On n’a pas tous les jours 100 ans et le 92e congrès des pilotes maritimes français n’a pas eu le retentissement du précédent. En effet, pour le 100e anniversaire de la naissance de la Fédération en 2005, François Goulard, alors secrétaire d’État aux Transports, consacra une heure à répondre aux questions des pilotes de "terrain" (JMM du 15-4-2005, p. 4).
Le congrès de 2006, sous la houlette de son nouveau président élu Jacques Sauban, fut donc plus "traditionnel" d’autant que l’objet de l’ire durable des pilotes avait disparu avec le retrait du second projet de directive portuaire.
Furent donc abordées l’incontournable sécurité maritime et la formation continue du pilote.
Sur ce dernier point, on s’achemine vers la création d’un 2e simulateur de manœuvres portuaires destiné à une douzaine de stations de pilotage de la façade Atlantique/mer du Nord; DOM TOM compris. L’année dernière, la Fédération française des pilotes maritimes (FFPM) avait été mandatée pour mener une réflexion nationale sur les besoins de formation des stations et les moyens de les satisfaire; sachant qu’à l’exemple du simulateur havrais, cette installation coûte, bâtiment compris, près d’un million d’€.
En raison de spécificités, les quelques stations méditerranéennes feront l’objet de plus amples réflexions.
La résolution de l’OMI A 960 (de fin 2003) sur la formation initiale et continue des pilotes produit toujours ses effets: la Fédération "accompagne" diverses actions pour développer la formation et l’entretien des connaissances. Elle a également mis en œuvre le suivi de stages de gestion des ressources humaines à la passerelle (Bridge Resource Management for Pilots). Il s’agit de sensibiliser les pilotes à la surveillance des erreurs humaines.
Toujours dans la formation, la Fédération a participé à l’élaboration de normes européennes de compétence pour les pilotes. Le programme "Education Training and Certification Standard" doit participer au maintien d’un niveau élevé de compétences chez les pilotes portuaires européens en particulier dans les pays qui ont des difficultés à recruter, expliquait Jacques Sauban, nouveau président de la FFPM. L’Allemagne et les Pays-Bas dans une moindre mesure, ont du mal à recruter des pilotes. La tentation pourrait être grande d’être alors plus "souple" sur les conditions de sélection; sur les temps de navigation, par exemple. Il n’est pas certain cependant, que du Nord au Sud de l’Europe, les règles de sélection soient bien homogènes. Mais ce point est "sensible".
DEVOIR DE SIGNALEMENT ET PILOTAGE HAUTURIER
Dernière étape du renforcement de la sécurité maritime, le paquet Erika III prévoit entre autres de renforcer des mesures de signalement des navires "incertains". Or depuis la directive 95/21, l’obligation de signalement pèse sur tous les pilotes portuaires de l’UE.
En France, le pilotage a ouvert sa base de données des navires non-conformes à l’administration centrale. Les centres de sécurité des navires peuvent y avoir accès indirectement. Mais cette base de données ne répond que partiellement aux besoins d’informations des inspecteurs de la sécurité des navires, nous a confié un responsable de la direction des Affaires maritimes.
L’obligation de signalement qui pourrait également peser sur le pilotage hauturier pose toujours des états d’âme car ce pilotage est totalement facultatif, rappelle Jacques Sauban. L’armateur qui décide d’y avoir recours, pourrait mal comprendre qu’il prend en plus le risque de voir un de ses navires être signalé comme présentant un risque ou ayant connu une avarie; d’autant qu’une compagnie qui accepte de payer un pilote hauturier peut être, a priori, considérée comme sérieuse. Ce point de vue semble accepté par l’administration.
Les chiffres du pilotage en 2005
Avec environ 99 000 opérations de pilotage, l’activité a baissé de 2,9 % du fait notamment des grèves portuaires. Mais le volume moyen piloté a augmenté de 2,8 %, atteignant les 35 306 m3. Avec une hausse des tarifs, pour compenser l’inflation, le chiffre d’affaires du pilotage portuaire a été de 74,8 M€ (+ 2 %).
À la fin 2005, il y avait 32 stations de pilotage en France, outre-mer et hauturier compris, armées par 344 pilotes et 413 navigants et sédentaires. La métropole en comptait 23 exploitées par 307 pilotes; les DOM, 6 pour 9 pilotes; les TOM, 2 pour 14 pilotes.
Depuis au moins trois ans, le nombre de pilotes s’érode: 351 en 2003; 344 aujourd’hui. Il devrait se stabiliser entre les deux, estime le président Sauban.
Couvrant le “range” Cherbourg/Göteborg, le pilotage hauturier français, activité libre et facultative, compte quatre pilotes “permanents” et une dizaine de “licenciés”.
Le nouveau secrétaire général de la Fédération est Georges Strullu, de la station de l’Adour (Bayonne).