Et si l’on redécouvrait le charbon? Les responsables du Havre-Développement, le comité d’expansion qui réunit dans un même tour de table la ville, le Port autonome du Havre (PAH) et la CCI, travaillent actuellement sur des projets – encore confidentiels – destinés à rendre au charbon ses lettres de noblesse.
"C’est une matière première qui offre de nombreuses possibilités énergétiques", souligne Gérard Mercher, le directeur général du Havre-Développement. L’un des défis sur lequel planchent actuellement des spécialistes des laboratoires de recherches consisterait à récupérer une partie de l’énergie dégagée lors de la combustion du charbon pour en faire… des carburants. À l’heure où le baril de pétrole brut atteint des sommets, toutes les voies semblent bonnes à explorer. "Des industriels sont intéressés", explique simplement Gérard Mercher, sans en dire davantage pour le moment mais en assurant, cependant, que la place du Havre, est bien positionnée pour accueillir de telles innovations technologiques.
FLUCTUATIONS CLIMATIQUES
Si le projet voit le jour, c’est l’ensemble de la filière professionnelle et portuaire qui devrait en bénéficier. Ce qui pourrait d’ailleurs constituer une voie intéressante offrant des garanties d’activités. Car, pour l’heure, le trafic de charbon est fluctuant d’une année à l’autre. Ainsi, en 2004, près de 2,2 Mt de charbon ont transité par le PAH, au centre multivrac et au centre minéralier qui dessert la centrale thermique EDF dont les trois chaudières en service sont alimentées avec ce combustible; la quatrième chaudière, au fuel, ne fonctionne plus depuis des années. L’an dernier, ce sont 2,882 Mt de charbon qui étaient passées sur les quais, soit une progression de 31,2 % entre 2004 et 2005. L’importation représente près de 90 % de cette activité. Le charbon provient principalement d’Afrique du Sud et de Pologne, pays dans lequel EDF s’approvisionne en priorité.
Si 2005 fut un cru exceptionnel pour l’activité charbon, le début 2006 semble en revanche moins prometteur. L’an passé, à fin mars, 762 921 t avaient transité par Le Havre, dont 94 % en importation. Avec 667 000 t à la fin du premier trimestre de cette année, le résultat est en repli de 12,6 %. Sur le seul mois de mars, le trafic de charbon est passé de 312 723 t en 2005 à 272 000 t cette année (− 13 %). Il était de 174 000 t en février, en recul de 10 % par rapport à février 2005, stable par rapport à février 2004, mais en très nette progression par rapport à février 2003 où seulement 116 181 t de charbon avaient transité par Le Havre.
En fait, l’activité charbon est très sensible… à la météo! Si, au global, le résultat est en recul pour le début de cette année, le centre minéralier, lui, semble en pleine forme. L’hiver, long et rigoureux, a conduit EDF à beaucoup solliciter la centrale thermique voisine de ces quais d’approvisionnement. Ainsi, la centrale a enregistré, pour les seuls mois de février et mars, une consommation moyenne de 10 000 t de charbon chaque jour, soir l’équivalent d’une cargaison d’un navire de type Panamax par semaine! Cette situation a duré plusieurs semaines consécutives et a nécessité un déstockage des parcs et un réapprovisionnement important par navire. Pendant quinze jours en mars, trois navires se sont succédé sans discontinuité au Terminal MC6 pour un déchargement total de 270 000 t de charbon, dont près de 83 % en provenance de Pologne, le solde arrivant d’Afrique du sud.
CENTRALE À L’ARRÊT
Quelles sont les perspectives pour la fin de l’année 2006? La centrale EDF est en partie arrêtée pour cause de maintenance et d’installation de nouveaux équipements destinés à protéger l’environnement. Tour à tour, les trois unités de production seront stoppées. La centrale devrait retrouver sa pleine capacité à l’automne prochain et, d’ici là, ses parcs de stockage ne bougeront pas. Reste donc au centre multivrac à prendre le relais pour assurer un résultat quasi équivalent à celui de l’an passé. En attendant la concrétisation de nouveaux projets industriels.
