C’est un nouvel épisode dans le dossier du remorquage au Havre. Après deux jours de grève la semaine dernière, les Abeilles ont finalement suspendu leur mouvement le 5 mai dernier. Pour dénouer la situation, Patrice Raulin, le directeur général des transports, a désigné l’avocat spécialiste du droit social, Gilles Bélier, comme expert, pour se prononcer sur l’affaire. L’avocat qui se rend au Havre devra remettre un rapport au ministre des Transports et de la Mer Dominique Perben.
Une semaine auparavant, les dirigeants du port autonome avaient reçu une délégation composée de responsables de la CGT des marins du Havre, du syndicat des officiers de la marine marchande Ugict CGT et du syndicat national des cadres navigant CGC. Le PAH avait alors rassuré les partenaires sociaux qui s’inquiétaient de la position du port, mais aussi des Affaires maritimes face à la Société nouvelle de remorquage du Havre (SNRH). Cette société, qui avait reçu l’agrément du PAH l’été dernier, ne peut toujours pas travailler faute d’autorisation des Affaires maritimes. La SNRH avait récemment revu sa copie concernant l’organisation du travail et le respect des trente-cinq heures. Les Affaires maritimes en avaient pris note. Mais les syndicats estiment que la société, avec ses effectifs, n’est toujours pas en mesure d’assurer un service continu comme le font les Abeilles. "Il s’agit d’une question de sécurité. Un service continu, c’est armer des remorqueurs 24 heures sur 24, sept jours sur sept et 365 jours par an avec un équipage à bord prêt à appareiller. C’est une nécessité pour le port du Havre. Les Abeilles travaillent de cette manière. Il y a plusieurs jours, les Abeilles ont porté assistance en un quart d’heure à un vraquier dont les haussières s’étaient cassées dans le port", explique Lionel Gournay, responsable CGT. Le député havrais Daniel Paul, membre du groupe communistes et républicains, continue dans la même voie en s’adressant par lettre au ministre des transports et de la mer. Il alerte les autorités publiques sur ce sujet, et demande de la fermeté sur cette question. "Il ne peut s’agir d’un simple service commercial livré à la concurrence qui verrait l’opérateur proposant le meilleur prix l’emporter", continue le député havrais. Refusant que la concurrence l’emporte sur la sécurité, il souligne qu’au Havre, "où malgré les insuffisances de la SNRH en nombre de personnels et en disponibilité, maintes fois démontrées par les organisations syndicales, la menace est toujours présente et n’est contenue que par leur vigilance (celle des syndicats. N.D.L.R.)." Les syndicats veulent ainsi une égalité de traitement entre la SNRH, qui selon eux ne travaillerait que 14 heures sur 24, et les Abeilles qui assurent un service continu. Reste au médiateur de se prononcer sur le dossier. En attendant, la grève nationale du remorquage qui était prévue le 10 mai a été annulée.