La flotte sous pavillon français des navires de charge affectés au long cours et au cabotage a progressé de trois unités en un an avec 212 navires (de plus de 100 JB) au 1er janvier 2006, représentant plus de 5 millions d’unités de jauge (+ 3,7 %) et plus de 6,7 Mtpl (+ 1,6 %), souligne le "Bureau de l’observation économique et des statistiques des transports maritimes et fluviaux et des ports" (1). Quatre-vingt douze navires étaient immatriculés aux Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), 71 en métropole et 49 en outre-mer dont 34 en Polynésie.Quarante-neuf transactions, soit 23 % des navires, ont été enregistrées en 2005: 26 entrées et 23 sorties.
Après un premier semestre 2005 dont les résultats affichaient une dégradation par rapport à la situation au 1er janvier, les 18 mouvements d’entrée et de sortie de navires intervenus durant le second semestre ont permis de retrouver au 1er janvier 2006 des résultats un peu supérieurs à ceux du 1er janvier 2005.
PAR CATÉGORIE DE NAVIRES
Pétroliers
Sur les 54 pétroliers, représentant plus de 4,7 Mtpl, 46 sont à double coque. La capacité d’emport a été stabilisée au cours du second semestre 2005
Chez Fouquet Sacop, aux sorties définitives en juillet et août 2005 des transporteurs de produits FS-Vanessa et FS-Kazet (navire à simple coque de 16 ans qui a été immatriculé à St-Vincent et Grenadines), s’est ajoutée la vente à l’étranger du FS-Victoria, suivie d’une francisation provisoire de ce navire sur la base d’un affrètement coque nue d’un an.
Maritima compte désormais sept navires sous pavillon français avec l’arrivée de deux pétroliers avitailleurs double coque, le Cap-Camargue, au cours du premier semestre 2005, et le Cap-Sicié, en novembre.
Socatra, qui a vendu à la démolition, en août 2005, le Tatihou, âgé de 41 ans (!), conserve les transporteurs de brut et de produits raffinés Front-Comanche (rotations entre le Nigeria et les États-Unis), Kerfons (Guyane française) et Nizon (dessertes Papeete/Singapour).
Autres navires de charge non pétroliers:
La flotte non pétrolière a gagné huit navires en un an ce qui a eu pour effet d’accroître son volume de 23,6 % et sa capacité d’emport de 27,4 % au cours des six derniers mois. Le secteur "vraquier" a doublé sa capacité de transport et celle des porte-conteneurs intégraux a gagné plus de 20 % de capacité depuis juillet 2005.
Les principaux mouvements dans cette catégorie sont représentés par l’entrée en flotte en novembre 2005, du Pierre-LD, vraquier "Capesize" à double coque, construit aux chantiers coréens Daewoo et des CMA-CGM-Otello et – Tosca, porte-conteneurs de 8 500 EVP livrés Hyundai Heavy Industries (HHI). À eux trois, ils représentent 0,37 Mtpl.
S’y ajoute l’entrée dans la flotte de Broström Tankers, en novembre 2005, du Bro-Eliott, chimiquier construit en Chine par les chantiers Jinling de Nanjin.
La Compagnie maritime nantaise, propriétaire de cinq rouliers/porte-conteneurs et rouliers non spécialisés, a vendu l’Ariana en juillet 2005. Âgé de 18 ans, ce roulier, passé sous pavillon des Bahamas, constitue la seule sortie du semestre pour la flotte non pétrolière.
Navires à passagers:
La flotte des navires à passagers compte 60 navires dont 35 transbordeurs représentant un cumul de plus de 0,68 million d’unités de jauge soit 88,7 % de la jauge totale.
Les chiffres de cette catégorie ont peu varié au cours du second semestre 2005, gagnant simplement 1 % en volume.
La flotte des transbordeurs gagne une unité avec la livraison en décembre 2005 de deux catamarans rapides construits en Australie pour la Compagnie Express des Îles, qui assurent la desserte des Antilles, le Gold-Express et le Silver-Express, et la sortie en décembre dernier du Maria-Galanta, âgé de 15 ans. Il est passé sous pavillon mauricien. La même compagnie a également vendu en juillet et décembre 2005 trois catamarans: les Opale-, Rubis- et Turquoise-Express.
ÂGE MOYEN DE 7,6 ANS
Au 1er janvier 2006, l’âge moyen de la flotte de charge sous pavillon français s’établit à 7,6 ans, ce qui la classe parmi les flottes les plus récentes, avant la flotte européenne et devant la flotte mondiale.
La quasi totalité des entrées au cours du dernier semestre ont concerné des navires neufs, et quatre des neuf sorties du semestre ont porté sur des navires âgés dont le Tatihou de 41 ans, l’Ariana de 18 ans, le catamaran Maria-Galanta (15 ans) et le FS-Kazet (16 ans). Ces mouvements ont contribué à la poursuite du rajeunissement de la flotte.
Engagé depuis quatre ans, le renouvellement de la flotte non pétrolière s’est poursuivi. Cette catégorie de navires n’accuse aujourd’hui que 5,2 ans d’âge moyen. L’âge moyen des navires à passagers s’établit, lui, à 11 ans et celui de la flotte pétrolière se maintient à huit ans.
Pondéré par classe d’âge selon les critères de calcul de la flotte mondiale (navires de plus de 300 unités de J B – estimation au 1er janvier 2005 – source UNCTAD sur la base du Lloyd’s Register-Fairplay), seulement 17,9 % des navires de la flotte française ont plus de 25 ans, contre 27,3 % pour la flotte mondiale, et 34,9 % des navires de la flotte française ont moins de cinq ans contre seulement 23 % des navires pour la flotte mondiale.
QUELQUES LIVRAISONS DE 2006 ET D’AU DELÀ
Pétroliers:
Fouquet-Sacop mettra en service au début 2006, le FS-Charlotte, bitumier-soufrier arrivé en fin de construction au chantier Turkter Yardimci à Istanbul, qui reprendra le contrat du Béarn pour transporter du soufre entre Bayonne et l’Afrique du Nord; et le FS-Camille affecté à l’avitaillement pétrolier dans la zone de Marseille-Lavera. À ces entrées, s’ajouterait celle prévue fin 2006 du transporteur de produits FS-Sara qui naviguerait aux Antilles. Le Camille et le Sara remplaceraient le Louise sorti de flotte en mai 2005, et le Provence qui sortirait de flotte en fin d’affrètement en décembre 2006.
Pétromarine réceptionnerait, au début 2006, le Guyenne, pétrolier-chimiquier neuf de 11 000 tpl dont la construction s’achève aux chantiers Barreras en Espagne. Il remplacerait le Cap-Ferret sorti le 1er décembre 2004. Immatriculé RIF, ce dernier navigue en Méditerranée.
Le Gaz-de-France-Energy, méthanier de 35 000 t, construit par les Chantiers de l’Atlantique pour Gazocéan, "pourrait" être mis en exploitation en fin 2006 et également immatriculé au RIF.
Gazocéan confirme par ailleurs l’information selon laquelle un second méthanier, le Provalys, le plus gros au monde par sa capacité (153 500 m3) et par sa longueur (300 m), entrerait en flotte à l’automne 2006. Également construit par Alstom Marine, ce navire serait immatriculé au RIF. Un troisième méthanier suit le Gaselys, copropriété de Gaz de France et la NYK. Ces navires travailleraient en Égypte et en Norvège où il est projeté d’édifier un terminal de liquéfaction de gaz naturel, à Idku.
Un jumeau du transporteur de gaz de pétrole liquéfié Jeanne-Marie (78 000 m3) est en construction pour Géogaz Trading au chantier Daewoo. Ce navire devrait sortir du chantier en mai 2006.
Après les mises en service du Cap-Camargue et du Cap-Sicié en 2005, Maritima a commandé au chantier roumain Aker Braila SA un autre avitailleur de même capacité (3 500 m3), le Cap-d’Aiguades livrable en 2006 et destiné à la Méditerranée. Enfin, une option aurait été prise pour deux autres navires attendus pour fin 2006 et début 2007.
La Société calédonienne de transports pétroliers (Nouméa) a abandonné le projet d’exploiter au début 2006 un nouveau pétrolier, le Capitaine-Lapérouse de 680 unités de jauge, en remplacement du Konemu échoué en avril 2005.
Autres navires de charge non pétroliers:
Après l’arrivée en fin 2005 des CMA CGM-Otello et -Tosca, CMA CGM doit prendre livraison entre février et octobre 2006 de cinq nouvelles unités immatriculées sous pavillon français. Construits par HHI, ces navires auraient une capacité de 9 200 EVP, pour 100 000 tpl et une jauge brute de 90 000 unités et une jauge nette de 54 000 unités.
Après la livraison de Jean-LD et du Pierre-LD en 2005, Louis Dreyfus Armateurs attend pour 2007 ou 2008, celle de deux rouliers qui viendraient en complément du Ville-de-Bordeaux pour le transport des pièces d’Airbus A 380.
Après la réception à l’été 2007 du probable Marfret-Guyane de 1 700 EVP (info JMM) en construction chez HHI, Marfret envisagerait, selon le Bureau d’observation, l’achat neuf ou d’occasion récente d’un 2 500 EVP.
Enfin, la Compagnie d’Orbigny Ship Management (groupe Viking) étudierait la possibilité d’immatriculer au RIF le porte-colis lourd Cheyenne actuellement sous pavillon des Bahamas. Il deviendrait la propriété de la Société de Transport de Projets Industriels (STPI) qui l’exploiterait.
Navires à passagers:
Après la vente en janvier 2005 son plus ancien navire, le Duc-de-Normandie (27 ans), remplacé depuis décembre 2002 par le Mont-St-Michel, Britanny Ferries s’est séparé du Val-de-Loire durant le premier trimestre 2006. Il a été remplacé sur la ligne Roscoff/Plymouth par un affrété, le Pont-L’Abbé (ex Duke-of-Scandinavia).
Après la mise en service du Côte-d’Albâtre, au début 2006 sur la liaison Dieppe/Newhaven, le Conseil général de la Seine-Maritime, représenté par le Syndicat mixte pour la promotion de l’activité transmanche, attend la mise en service à l’automne prochain, du Seven-Sisters dont la construction a débuté en 2004 aux chantiers Barreras de Vigo. Il remplacera le Dieppe.
Majoritaire dans la Compagnie des Îles du Ponant, CMA CGM envisagerait une modernisation du Diamant, du Levant et du Ponant exploités par cette compagnie.
La Compagnie Transport maritime côtier envisage toujours l’achat, d’un navire d’occasion d’environ 1 000 unités de jauge, armé au cabotage international, pour naviguer le long des côtes africaines.
Enfin, les services des Affaires maritimes de Polynésie annoncent la mise en service prochaine du Cobia-3 et du Tahiti-Nui-8 en construction en Chine, ainsi que le remplacement des Kura-Ora-2 et -3 qui interviendraient en 2006 ou 2007. Par contre, le projet de commande du Moorea-Express-2 par la Société de développement de Moorea semble pour l’instant différé.
1) Dépendant de la direction des Transports maritimes, routiers et fluviaux, ce bureau d’observation a diffusé début mai, ses observations semestrielles. 2006 devrait marquer le retour à une meilleure régularité.