenska Amerika Linie. Le suédois, qui a appareillé quelques heures plus tôt de New York, se rend à Göteborg. C’est un navire de 159 m et 12 400 tjb. Construit par le chantier Gotaverken de Göteborg, il était en 1948 le plus grand navire construit dans ce pays… et le plus petit paquebot exploité sur l’Atlantique Nord (390 passagers).

Bien que les deux navires se soient détectés au radar et malgré des manœuvres d’urgence au dernier moment, la collision ne pourra être évitée: le Stockholm qui vient tout juste d’entrer dans la nappe de brouillard, file alors à pleine vitesse. Il va pénétrer à angle droit de 9 mètres à l’intérieur des structures de l’Andrea-Doria; une déchirure sur trois ponts en hauteur condamne le navire. L’accident fera 51 morts, 46 sur l’Andrea-Doria et 5 sur le Stockholm. Linda Morgan (14 ans), endormie dans sa cabine de l’Andrea-Doria, sera retrouvée, vivante, sur la proue du Stockholm…

Compte tenu de la gîte prise par l’Andrea-Doria, le commandant décide rapidement de l’abandon du navire… mais la gîte empêche alors l’utilisation de la moitié des chaloupes de sauvetage.

Le salut des passagers et membres de l’équipage viendra de l’intervention de plusieurs navires venus sur place dont le français Ile-de-France, de la Transat, placé sous les ordres du commandant Raoul de Baudéan, en route de New York au Havre: il jouera un rôle déterminant dans l’opération. Le navire français, qui a fait demi-tour, va effectuer des aller/retours avec une dizaine de chaloupes pour récupérer les malheureux passagers. L’Ile-de-France va recueillir 753 passagers et hommes d’équipage et le Stockholm 572, les autres étant embarqués sur plusieurs autres navires venus porter assistance.

L’Andrea-Doria disparaîtra dans les flots le 26 juillet vers 10 h du matin. Quant au Stockholm, il réussira à regagner New York. Il reprendra du service en novembre 1956… et navigue toujours aujourd’hui comme portugais Athena.

Cet accident, dont une erreur d’interprétation de l’image radar serait à l’origine, a conduit à l’établissement de règles en matière de formation des personnels à l’utilisation des radars et a jeté les bases du principe de séparation des trafics dans les passages fréquentés.

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