L’État met un coup d’arrêt à la vente du dock flottant

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Le dock flottant du port du Havre constituera-t-il la première pierre dans la construction d’une nouvelle filière industrialo-maritime française? Alors qu’un appel d’offres européen avait été lancé en décembre dernier par le PAH (port autonome du Havre) pour céder cet outil portuaire, le ministère des Transports vient de demander à la direction du port de suspendre la vente. "Il nous a été demandé d’arrêter la vente pour voir si ce dock pourrait servir en France au désamiantage ou à la déconstruction de navires", explique Jean-Marc Lacave, le directeur général du port autonome.

UN SAVOIR-FAIRE LOCAL

Selon Jean-Louis Jegaden, membre du conseil d’administration du port via sa casquette de conseiller général du Havre et ancien leader syndical des chantiers navals ACH, l’arrêt de la procédure de la vente du dock, qui risquait fort de se solder par un départ vers l’étranger, est une bonne nouvelle. "Si l’on crée une filière spécialisée dont la France a besoin, souligne-t-il, ce sont plusieurs centaines d’emplois qui peuvent voir le jour au Havre où il y a un vrai savoir-faire. S’il voit le jour, il faudra confiner le dock pour désamianter les navires mais cela ne devrait pas poser de problèmes."

En fait, la décision du ministère des Transports de suspendre la vente du dock intervient en pleine tempête avec l’affaire rocambolesque du Clemenceau. L’ancien porte-avions de la Marine nationale fait route actuellement vers Brest, où il devrait arriver dans un peu plus d’un mois. Mais où et comment sera-t-il dépollué et démonté? Cet épisode de la fin de vie d’un bâtiment a mis en lumière la nécessité pour la France de se doter d’une filière spécialisée. La place havraise semble ainsi bien placée, pour accueillir ces activités nouvelles, ce qu’avait d’ailleurs signalé au Gouvernement le député local, Daniel Paul, au travers de deux courriers adressés au Premier ministre, Dominique de Villepin, et au ministre des Transports, Dominique Perben. Que ce soit le dock ou la "Forme 7" – qui devrait échapper à un comblement – "ces deux installations sont dans des espaces facilement adaptables aux activités envisagées, à l’écart des zones urbaines", écrit l’élu havrais.

CONSTRUIT À SAINT-NAZAIRE

Depuis des mois, le dock flottant est vide. L’an passé, la liquidation judiciaire de la Soreni, la dernière société de réparation navale du Havre, a signé la fin – provisoire désormais? – de l’utilisation de cet équipement, dont le principe avait été arrêté en 1980 par Raymond Barre, alors Premier ministre. Construit à Saint-Nazaire, le dock avait été inauguré l’année suivante par son successeur à Matignon, Pierre Mauroy. Avec une capacité d’accueil de navires de 200 000 tpl, le dock havrais était, lors de sa mise en service, l’un des plus grands équipements du genre dans le monde. La décision du ministère des Transports de le sauvegarder et d’en faire, peut-être, une base de désamiantage et de déconstruction de navires intervient quelques semaines simplement après la décision du même ministère de donner son feu vert à l’achat de deux portiques publics pour le port, avec une option pour un troisième.

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