Le 22 mars, Wallenius Ship Management Pte, Ltd, basée à Singapour a plaidé coupable de sept chefs d’accusation dont obstruction à la justice, faux témoignage, violation de la loi sur la prévention de la pollution par l’usage d’un "tuyau magique" permettant le rejet direct à la mer d’eaux noires et huileuses, expliquaient conjointement le bureau du procureur du ministère américain de la Justice, la garde-côtière américaine ainsi que l’Agence américaine de protection de l’environnement.
Outre la compagnie, le chef-mécanicien de l’Atlantic-Breeze (1), un Birman de 52 ans a également plaidé coupable de faux témoignage pour avoir soumis aux US Coast Gards (USCG) du port de Newark de faux registres d’hydrocarbures. Il risque cinq ans d’emprisonnement et sera fixé sur son sort le 10 juillet prochain.
Wallenius a accepté de payer $ 5 millions d’amende et de verser $ 1,5 million à la Fondation nationale de la vie sauvage et de la pêche. Celle-ci finance des projets de protection de l’environnement dans le New Jersey.
"Malheureusement, cette pratique n’est pas exceptionnelle de la part des compagnies maritimes desservant les États-Unis et les eaux internationales" (sic) soulignait le procureur général pour le district du New Jersey ajoutant: "Nous avons eu déjà des cas précédents et nous en aurons d’autres."
UNE TÉLÉCOPIE DE SIGNALEMENT
Selon une déclaration commune aux autorités et à la compagnie, les USCG ont commencé leur enquête le 9 novembre 2005 après que les membres de l’équipage de l’Atlantic-Breeze, immatriculé à Singapour, aient envoyé à l’Union internationale des marins, une télécopie selon laquelle ils étaient obligés de commettre des actes illégaux, y compris le rejet direct à la mer de résidus d’hydrocarbures, d’eaux noires et aux autres déchets. Lors de leur inspection, les USCG ont trouvé le dispositif de court-circuitage du séparateur, appelé pour le bord "tuyau magique" (2).
Toujours selon la même déclaration commune, Wallenius reconnaît que des rejets directs et volontaires ont eu lieu depuis 2002 sous la direction de ce chef mécanicien et d’autres embarqués à bord de l’Atlantic-Breeze. Elle reconnaît que les registres d’hydrocarbures et des déchets, notamment plastique, ont été "bricolés".
Selon le jugement définitif attendu en juillet, Wallenius risquerait de voir ses douze car carriers placés sous surveillance renforcée durant au moins trois ans avec obligation de les exploiter selon le plan gouvernemental de respect de l’environnement qui prévoit des audits d’un expert indépendant rendant compte à la justice américaine (3).
Bienvenue au club.
1) Livré en 1986, ce car carrier de 4 900 voitures est propriété de Wallenius Lines et géré depuis Singapour. Selon le site internet de Wallenius Marine consulté le 28/3, douze navires sont immatriculés à Singapour et gérés par Wallenius Ship Management dont le capital est détenu à 50 % par Wallenius Marine. Sur les douze, cinq sont armés par des officiers suédois. Les sites internet de Wallenius et apparentés sont riches en "engagements forts" en matière de protection de l’environnement, mais beaucoup plus discrets en ce qui concerne cette affaire récurrente.
2) Tous les bords ou presque d’au moins deux très grandes compagnies conteneurisées semblent avoir la même dénomination… N.D.L.R.
3) Compte tenu de la "surdité" coupable de certains opérateurs parmi les plus prestigieux, peut-être serait-il pédagogique d’exiger en plus que la coque de leurs navires ainsi que leurs B/L portent une marque "d’infamie", par ex.: BLAME, pour BLAck Magic Ensign.