Pollux 2006: tester la coordination encore et encore

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Il s’agissait de l’un de ces exercices de lutte contre la pollution maritime que la préfecture maritime de Méditerranée organise tous les deux ans, à l’instar de ses homologues du Nord. Joliment appelé Pollux 2006, cet exercice avait pour principal objectif la coordination.

Coordination entre administrations françaises chargées de la lutte anti-pollution en mer et à terre, entre administrations et opérateurs privés et entre États.

Cet exercice impliquait également l’Espagne, l’Italie et Monaco, avec la présence physique des moyens nautiques et aériens des deux premiers.

Tester encore et encore la coordination n’est pas un luxe, si on se souvient du contenu du ret(our) d’ex(périence) 2003: par exemple en ce qui concernait la préfecture maritime, le CROSS, la zone de Défense Sud et les préfectures départementales concernées "l’interface terre-mer a été caractérisée par un faible niveau de coopération, de communication et de coordination. (…) Une déficience des systèmes d’information et de transmission entre et au sein même de chaque PC est démontrée (…)" (JMM du 9/7/2004, p 9 et suivantes). Par pallier ces dysfonctionnements récurrents, la préfecure maritime estimait "indispensable" l’envoi immédiat dès le début de la crise d’officiers de liaisons "pour une bonne lisibilité et répercussion des informations transmises".

Ce qui fut fait, cette fois, répondait le préfet maritime Van Huffel. Il notait par ailleurs qu’au début de l’exercice, durant une à deux heures, un certain flottement dans les communications avait pu être observé. "Cela est habituel" nuançait le Commissaire général de la Marine, Olivier Laurens, chargé de l’Action de l’État en mer (AEM), "les gens ont toujours un peu de mal à entrer dans un exercice". "En situation réelle, militaire ou civile, ça décoince beaucoup plus vite", soulignait un observateur, officier supérieur de la Marine de son état. En outre, rappelait le préfet, "depuis février 2004 (date du plus récent décret relatif à l’organisation de l’AEM), les rapports entre les différentes administrations se sont grandement clarifées". Second objectif majeur de l’exercice: tester les procédures de lutte contre une pollution chimique résultant d’un conteneur tombé à l’eau lors de l’abordage du FS-Diane.

PORT DE REFUGE: PROCÉDURES VALIDÉES

En octobre 2003, l’entrée de l’Alexander, petit transporteur de produits de Fouquet-Sacope dans le Port de Marseille avait donné lieu à des discussions "franches et contrastées" entre la capitainerie du Port et la préfecture maritime. Celle-ci demandait que soit résolu ce problème "de façon à ce que cette question ne retarde pas outre mesure la prise de décision".

Selon le préfet Van Huffel et le commandant du PAM, Joseph Moysan, en cas de conflit persistant sur la pertinence d’accepter un navire endommagé dans l’enceinte portuaire, les procédures seraient rodées et l’arbitrage remonterait rapidement au Premier ministre. La garantie financière de l’État en cas de catastrophe dans le port (minéralier chargé qui se brise dans le chenal ou explosition d’un chimiquier par exemple) serait acquise. Pédagogue, le commandant Moysan rappela que lorsque les autorités décident de rapprocher un navire d’un lieu de refuge pour éviter le pire, elles font un choix entre deux séries risques. Le pire peut toujours se produire.

Et il se trouvera toujours quelqu’un de plus ou moins légitime pour critiquer sévèrement cette décision, aurait-il pu ajouter.

Il ne reste donc plus qu’à attendre septembre prochain.

Silence! On tourne!

C’est par une mer d’huile et avec peu de vent que l’exercice Pollux 2006 s’est déroulé durant deux jours, à partir de 6 h 50, le 16 mai. À cet instant, à 13 miles du port (43o11.8 N et 4o 48E exactement), le FS-Diane, affrété par Total, est abordé par un porte-conteneurs de la CMA CGM. Ce dernier étant “simulé” par l’Orage, antique transport de chalands de débarquement; le conteneur de produits chimiques tombé à l’eau était représenté par une embarcation semi-rigide des marins-pompiers de Marseille et le fût égaré par une bouée. Pour faire bonne mesure, le porte-conteneurs poursuivait sa route sans s’arrêter. Perdant environ 1 800 m3 de fioul lourd, le FS-Diane signalait 4 à 6 blessés à évacuer dont un grave. À partir de là, la cellule de gestion de crise, pilotée par l’administrateur des Affaires maritimes Bruno Célérier, “créait” les difficultés. Une certaine routine se mettait en place: mise en demeure adressée à l’armateur de faire cesser le danger, première évaluation de l’état du pétrolier, mise en alerte des préfectures de l’Hérault, du Gard et des Bouches-du-Rhône (sachant que cette dernière avait très peu de temps auparavant informé la préfecture maritime qu’elle ne voulait plus jouer, diffusait “radio-coursive”).

Outre les moyens français maritimes et aériens (Abeille-Flandre basée à Toulon depuis juin 2005, l’Aillette, etc.), l’Italie et l’Espagne avaient également envoyé les leurs sur la zone. À la charge de Total, l’avion C130 de l’Oil Spill Response Ltd (sorte de coopérative de compagnies pétrolières spécialisée dans la lutte anti-pollution maritime aux hydrocarbures) était venu de Southampton durant 36 h. Tout ce beau monde dispersait le 17 mai à qui mieux-mieux, grâce à de l’eau de mer, une nappe invisible sur une mer plate, avec un grand soleil et un léger vent. La météo est un facteur “déterminant”, soulignait le préfet maritime, ajoutant qu’il restait encore très difficile de prévoir la dérive des nappes. “On n’est jamais trop fort, ni trop nombreux en mer”, concluait le préfet maritime. Encore faut-il savoir travailler efficacement à plusieurs.

Au moment où elle fut informé que deux cloisons étanches du pétrolier venaient de s’éffondrer, la capitainerie du PAM jugea peu judicieux de faire entrer le pétrolier dans les bassins portuaires. Il était alors question de prévoir l’échouement du navire, au cas où. Mais ceci relevait de l’exercice d’Etat-major auquel la presse n’était pas conviée. Une autre fois peut-être.

Exercice anti-pollution au Maghreb en juin

La catastrophe pétrolière en Méditerranée occidentale n’est pas uniquement anticipée par les Etats riverains du Nord, préoccupés par un trafic pétrolier représentant le quart du total mondial.

Les 20 et 21 juin prochains, au large d’Arzew, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie mèneront un exercice anti-pollution dans le cadre d’un accord sous-régional. L’Algérie assurera le commandement opérationnel et la gestion de crise, décidant de déclencher le plan tri-national et donc de faire appel à ses voisins. La lutte en mer aura lieu le deuxième jour sous la responsabilité du Maroc. Toutes les phases de la crise maritime seront passées en revue: alerte; sauvetage des équipages; confinement et récupération du produit; colmatage de la brèche; dispersion du polluant et remorquage du pétrolier au large ou dans un zone de refuge.

À terre, l’exercice sera constitué par le nettoyage des plages, le ramassage des déchets, leur transport, leur stockage et leur traintement. Des observateurs français, public et privés, seront présents ainsi que le représentant du Rempec (Regional Marine Pollution Emergency Response Centre for the Mediterranean Sea), basé à Malte.

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