Victime du désarrimage de ses conteneurs, c’est en 1979 que le cargo danois Peter-Sif a sombré en baie de Lampaul, à proximité immédiate de l’île d’Ouessant.
Contenant 300 t de fioul, les soutes de ce navire, quasi neuf lors de son naufrage, se rappellent régulièrement au souvenir des Ouessantins en libérant au compte-gouttes les résidus d’hydrocarbures encore présents dans les structures de la coque.
Les îliens ont eu beau se tourner vers les autorités, rien n’y a fait. "Il n’y a que la Marine nationale qui ait décidé de prendre le problème à bras le corps", admet la municipalité. "Pouvions-nous laisser cette vieille coque cracher son pétrole dans un tel site?" résume le préfet maritime Laurent Mérer. Réalisée en 1999 par cette dernière, une première opération de colmatage et de pompage avait permis de récupérer 130 m3 de fioul dans les soutes à carburant. Mais sans mettre un terme définitif à des pollutions endémiques produisant des irisations régulières en surface. "Au fil des ans, le carburant s’est disséminé et accumulé dans les structures du navire, notamment entre les membrures", expliquent les spécialistes de la Ceppol de Brest (Commission d’études et pratiques de lutte antipollution de la Marine).
D’où la décision du Premar d’employer les grands moyens. Pendant une semaine, la nouvelle opération de dépollution a mobilisé 60 personnes, dont 15 plongeurs du GPD de la Marine (Groupe des plongeurs-démineurs). Opérant à partir du bâtiment de soutien Argonaute que ceinture un barrage flottant, ils plongent régulièrement par 55 m de fond pour obturer les fuites à l’aide de plaques d’acier qu’ils boulonnent sur la coque. "Dotés d’un joint spécial, ces plaques sont munies d’une vanne, ce qui permettra le cas échéant de revenir ultérieurement pomper le fioul toujours contenu dans la coque. Il s’agit d’un travail très physique que les plongeurs réalisent à l’aide de semelles plombées et alimentés en air depuis la surface. Du fait des indispensables longs paliers de décompression à respecter, ils ne peuvent pas rester plus de 30 minutes d’affilée au fond."
Autre inconvénient, l’opération reste très tributaire des conditions météorologiques. D’ailleurs, après avoir réussi à pomper une quarantaine de tonnes, les équipes ont dÃ" lever le camp au vu d’une dégradation annoncée. Une centaine de tonnes d’hydrocarbures serait donc encore à extirper de la coque du Peter-Sif. Ce chantier a également des airs de plate-forme expérimentale visant à améliorer les procédures et les systèmes de dépollution. Depuis le début de l’opération, la Marine y a investi 33 000 € en matériels complémentaires.