Des intérêts américains ont intenté, en Grande-Bretagne, une action en justice contre P & O… qui n’a pas abouti.
Le 2 mars, la société américaine Eller & Co a demandé à la Haute Cour britannique de bloquer le rachat de P & O par DP World. Elle est propriétaire de l’entreprise de manutention Continental Stevedoring & Terminals de Miami et a un accord de partenariat avec P & O Ports dans ce port. Selon elle, cette activité sera mise à mal si l’accord entre P & O et DP World se concrétise, compte tenu notamment des inquiétudes de sécurité aux États-Unis à ce sujet et des incertitudes qui s’ensuivront. Il semble qu’une sorte de conflit existait déjà entre P & O et Eller, avant même le projet de rachat. En outre d’après Eller, la vente à DP World était interdite par l’accord de partenariat avec P & O. A la Haute Cour, le juge Warren, qui a entendu l’affaire, a rejeté ces arguments et certains des scénarii les plus alarmistes avancés pour des raisons de sécurité. Il s’est déclaré "certainement pas préparé à assumer que le Gouvernement américain prenne des mesures allant au-delà d’une réaction proportionnée." Ajoutant que "les ports continueront à fonctionner", il a souligné qu’il est primordial pour les autorités américaines qu’il en soit ainsi. Même si P & O devait éventuellement se séparer de certains actifs américains, cela se ferait comme il convient.
Le juge a également rejeté les objections d’Eller sur le mode de consultation des actionnaires au sujet de la vente de P & O. De son côté, le groupe a reconnu certaines erreurs dans le processus mais après de laborieuses explications. Le juge a qualifié ces défauts "d’omissions accidentelles". Il a accepté de retarder sa décision d’une journée pour laisser le temps à Eller de persuader la Cour d’appel de ré-examiner la question. Il avait déjà approuvé les mesures indispensables pour la poursuite du processus de rachat. À titre personnel, il avait formellement refusé d’autoriser Eller à faire appel, estimant que ses arguments n’avaient aucune chance raisonnable de succès.
Pourtant le 6 mars, Eller a déposé un dossier en ce sens à la Cour d’appel. Celle-ci l’a jugé irrecevable et déclaré que "le juge a eu raison de rejeter les objections sur la validité de la ratification de la transaction par les actionnaires".
Le processus de reprise de P & O par DP World devrait donc être achevé le 16 mars.
Eller va probablement tenter de bloquer la vente des actifs de P & O en Floride devant un tribunal américain. De son côté, DP World a déjà accepté une enquête d’une durée de 45 jours sur les conséquences du rachat de P & O sur les ports américains. Les actifs de P & O aux États-Unis ne représentent que 10 % du total. Mais le puissant lobby américain opposé à la vente souligne que les Émirats arabes unis (dont fait partie Dubai) maintiennent un boycott à l’égard d’Israël, sans doute pour obtenir l’appui de l’importante communauté juive aux États-Unis. Or, l’armement national israélien ZIM a rappelé que ses navires relâchent dans tous les terminaux de DP World aux Émirats et ailleurs sans rencontrer la moindre difficulté.