Marfret, le parcours réussi d’un "small global carrier"

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"Dans une économie mondialisée dominée par les stratégies de volume qui privilégie les grands groupes maritimes internationaux, ce n’est pas un mince exploit qu’une PME marseillaise ait pu trouver sa place tout au long de ces 55 ans et être présente aujourd’hui par ses lignes régulières dans pas moins de 35 pays." Dans la cour des palmiers de l’immeuble des Docks, vestige magnifiquement rénové du glorieux passé portuaire marseillais, les propos de bienvenue de Raymond Vidil acquièrent toute leur résonance.

C’était un triple objet qui a réuni 200 à 300 invités, représentants de la place portuaire, à l’invitation du patron de Marfret. D’abord, les 55 ans de la compagnie marseillaise – en un demi-siècle et des poussières, le sillage de la compagnie Marfret a déjà l’épaisseur de l’histoire maritime. La parution d’un livre retraçant la saga de l’entreprise créée en 1951 avec l’affrètement d’un voilier à moteur rescapé de la guerre par le père de Raymond Vidil, Claude. Et enfin, l’inauguration d’un nouveau service sur l’Algérie et la Tunisie avec CMA-CGM et SudCargos.

Y a t-il encore place pour un armement indépendant qui exploite huit petits navires (voir encadré) à l’heure de la course au gigantisme? Marfret est une réponse. Le parcours du "small global carrier" inspire le respect. La taille relative de l’armement marseillais lui a permis une plus grande souplesse dans la manœuvre. Les changements de cap n’ont pas manqué, les coups du sort n’ont plus. Marfret sort de la Méditerranée "devenue une baignoire un peu trop agitée" dans les années 80, prend le large et part se dorer au soleil des Antilles avant de s’embarquer pour le tour du monde dans le milieu des années 90 et revenir, avec le nouveau siècle, au cabotage. La réactivité de la compagnie n’a jamais été prise en défaut. Aux commandes avec son frère Bernard, la stratégie de Raymond Vidil est simple: face aux géants de la mer, jouer les complémentarités, "développer les lignes régionales qui iront se marier avec des lignes principales".

C’est ce qui le conduit à choisir un moment un positionnement original sur la direction Nord/Sud ("moins de concurrence que sur les liaisons Est/Ouest déjà fort encombrées"), à privilégier la desserte des ports moindrement équipés ("où les gros porte-conteneurs ne passent pas"), rechercher de relations à forte dominante culturelle française ou proche (Afrique, pays méditerranéens, Caraïbes) et, enfin se spécialiser dans l’insularité (marchés plus étroits pour la desserte des îles). Enfin, la petite compagnie marseillaise s’est également maintenue à flot grâce à un partenariat systématisé, depuis 1995, avec de gros armements comme Contship, Maersk ou CMA CGM.

Le patron de la PME Marfret se plaît à jouter un autre point: "la relation de confiance qui s’est établie avec les transitaires occupe une place centrale". "C’est là la différence majeure avec les grands groupes maritimes qui étendent leur stratégie de globalisation et d’intégration tandis que Marfret, armateur indépendant, apporte une alternative, une liberté de choix.". Small is beautiful?

PROPOS D’UN ARMATEUR-ÉCRIVAIN QUI SORT DES CHANTIERS BATTUS

Raymond Vidil, écrivain montre la même conviction que Raymond Vidil armateur. Patrick Mouton, un ami journaliste avec qui il a écrit à quatre mains Le Chemin du monde le confesse volontiers: les deux ans de travail n’ont pas été de tout repos. Le résultat a convaincu l’éditeur Actes Sud au nom de qui Jean-Paul Capitani avertit: "Ce n’est pas un pensum, j’ai découvert un métier, une vraie aventure."

Carte d’identité

Le groupe Marfret emploie aujourd’hui 129 personnes dont 25 officiers français, le reste des équipages (100 marins, officiers et matelots) est étranger. Son siége social est à Marseille mais dispose d’agences à Rouen, Dunkerque, Le Havre, Pointe-à-Pitre et Fort-de-France outre des représentations dans 35 pays (en Italie par le biais de sa filiale AEM, et jusqu’en Nouvelle-Zélande). Il réalise un chiffre d’affaires de 135 M€ et “pèse” moins de 100 000 EVP. Exploitées dans le cadre d’accords de partenariat, les 4 lignes (“NASP/EANZ”, “Caraïbes”, “Antilles Nord” et “Amazonie”) assurent environ 80 % du chiffre d’affaires.

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