"Il faut vraiment être adepte de la méthode Coué et dénué de bon sens marin pour se persuader que la force de sauvegarde maritime telle qu’elle existe en France serait plus efficace qu’une garde-côtes européenne pour améliorer la sécurité du transport maritime", assure le commandant Michel Bougeard au nom de son association. "Il est important de rappeler que si les 400 commandants de l’AFCAN et tous leurs collègues européens réclament depuis fort longtemps la mise sur pied d’un tel corps spécialisé de gardes-côtes c’est qu’il y a un bonne raison!" Après avoir longuement réfléchi aux problèmes posés par la dégradation de la sécurité sur mer et avoir pris en compte les menaces qu’elle fait peser sur l’environnement, l’AFCAN reste en effet persuadée que le dispositif mis en place laborieusement depuis 1978 "est insuffisant et une garde côtière européenne est seule capable de lutter efficacement contre cette nouvelle donne créée par les bouleversements du transport maritimes: natures dangereuses et volumes des cargaisons, taille et vitesse des navires, équipage insuffisant, pénurie d’officiers etc." Le commandant Bougeard rappelle d’ailleurs que, dans le rapport consécutif à la catastrophe de l’Amoco Cadiz, la Commission parlementaire, souhaitait "la création d’un corps spécialisé de gardes-côtes chargé d’appliquer la réglementation relative à la prévention des accidents en mer et à la protection du littoral" (recommandation no 37).
PLAIDOYER EUROPÉEN
"Dans le concept français d’action de l’Etat en mer, l’amiral préfet maritime a un rôle prépondérant. Mais la question se pose de savoir s’il est" the right man at the right place, "du fait qu’il est à ce poste pour deux ans seulement et que souvent sa formation initiale lui a fait faire toute sa carrière dans l’aéronavale ou comme sous marinier", s’interroge le commandant Bougeard.
Aucun doute pour l’AFCAN: être garde-côtes nécessite une parfaite connaissance du sauvetage et de ce qui se passe sur la passerelle d’un navire de commerce. "Il faut, dans une cellule de crise, des professionnels bien entraînés à tous les types d’accidents, avec un seul interlocuteur pour le navire en difficulté."
Fort heureusement pense-t-on à l’AFCAN, l’Union européenne est en pleine réflexion sur une future politique maritime intégrée. L’Agence européenne de sécurité maritime est le premier maillon fort de ce dispositif et la garde côtière européenne sera son bras armé, avec son quartier général à Brest. "Donnons à cette European Coast-Guard les moyens d’exister et de prendre en charge l’ensemble de la sécurité du transport maritime de la mer Baltique à la mer Noire, avec toutes compétences sur les 20 districts, un par Etat côtier."
L’AFCAN rappelle par ailleurs qu’une "garde-côtes" européenne reviendrait bien moins cher aux Etats membres les plus exposés puisque les 25 pays de l’Union participeraient financièrement à la création de cette ECG, payée en partie par une taxe à la tonne transportée. "Pas question de copier bêtement l’US Coast Guard." Forte de ses traditions maritimes, la vieille Europe peut faire mieux et pour moins cher, créant de nombreux postes pour tous les marins motivés et expérimentés de la Marchande, de la Royale et de la pêche désireux de faire carrière dans ce nouveau corps après 15 à 20 ans passés sur tous types de navires, sur tous les océans. Quel apport de choix pour la future garde-côtes européenne!