Les bons comptes de Brittany Ferries dans un contexte difficile

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Le chiffre d’affaires consolidé du groupe s’est élevé à 364,4 M€, en hausse de 5,1 % par rapport à l’exercice précédent. "Avec une activité passagers en progression de 9,3 %, nous avons dégagé un résultat net consolidé de 17,6 M€, en baisse de près de 2 M€ par rapport à 2004" a expliqué le p.-d.g. de la BAI, Alexis Gourvennec, accompagné du directeur général Jean-Michel Giguet et de la directrice financière Martine Jourdren. Le trio s’est appliqué à commenter avec force détails ces résultats qui se résument ainsi: dans un contexte très difficile, la Brittany Ferries tire son épingle du jeu.

Sur les 7 lignes que desservent les 8 navires de la flotte dans l’Ouest européen, l’armement a en effet enregistré 2 765 003 passagers, soit une hausse de 9,3 %. Dans le même temps, elle a transporté 803 079 véhicules de tourisme, soit 6,4 % de mieux et 224 878 camions, soit un bond de 10,1 %. "Dans un marché transmanche en diminution de 3,2 % en passagers, de 3,3 %, en véhicules de tourisme et en progression de 3,8 % en véhicules industriels, nous avons donc consolidé nos parts de marché", a fait valoir Alexis Gourvennec. Pas mal dans un marché qui, avec la fin du duty free, a perdu 35 % de passagers en dix ans. Des passagers qui, en 2005, ont contribué à 56 % du chiffre d’affaires (204,1 M€) en transport et prestations touristiques et à 22 % (78,4 M€) en achats à bord des navires.

Tout n’a pourtant pas les couleurs de l’optimisme béat. "Les succès futurs reposent principalement sur la popularité de nos destinations" confiait Alexis Gourvennec. "Selon les estimations de l’International Passengers Survey, la France, seconde destination touristique préférée des Britanniques après l’Espagne, souffre de la concurrence de pays émergents. Nous devons donc, avec les autorités compétentes, entamer une réflexion pour dynamiser les séjours dans le Grand Ouest français et peut-être nous engager dans un vaste programme d’amélioration du réceptif."

FORTE HAUSSE DU FRET

En revanche, le fret se porte de mieux en mieux. "Nous avons enregistré 31 % de hausse en trois ans", indiquait Jean-Michel Giguet en soulignant que 85 % de ce fret s’opérait sur les lignes normandes. Mais la part fret est encore loin de concurrencer la part passagers: 21 % du chiffre d’affaires avec 77,2 M€ en 2005. Une tendance émerge depuis peu. La proportion du fret dans le chiffre d’affaires tend à progresser, sur les navires récents à fortes capacités de roulage (Mt-Saint-Michel, Pont-Aven…). Surfant sur cette vague, l’armement breton a d’ailleurs commencé à réajuster sa flotte dans cette optique. Le Val-de-Loire, avec sa forte capacité passagers, a ainsi été vendu. Il sera remplacé par deux unités, commandées aux chantiers finlandais Aker. La première, baptisée provisoirement Bretagne-2, est un ferry d’une capacité de 1 500 passagers, 470 voitures ou 65 camions et la deuxième, le Cotentin, un roulier pur. De plus, une discrète étude planche sur un Mt-Saint-Michel-2.

Révélateur, la BAI a passé commande de ces deux navires sans attendre les aides à l’investissement, du type GIE fiscal, qui font actuellement l’objet d’une enquête de la part de la Commission européenne. À noter que, dans ce bilan 2005, l’impact de la Livre Sterling a été positif de 2,1 M€ alors que celui de la hausse des prix des soutes a été négatif de 6 M€.

“Nous vivons Bolkestein au quotidien!”

Fidèle à ses hab itudes, Alexis Gourvennec a retrouvé les airs de tribun qu’on lui connaît. Il a d’abord tenu à remercier le ministre des Transports Dominique Perben pour la promesse récente faite du remboursement des charges non Enim. “Avant, elles étaient à géométrie variable: 30 % en 2004 par exemple”. Mais cela n’est pas jugé suffisant. “Si le pavillon français n’évolue pas, on assistera à la fin des ferries français, pronostique le p.-d.g. de la BAI, concurrencés par des ferries sous pavillons européens (danois et italien notamment) bénéficiant de charges jusqu’à 50 % inférieures aux nôtres. Nous, Bolkestein, c’est au quotidien que le vivons et le subissons! Il y a donc urgence à créer une Europe sociale.

Mais il a également tenu à fustiger les armements qui “employant 2 ou 3 marins français sous pavillon Rif, ont le culot de demander des subventions.” Pas question en tout cas pour Brittany Ferries (plus de 2 000 navigants en haute saison, soit 1/5e de la flotte française) de rejoindre Armateurs de France dans l’état…

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