Après les conflits sociaux qui avaient secoué le PAM à l'automne dernier entraînant le départ de son directeur général, Éric Brassart, la nomination de Guy Janin à la tête de l'établissement apparaît comme autant de promesses de fruits. Après avoir signé avec la CGT, le 28 avril, un accord sur la sortie du conflit de septembre 2005, il l'a étendu à d'autres protocoles datés du 19 mai et reconnus par l'ensemble des syndicats du PAM, cadres compris. "Ces accords n'ont pas de précédent. Ils sont l'expression de relations sociales apaisées et d'un objectif partagé, le développement de l'activité portuaire", indique le directeur du PAM.
Que contiennent ces textes? Un mélange de précisions sur l'organisation du travail, un programme de revalorisation des salaires et des primes, un code de bonne conduite pour éviter les crises sociales et, cerise sur le gâteau, une déclaration commune en faveur du développement de l'activité portuaire.
SÉCURISER LES TRAFICS
Sur ce dernier point, la CGT et les autres syndicats ne se contentent pas de déclarations de principe. Un des avenants "affirme la volonté de mettre en place une organisation évolutive et performante". Il engage les cosignataires dans la "recherche d'une nécessaire adaptation comparable à ce qui se fait dans les ports concurrents". Le texte reconnaît qu'il faut "donner des signes forts sur la sécurisation des trafics pour les clients qui sont en attente très forte d'une bonne qualité de service" et "mettre en place une procédure de type gagnant/gagnant”.
Le directeur du PAM ne se trompe pas. Il n'a pas inventé la panacée sociale. "Nous avons réussi une remise à plat sociale et salariale. Cela n'a pas été simple. Il y a 160 types de primes dans un établissement qui compte 1 500 agents." Guy Janin est parvenu à désamorcer une situation explosive mais "au prix fort". Les syndicats ne vivent pas que de symboles! Derrière l'accord des terminaux de Fos, cadres et administratifs qui étaient loin d'être aux premières loges du conflit de septembre, ont accroché leurs wagons. Il y avait urgence. Leur base, frustrée par des années de rigueur, était en demande salariale. Résultat, la bonne conduite sociale dans laquelle se sont engagée les agents du PAM "coûte assez cher", reconnaît Guy Janin. La direction du PAM a dû "lâcher" en revalorisation et primes entre 3,5 et 7 points de la masse salariale.
Ces accords constituent-ils une propédeutique à Fos 2XL et à la future organisation public/privé? À part la sérénité du climat et l'évolution prise par la CGT, c'est une autre affaire, avertit le directeur du PAM. "Nous avons encore deux ans pour discuter puisque nous nous sommes engagés auprès des opérateurs à livrer les plateformes conteneurs fin 2008." L'urgence ne se traite jamais mieux que lentement. Est-ce à dire sûrement?
Le remue-ménage de l'homme tranquille
Guy Janin est-il un homme tranquille? C'est le moins que l'on puisse dire, sa détermination ne s'affiche pas sous la même forme que celle de son prédécesseur. “J'ai connu dans ma carrière des dossiers difficiles, mais j'ai toujours eu des rapports de confiance avec les gens.” La CGT ne trouve rien à redire. Du côté des usagers, on entend le même son de cloche. “Comparé à Éric Brassart, c'est la nuit et le jour. On s'est remis à travailler avec le PAM”, lâche un responsable de l'UMF qui ne fait pas mystère du contentieux passé.
Il n'empêche que Guy Janin a bâti en quelques semaines un nouvel organigramme de direction. Trois nouveaux arrivants viennent de s'intégrer (lire ci-contre). Un DRH qui “devrait dans les deux années qui viennent mettre en place une autre politique salariale”, un directeur de l'aménagement, des grands travaux et projets “qui veillera à l'exécution des mises en chantier (Distriport, Fos 2XL, GDF2)” et un directeur des affaires juridiques “parce que le PAM a besoin d'expertises”. Enfin, il a unifié ou coordonné l'exploitation des bassins de Marseille et de Fos sous la responsabilité de Christophe Piloix. Tout cela s'est mis en place sans cris ni crise, presque sans avoir l'air d'y avoir toucher.
Cascade de nominations à la direction du PAM
Six mois après l'arrivée de Guy Janin à sa tête, la réorganisation de la direction du PAM se précise. Notamment avec la création de nouveaux postes qui prennent en compte les grands projets du port. Cette évolution conduit le PAM à créer une direction de l'aménagement, des travaux et des projets, une direction des ressources humaines et une direction des affaires juridiques.
Nous avions déjà présenté Renaud Spazzi, 34 ans, ingénieur des Ponts et Chaussées, qui a pris la direction de l'aménagement, des travaux et des projets en intégrant l'établissement en janvier dernier. Sa mission sera de faciliter le lancement des projets de développement, la conduite des travaux et l'interface avec les collectivités territoriales. Et plus particulièrement, la mise en œuvre du futur terminal à conteneurs Fos 2XL, la recherche et la réalisation d'implantations d'activités industrielles et logistiques sur la zone portuaire de Fos.
Christian Maurel, 54 ans, a pris ses fonctions en qualité de directeur des ressources humaines depuis le 18 avril. DRH à la CMA CGM de 1999 à 2006, ce diplômé de Sciences Po Paris, par ailleurs capitaine de frégate, a fait l'essentiel de sa carrière dans les transports (Caterair Europe, British Airways). Son ordre de mission est clair: “Il renforcera la politique de ressources humaines en déclinant une politique de dialogue social et de management et développera la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pour accompagner les évolutions du PAM conformément à ses orientations stratégiques.”
En attendant la nomination d'un directeur des affaires juridiques dont l'identité devrait être connue dans les semaines à venir, des réajustements internes sont intervenus parallèlement. Après avoir dirigé les terminaux de Fos (hors pétrole) pendant cinq ans, Jean-Luc Loumes vient d'être nommé directeur des services généraux et chargé de la mission qualité. Son successeur sur Fos n'a pas encore été désigné, en attendant Christophe Piloix, directeur des bassins Est, assure l'intérim.