À quelques semaines de la décision attendue du préfet de région Nord-Pas-de-Calais sur la décentralisation des ports de Boulogne et Calais, le président de la Communauté d’agglomération du Boulonnais (CAB) Guy Lengagne n’accepte pas d’être mis à l’écart et l’a fait savoir à la presse la semaine dernière. En cas de désaccord entre les collectivités territoriales désignées, c’est en effet le préfet qui tranche. Il décide entre région et département, en privilégiant l’engagement et la crédibilité des candidatures. Cette disposition de la loi d’août 2004 a provoqué ce que l’on pourrait appeler une "décentralisation du jacobinisme". Le président du Conseil régional Daniel Percheron a présenté son projet en conséquence, le 23 juin 2005: le montage d’un syndicat mixte dans laquelle la Région détiendrait 50 % des parts, le Département 30 %, et la Communauté d’agglomération 20 %. Pour Guy Lengagne, admirateur des grands ports d’Europe du Nord, le port est consubstantiel à la ville et doit procéder politiquement de l’agglomération. "La direction politique du port et la question du financement des projets peuvent parfaitement être séparées", argumente Guy Lengagne. "Par mesure d’apaisement", il a proposé une répartition par tiers entre les trois collectivités. Ce qu’a refusé le président Percheron, soutenu par la Chambre de commerce concessionnaire, dont les relations avec la CAB sont très difficiles. Il ne s’agit pas seulement de politique locale. Le projet de Guy Lengagne pour la réhabilitation de la friche Comilog s’inscrit dans un projet urbain beaucoup plus large que la celui de la CCI, et par certains côtés antagonistes(1). Il demande à être entendu, il ne l’est pas. Dans ces conditions, il ne souscrira pas à un projet "humiliant pour les boulonnais", et prévient de sa volonté de se retirer si le montage proposé par la Région est retenu.
(1) Dans la lettre d’information de la CAB, Guy Lengagne rappelle en substance que le projet BGV n’est à ce jour qu’une vue d’artiste…