Europipe, spécialiste franco-allemand de la construction de tubes d’acier soudés implanté à Mülheim (Allemagne) et à Dunkerque, charge régulièrement à destination de l’Iran, depuis quelques temps son meilleur client. Dans le cadre du contrat IGAT (Iranian Gaz trunk line) V, un pipe-line de 504 km de long, Europipe expédie depuis Dunkerque l’équivalent de 130 km de pipe-line, soit 10833 tubes de 12 m de long, 56" de diamètre (1 422 mm), 22,2 mm d’épaisseur, revêtus intérieur et extérieur. En fin de semaine dernière, le Windsor-Castle a chargé 1156 tubes au F13 à Dunkerque Est, soit 20 000 t environ de fret. Il s’agissait de la quatrième escale réalisée dans le cadre de ce contrat. La commande est répartie sur toute l’année 2006. Les embarquements se poursuivent au rythme de un navire "box-shape" de ce type par mois environ. Dewulf-Cailleret et sa filiale Cogema ont traité l’escale.
En Iran, le pipe-line transportera du gaz acide depuis le champ de South Pars, à raison de 100 millions de m3/jour sous une pression de 100 bars. Ce contrat est assez caractéristique des travaux que l’usine dunkerquoise réalise actuellement. La charge de travail de l’usine est qualifiée de moyenne par la direction de l’usine. Le site travaille à 1,3 poste/jour actuellement. Sa charge fixe, établie très bas, lui permet de vivre sans grand problème à ce niveau de volume. Mais un travail à deux postes, comme ce fut le cas fin 2005, serait mieux approprié. Il ne sera pas facile à atteindre durablement.
En effet, la surcapacité mondiale menace, pour des raisons politiques autant qu’économiques. À la recherche de sécurité, chaque État veut éviter de traverser le territoire des voisins avec ses conduites (comme le projet russe de pipe-line vers la Baltique pour livrer l’Europe occidentale, NDLR), et veut être capable de les construire lui-même. La Russie et la Chine développent rapidement leurs capacités, déjà importantes. "La demande est actuellement de l’ordre de 10 Mt/an dans le monde, alors que la capacité installée évolue de 25 à 28 Mt", explique Francis Leroux, directeur du site de Dunkerque. Cette année, les usines de Dunkerque et Mülheim vont livrer 950 000 t de tubes. Dans l’avenir, les japonais et les européens, qui sont pour le moment les plus avancés techniquement, travailleront uniquement sur les chantiers les plus complexes. Exemple, les projets d’ExonMobil en Alaska, ou de Rosneft en Sibérie à des températures extrêmes. Mais la concurrence va s’intensifier. La Russie construit actuellement une unité très puissante dans la région de Saint-Petersbourg. La Chine accroît très vite ses capacités. La sidérurgie japonaise, trop chère, subit de plein fouet la concurrence asiatique, et vient chercher des marchés à des prix peu rémunérateurs sur le terrain des européens.
En dépit d’un marché porteur, les prochaines années s’annoncent difficiles.