Conférence maritime de la Méditerranée: sur les écueils politiques

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La 22e conférence maritime de la Méditerranée avait inscrit à son ordre du jour deux thèmes rebattus: l’aménagement du littoral et la sécurité en mer. Les interventions, qui se sont déroulées le 9 mars à l’École nationale de la Marine Marchande de Marseille sous la houlette du vice-amiral d’escadre Van Huffel, préfet maritime de la Méditerranée, n’ont pas épuisé le débat, mais aiguisé les contradictions entre la volonté affichée et les réalités du terrain, le libéralisme économique en vigueur et une nécessaire réglementation internationale.

Le premier volet abordait l’aménagement du littoral sur lequel, tous les intervenants devaient le reconnaître, "s’exerce de plus en plus de pressions". Rien de nouveau sous le soleil. "Tout indique que ces pressions ne s’atténueront pas dans les années à venir", a pronostiqué, en conclusion de la conférence, Xavier de la Gorce, secrétaire général de la Mer. Comment lutter contre le bétonnage et les pollutions qui taraudent nos côtes? "On n’arrivera pas à le régler définitivement, mais on peut maîtriser le phénomène comme le montre le Conservatoire du littoral et son objectif de maintenir 20 % en espaces naturels."

"Comment régler le conflit d’usage sur les zones données? En changeant de mode de gouvernance du littoral", c’est-à-dire en déconcentrant les responsabilités. Citant en exemple la charte récemment adoptée par la Région Bretagne qui donne "du lien et de la cohérence", Xavier de la Gorce estime que la gestion du littoral devrait être confiée aux Conseils régionaux. À eux sans doute, comme dans le département du Var, de régler le problème "des 7 000 à 8 000 bateaux de plaisance qu’on ne sait où mettre alors qu’on ne peut pas multiplier les ports à sec".

En attendant de mettre en perspective "ce problème politique", un autre agite actuellement les zones côtières, celui de l’établissement des lieux de refuge pour navire. "Dresser un inventaire représente une importante difficulté", reconnaît Xavier de la Gorce devant la levée des boucliers des élus locaux. "Devra-t-on faire comme les Britanniques qui mettent des numéros au lieu des noms? Pour ma part, je préfère un paramétrage plutôt qu’une liste. La décision pourrait-elle être prise par une autorité indépendante? Le problème politique demeure entier”. Les prochaines discussions avec le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot, apporteront-elles une lumière sur nos côtes?

"LA SÉCURITÉ MARITIME, UNE PRIORITÉ ABSOLUE"

Ce n’est pas la seule patate chaude, "ce qu’on ne parvient pas à contrôler sur terre, l’est encore moins sur la mer", soupire le secrétaire général. "Le milieu maritime est un milieu très spécifique qui se place directement dans un cadre international et est très fortement concurrentiel comme l’ont souligné les intervenants privés". L’écueil est encore là très politique. "Les accidents maritimes ont un impact grandissant sur l’opinion publique. Ils peuvent se muer en affaires d’État. Malgré les efforts considérables de ces six dernières années, la sécurité maritime reste une priorité absolue." La solution est-elle encore à chercher du côté de Bruxelles? "En sécurité maritime, on ne pas faire du Gaulois, il faut passer à l’échelon européen et international." Tout en estimant que 15 % de la flotte mondiale est sous norme, Xavier de la Gorce appelle de ses vœux à la création d’un espace européen à travers le paquet Erika III du Livre Blanc actuellement en fin de discussion.

Sur le papier, la sécurité maritime passe par trois axes: "Renforcer la chaîne des responsabilités, améliorer le dispositif d’enquête-accident et faire un effort sur les sociétés de classification." Sur le terrain, la partie se joue sur le répressif où les pouvoirs publics "n’entendent pas baisser la garde". Mais voilà, qu’au détour d’une phrase, le secrétaire général de la mer s’interroge sur "l’étanchéité du dispositif antipollution en place". Interrogation relayée par le préfet maritime qui avoue lui des "trous dans la surveillance de nuit, dans la permanence et dans la convergence des pays de la Méditerranée occidentale". "Trous" auxquels il faut ajouter le contrôle de l’état des navires dans les ports qui, toujours selon le préfet, ne concernerait que 25 % des navires.

La mer ne connaît pas de frontière. Si les accidents de navigation en Méditerranée seraient plutôt "en légère décrue", le préfet maritime redoute un grave accident au sud de la Méditerranée où transitent de très nombreux pétroliers. Pour Xavier de la Gorce, la difficulté et la complexité des affaires maritimes, exige "des veilles, des vigies de la spécificité maritime". Mais, heureusement, pour la gouvernance, "grand sujet dans les conférences", "la France a un modèle avec les préfets maritimes qui pourrait être dupliqué et exporté". Fluctuat nec mergitur.

La Méditerranée en chiffres

La mer Méditerranée représente 1 % de la surface des mers, mais concentre 25 % du trafic maritime planétaire dont 30 % du trafic pétrolier. Plus de 300 navires franchissent chaque jour le détroit de Gibraltar, 100 le canal de Suez, 50 le détroit du Bosphore et 6 celui de Bonifacio. Quotidiennement, ce sont 2 000 navires de toutes sortes qui sont présents en mer ou dans les ports.

La façade maritime méditerranéenne française représente 2 000 km de côte dont la moitié en Corse. Elle compte 213 communes littorales, 38 ports départementaux, 6 d’intérêt national (dont le Port autonome de Marseille-Fos) sur les 9 départements qui la composent.

Le rôle du préfet maritime

Le décret du 6 février 2004 a conféré au préfet maritime des responsabilités élargies dans le domaine maritime. Représentant direct du Premier ministre et de chacun des membres du gouvernement, il est notamment investi du pouvoir de police générale, de la sauvegarde des personnes et des biens, de la protection de l’environnement et la coordination de la lutte contre les activités illicites. Il peut bénéficier du concours de l’ensemble des moyens de la marine dont il assure le contrôle opérationnel au titre de ses responsabilités de commandant de zone maritime.

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