L’ambitieux projet européen Naiades

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La Commission européenne prévoit d’investir quatre milliards d’euros en huit ans dans le transport fluvial.

Ce projet, dénommé "Naiades", a été discuté au cours de la récente conférence de Vienne sur la navigation intérieure.

Lors d’une conférence de presse, le directeur européen pour les transports maritimes et fluviaux Fotis Karamitsos a expliqué que "les voies d’eau européennes constituent une vaste ressource qui reste à découvrir et que nous sous-utilisons trop". Seulement 6 % des échanges européens transitent par les 22 000 milles de voies navigables, contre 12 % rien que pour le Mississipi aux Etats-Unis. M. Karamitsos a souligné la nécessité d’infrastructures de transport accessibles 24 h sur 24 le long des voies d’eau et de simplifier les formalités administratives.

L’Autriche, qui présidait la conférence, a soumis un plan ambitieux pour améliorer la navigation sur le Danube, notamment entre Vienne et Bratislava. Le trafic annuel fluvial en Autriche devrait passer de 12,5 Mt à 25 Mt dans les dix ans, a indiqué le ministre autrichien des Transports, de l’Innovation et de la Technologie Hubert Gorbach qui a prévu un budget de 203 M€ à cet effet et dont l’Union européenne devrait prendre en charge 15 %.

De son côté, le directeur général allemand pour les Transports et l’Énergie Mathias Ruete a rappelé les faibles émissions de CO2 des navires fluviaux par rapport à celles des camions.

La Commission européenne voit grand. Son projet Naiades met aussi l’accent sur l’amélioration des conditions commerciales, le développement de la flotte, la modernisation des bassins, l’innovation, la formation et la promotion. Enfin, elle veut organiser une discussion sur le système réglementaire avec davantage de coopération.

Elle pourrait devenir membre des commissions du Rhin et du Danube ou d’une nouvelle organisation paneuropéenne de transport fluvial.

Elle pourrait aussi harmoniser la législation européenne avec les lois applicables à la navigation sur le Rhin, en prenant en compte les souhaits des pays non-européens. Le professeur émérite et expert Jan Simons l’interprète comme l’abandon de la remise en cause de l’Acte de Mannheim, envisagée auparavant par la Commission.

RÉACTIONS NÉERLANDAISES

Le projet Naiades a été particulièrement bien accueilli par les délégués néerlandais. "Le transport fluvial finit par s’intégrer dans la politique européenne après des années d’indifférence", a déclaré Tom Roos, directeur général du Bureau central pour le Rhin et la navigation intérieure (CERB). Toutefois, il note qu’il ne s’agit encore que d’un projet et que son financement devra être essentiellement à la charge des États membres. En outre, il n’apprécie guère l’idée de la Commission de faire payer des droits d’infrastructures aux bateliers, mais admet que c’est dans l’ordre logique des choses.

Pour M. Roos, l’harmonisation de la réglementation du transport fluvial avec la législation européenne sera difficile en raison des exceptions ou des différentes interprétations possibles des États membres ou associés. "Nous ne ferons aucun compromis sur la réglementation uniforme que nous avons avec l’Acte de Mannheim, dit-il, cela nous donne un avantage substantiel sur le rail et la route". Cela semble impliquer que les Néerlandais préfèrent une organisation paneuropéenne ou une commission sur le Rhin avec une représentation de l’Union européenne, à condition d’y inclure les avantages de l’Acte de Mannheim et la plus grande partie de la réglementation élaborée par la Commission sur le Rhin.

NÉCESSAIRE ÉVOLUTION TECHNIQUE

La variation du niveau des eaux et les considérations environnementales nécessitent d’améliorer la sécurité et l’efficacité des navires, a-t-on entendu au cours de cette conférence.

Selon Gunther Jaeger de Reederei Jaeger et président de la commission des navires-citernes à l’European Barging Union, les armements doivent aussi prendre en compte la baisse rapide du niveau des eaux et concevoir de nouveaux navires avec moins de tirant d’eau, mais avec la même capacité d’emport sans pour autant perdre leur stabilité. Son armement a déjà commandé un navire-citerne dont la coque est constituée de panneaux "sandwich" légers, mis au point en partenariat avec les sociétés Intelligent Engineering et BSF Corp. Cette technique consiste en une couche d’élastomère de polyuréthane entre deux minces tôles d’acier.

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