L’Unim, organisation patronale des manutentionnaires français, a choisi Le Havre pour tenir son assemblée générale annuelle. Une décision qui tient du symbole en raison de l’entrée en service, depuis le mois de mars, de Port 2000, un terminal qui consacre une nouvelle organisation du travail.
Au cours de cette assemblée, l’Unim a rappelé le travail conventionnel réalisé au cours de l’année passée (voir texte ci contre) et dresser le bilan de son Livre blanc publié en 2005.
Ce document de l’Unim s’articule autour de trois axes majeurs: le défi de la professionnalisation, les rapports entre public et privé dans les ports et l’Europe portuaire.
S’agissant de la professionnalisation, Xavier Galbrun, délégué général de l’Unim, a rappelé qu’il "importait de montrer que la manutention portuaire est un métier à part entière." Cette question de la professionnalisation recèle deux points différents: l’accord sur la professionnalisation et la mise au point des contrats de qualification professionnels. "Le travail accompli sur ce sujet a été considérable", a rappelé le délégué général. Un accord signé le 6 juillet 2005 entre les partenaires sociaux "consacre une priorité et non une exclusivité en faveur de l’obtention des certificats de formation professionnelle", indique le rapport annuel de l’Unim. Le deuxième point concernant la professionnalisation a trait aux certificats de formation professionnelle (CQP). Cette phase est aujourd’hui en cours de finalisation. Après avoir adopté avec les partenaires sociaux un document recensant les six familles de CQP, il ne reste plus que le sujet de la composition du jury et de la validation des acquis de l’expérience pour mettre un point final à ce dossier. Et le président de l’Unim, Christian Paschetta de demander aux pouvoir publics un soutien "afin d’apporter en quelque sorte le label de l’État à des travaux qui ont été menés en un temps record".
Le second axe du Livre blanc de l’Unim porte sur l’évolution des rapports public/privé dans les ports. Un sujet qui tient particulièrement à cœur au nouveau président et qui s’avère être une priorité ancienne puisqu’elle apparaît déjà dans un document de 1987. Dans son rapport annuel, l’organisation patronale retrace les différentes étapes du processus d’accord aboutissant à la convention d’exploitation du Terminal de France à Port 2000 avec notamment la délocalisation de cette procédure du Havre vers une instance nationale. "À la lumière de l’expérience de Port 2000 le moment est véritablement venu de réinventer les rapports entre le public et le privé en veillant à ce que les aspirations légitimes de chacun soient bien entendues et prises en compte", a indiqué Christian Paschetta, le nouveau président de l’Unim, lors de son discours. Les pouvoirs publics se doivent en outre d’être des "galvanisateurs d’énergie et non des censeurs tatillons." Dans le cadre de ces rapports entre le public et le privé, la question des futurs terminaux portuaires et notamment de Fos 2 XL à Marseille, s’est alors rapidement posée. Quant à voir une solution identique à celle du Havre se mettre en place à Marseille, le président de l’Unim ne le pense pas forcément. "La place marseillaise et les entreprises locales doivent s’accorder sur les bases de la négociation à mener", a rappelé Christian Paschetta. Pierre-Alain Roche, directeur des transports maritimes, routiers et fluviaux, s’est montré tout aussi enthousiaste: "Nous avons su montrer notre capacité à nous organiser. Nous sommes en cours d’une phase de reconquête économique de nos parts de marché."
Le Livre blanc de la manutention aborde enfin l’Europe des ports. L’année passée a été riche en événements. Le projet de directive a été rejeté par le Parlement européen puis définitivement abandonné par la Commission. "Une bonne nouvelle nous arrive enfin de ce côté-là", a souligné le président de l’Unim. En mai, le commissaire aux Transports, Jacques Barrot, a lancé une consultation en vue de l’établissement d’un nouveau Livre blanc sur la politique portuaire. "La question fondamentale en la matière, a rappelé Christian Paschetta, est celle de la concurrence entre les ports dans un contexte de congestion et non celle des petites querelles intestines à l’intérieur du port. Par-delà c’est toute la question du financement des ports et des aides d’État qu’il convient d’harmoniser", a continué le président de l’Unim.
Au final, si les dossiers de la manutention portuaires avancent, il reste du travail à accomplir. Et le délégué général de l’Unim de conclure sur une citation de Robert Mallet, "ce n’est pas l’impossible qui désespère le plus mais le possible non atteint". Tout un programme pour les mois à venir.
Les travaux conventionnels de l’Unim: de l’amiante à la mixité du travail
Au premier chef des travaux conventionnels figurent les rencontres menées autour des départs anticipés des dockers exposés à l’amiante. L’Unim a rappelé que la loi de finances pour la sécurité sociale pour 2005 a institué une “surcontribution” de 15 % sur la totalité des sommes versées pendant la période d’allocation. “Ce système qui modifie les règles du jeu en cours de route apparaît non seulement inéquitable mais de nature, par son coût estimé d’emblée entre 90 M€ et 120 M€ pour la branche, à peser lourdement sur l’avenir”, a indiqué le délégué général de l’Unim, Xavier Galbrun, lors de la présentation du rapport annuel. En outre, la question de l’amiante se juge sur des périodes antérieures à la réforme de 1992 pendant lesquelles l’intermittence était de rigueur. Chaque société ne peut être considérée comme ayant mis ses salariés en péril, d’autant moins que nombre d’entre elles ont disparu.
Parallèlement à cette divergence de point de vue entre l’administration et l’Unim, vient s’ajouter une interprétation restrictive de la Caisse régionale de l’assurance maladie des Pays-de-Loire. Elle veut déduire du calcul à l’ouverture des droits les périodes d’absence comme les accidents du travail ou la maladie. Une enquête menée par l’Unim a montré toutefois que les conditions d’ouverture des droits varient d’une caisse régionale à l’autre. L’Unim souhaite que soit mis sur pied une réunion entre les partenaires sociaux et le ministère. “Cette demande est restée sans réponse à ce jour”, précise l’Unim. Pierre-Alain Roche, directeur des transports maritimes, routiers et fluviaux a précisé lors de cette assemblée générale que “les choses ont bien avancé et que nos interlocuteurs sont bien décidés à apporter des clarifications”.
Autre sujet conventionnel qui a pris une place non négligeable en 2005, la question salariale et l’harmonisation des Smic. Les négociations salariales s’annonçaient sous de mauvais auspices au début de l’année. Le 6 septembre la question du Smic est réglée. Après quelques déboires, les négociations salariales aboutissent à un accord le 16 novembre. Au final, l’année passée a permis de réaliser l’harmonisation du Smic et des négociations salariales.
Parallèlement à ces chantiers, d’autres accords ont été signés entre les partenaires sociaux. En premier lieu, un texte a été adopté sur la périodicité de la visite médicale. Un second a été paraphé, pour une durée d’un an et renouvelé en 2006, sur la journée de la solidarité en faveur des personnes âgées. D’autres sujets demeurent en suspens comme la mixité professionnelle. “Il a tourné court devant le scepticisme des partenaires sociaux à voir des femmes exercer les métiers de la manutention portuaire”, a souligné le rapport annuel de l’organisation patronale. Le sujet a été retiré pour lui préférer un thème plus urgent, la pénibilité. Une question qui trouvera une réponse dans les prochains mois selon l’Unim.