La fin du monopole de fait de la SNCM-CMN sur les liaisons avec la Corse va connaître en 2007 son troisième et dernier acte. Induit par la libération européenne du cabotage national, le bouleversement se sera produit en dix ans.
Une période qui aura vu la Corsica Ferries s’imposer en leader, la SNCM perdre peu à peu de sa substance et la CMN se renforcer sur son créneau. Une période qui aura également montré que port de Marseille était contournable. Une période enfin, qui aura démontré qu’aucune position, fut-ce la plus solide, n’était définitivement acquise.
Aujourd’hui, la SNCM tente une difficile reconfiguration à travers sa privatisation. La mutation se déroule au même moment où l’armement doit répondre à l’appel d’offres de continuité territoriale. Une double épreuve périlleuse qui pourrait ajouter à la gîte de l’armement national. Ses concurrents ne feront rien pour qu’émerge une puissante SNCM pilotée par le groupe Veolia Transports qui ne fait pas mystère d’en devenir à termes l’actionnaire majoritaire.
Le morcellement par lignes de l’appel d’offres sur Marseille ouvre de nouvelles perspectives et la voie à bien des manœuvres. La Méridionale et la Corsica Ferries qui craignent visiblement plus la SNCM privatisée que publique, tentent de tirer leurs cartes du jeu avant que la donne soit effectuée. Rien de plus normal en économie de marché. Cette concurrence devient étrange quand on sait que le premier objectif des trois armateurs reste la centaine de millions d’euros de l’enveloppe de continuité territoriale attribué par l’État via l’Île de beauté. Là réside une clé du marché de la desserte de la Corse. Le nerf de la guerre navale a commencé.
