Avec le projet de Bathside Bay, Hutchison Ports (propriétaire de Harwich) l’emporte sur le groupe portuaire Associated British Ports (ABP) et les écologistes.
Ce projet d’un coût supérieur à £ 300 millions nécessite d’assécher 69 ha de marais. Le Gouvernement a en effet autorisé la transformation de Bathside Bay en port en eau profonde d’une capacité annuelle de 1,7 MEVP. (JMM 31-3-2006, p. 4). Il avait pourtant refusé auparavant un projet similaire à Dibden Bay (Southampton), présenté par ABP pour préserver la réserve naturelle de New Forest, célèbre pour sa faune depuis Guillaume le Conquérant. Les opposants au projet de Bathside Bay et à l’industrialisation de la région habitent la vieille ville de Harwich, à proximité de la baie. Les férus d’ornithologie avançaient comme motif la disparition des hauts-fonds où s’alimentent la faune aquatique et les échassiers. Toutefois, le projet de développement de Bathside Bay prévoit la création de deux réserves naturelles pour compenser l’assèchement des marais: un "habitat compensatoire" de 138 ha à Hamford Water (à 2 km de Bathside Bay) et un nouveau marais le long de la route A120. Il y aura aussi un petit port de plaisance et un espace d’agrément pour les résidents et pour attirer les touristes. Quant à la A120 qui dessert Harwich, "Nous devons l’avoir remise en état avant d’être autorisés à commencer la première tranche des travaux du projet de Bathside Bay, a déclaré le directeur général de Hutchison Ports (UK) Chris Lewis, ce ne sera pas possible avant 2009 au plus tôt". Une première étude doit être terminée mi-2006 et le public devrait être consulté.
Le premier projet d’assèchement de Bathside Bay, présenté par une compagnie ferroviaire, remonte à 1846. Il n’a pas abouti faute de financement, mais a été régulièrement mis à jour pendant plus de cent ans. En 1984, des installations pour conteneurs ont été édifiées sur la baie dans le prolongement de Parkeston Quay, devenu le port international de Harwich.
HARWICH PLUS PORTEUR QUE SOUTAHMPTON
Certains observateurs s’étonnent de la préférence de l’État pour Harwich au détriment de Southampton, alors que les arguments contre le développement de ces deux zones sensibles pesaient à peu près autant. Les deux baies avaient été retenues depuis des années comme zones d’extension portuaires.
En fait, Hutchison a un impact politique plus grand du fait de ses installations à Felixstowe, qui dominent le bassin de Harwich et constituent de loin le plus grand port à conteneurs du pays. Contrairement à Southampton et ABP en général, Felixstowe n’a jamais appartenu à l’État ou à des collectivités locales. Sa caractéristique d’entreprise privée est très bien vue politiquement dans le cadre de la politique des transports préconisée par le New Labour. Pourtant, le vice-Premier ministre John Prescott, ancien steward chez P & O, avait soutenu sans succès le projet de nationalisation du port de Felixstowe à l’époque du British Transport Docks, prédécesseur d’ABP. De son côté, le ministre des Transports Derek Twigg s’est déclaré satisfait que le projet soit autorisé à démarrer, après examen attentif de tous les aspects en suspens.
D’autre part, l’ensemble Felixstowe/Harwich sera la seule zone d’éclatement maritime britannique capable de réaliser suffisamment de trafics pour alimenter les services quotidiens de collecte avec les principaux ports continentaux ouest-européens.
ABP: offre formelle de rachat… refusée
Le groupe Asssociated British Ports (ABP) a refusé l’offre formelle de rachat proposée par un consortium étranger, composé de Borealis Investment Management (Canada), GIC Special Investments (Singapour) et Goldman Sachs International (États-Unis).
L’examen préliminaire a donc débouché sur une offre formelle (JMM 31-3-2006, p. 4). Celle-ci se monte à £ 2,2 milliards (3,2 milliards d’euros), soit 730 pence (10,70 €) par action et donc moins qu’anticipé. ABP l’a qualifiée de “totalement inadéquate”. Selon les analystes financiers, une offre susceptible de l’emporter aurait dû dépasser £ 8 (11,70 €) par action. A l’heure où nous mettions sous presse, le consortium n’avait pas encore réagi. Les marchés financiers s’attendent à d’autres offres.
ABP, qui traite 25 % des échanges maritimes britanniques, exploite 21 ports en Grande-Bretagne et 4 sites import/export de voitures aux Etats-Unis.
D’autre part à la suite d’accords avec l’armement Finnlines et les entreprises papetières UOM-Kymnene Corporation, M-real Alliance et Myllykovski Paper Oy, tous finlandais, ABP a annoncé un investissement de £ 4,8 millions (7 M€) dans des entrepôts couverts au Finland Terminal du port de Hull. Cet investissement consiste en deux extensions de 45 m de l’actuel hangar pour papiers, la construction d’un nouveau de 6 500 m2, le pavage d’un terre-plein et l’accroissement de la surface de bureaux.
Le Finland Terminal, ouvert en 2000, disposera alors de 70 000 m2 d’espace couvert. Il traite trois services rouliers hebdomadaires de Finnlines à partir de Helsinki, Hamina et Rauma ainsi que quelques services en conventionnel desservant d’autres ports finlandais. En 2005, il a réalisé un trafic total de près de 800 000 t, soit un hausse de 50 000 t en un an.
Maurice Tate