Il y a quelques années le port de Rouen a été la cible d’une attaque par des cimentiers étrangers pour importer leurs productions sur le marché français. Les groupes français ont résisté pour finalement décourager l’importateur. Actuellement c’est au tour d’un groupe franco-espagnol, gamma Logistics de reprendre le flambeau de cette guerre du ciment importé. Il tente de pénétrer le marché français du ciment (24 Mt) en implantant trois broyeurs de clinker de 500 000 t à Fos, Sète et Dunkerque. Les cimentiers se défendent… Les trois projets supposent un investissement de 20 à 30 M€ chacun. À supposer que les trois broyeurs tournent à plein régime, ils représentent 6 % du marché français actuel, et seront opérationnels au mieux fin 2007. Au mieux, car la résistance cimentière s’organise. Chacun de ces projets est potentiellement une installation classée, et doit donc passer par la case autorisation d’exploiter instruite par la Drire et signée par le préfet. Le projet sétois, porté par la filiale de Gamma Logistics Chane France, a été recalé au motif d’une insuffisance de fonds propres face aux investissements en jeu. Les deux autres projets risquent le même traitement, s’il est fait référence aux seules sociétés porteuses, sans considération des groupes actionnaires.
Six majors (encore) peu contestées
Selon une étude récente du ministère de l’Économie et des Finances, en attendant la concentration et la modernisation des cimentiers chinois (près de la moitié de la production mondiale), six groupes, cinq européens, dont deux français, et un mexicain, dominent la scène mondiale. En France, Lafarge, numéro un mondial, mène la danse devant Italcementi (présent via Ciments Français), Vicat, et le suisse Holcim. Les investissements sont très lourds dans ce métier, et le coût de la logistique terrestre élevé. C’est pourquoi les marchés sont régionaux, en cercles plus ou moins concentriques autour des fours à clinker. Cela favorise une situation de quasi cartel, à base de partage territorial, chaque région étant dominé par l’un des grands ou partagée (cas de la région parisienne) si le marché est très lourd et peu étendu en espace. Le marché français approchera les 24 millions de tonnes cette année. Il augmente, bon an mal an, de 2 à 3 % l’an. De quoi attirer les assaillants, qui s’y sont toujours cassé les dents.