Trois gros engins de chantier munis de pinces géantes ont commencé à s’attaquer à la démolition du hangar J2. Il leur faudra six semaines pour mettre à terre cet édifice de 150 m de long. Ce sera alors au tour du hangar voisin, long de 130 m, d’être détruit. La métamorphose des terre-pleins de la Joliette, lieu historique où s’est déployé le port industriel au XIXe siècle, se poursuit. Ces nouvelles destructions libéreront 10 000 m2 utilisés comme zone d’attente pour 500 véhicules en attente d’embarquement sur des ferries, mais surtout feront disparaître un autre pan de l’écran visuel entre la ville et port,
Si la dynamite n’a pas été employée, comme pour la destruction les hangars J4 et J3 en 1988, c’est que ces deux bâtiments inadaptés à l’exploitation portuaire, se trouvent à proximité de la nouvelle gare voyageurs de la Major et le long de la passerelle autoroutière vers Toulon et le centre-ville. D’ailleurs, les travaux les plus délicats seront réalisés de nuit après déviation du trafic autoroutier.
Rien ne se perd avant de créer. Du chantier sera tiré quelque 20 000 m3 de gravas qui seront triés sur place; le béton concassé sera recyclé pour d’autres travaux portuaires et la ferraille revendue. D’un coût de 700 000 €, ces démolitions s’inscrivent dans la réorganisation du système d’exploitation de l’activité voyageurs entreprise par le PAM suite à son engagement à contribuer à l’opération de requalification du littoral réalisée par Euroméditerranée.
LA JOLIETTE, UN SECTEUR ENTIÈREMENT DÉDIÉ AUX PASSAGERS
La destruction de ces deux hangars constitue une nouvelle étape dans la reconfiguration portuaire du secteur de la Joliette désormais entièrement dédié au trafic passager. Des différents hangars qui jalonnaient les môles ne reste plus que le J1, proche de l’hôtel de direction du PAM. Ou plutôt, après désossement, sa carcasse. Il va être transformé en gare satellite, "le point central de l’accès passagers sur l’ensemble des quais et des navires". Le projet d’y localiser la nouvelle direction du PAM avait été un moment étudié.
Cette pièce vient se rajouter à l’immense puzzle qui est entrain de se mettre en place sur le secteur de la Joliette-Arenc sous le nom de la Cité de la Méditerranée. La passerelle autoroutière va disparaître au profit d’une voie enterrée, libérant au sol un boulevard élargi (le PAM rétrocède une bande de 45 m de large) articulé sur l’esplanade de la Major et la nouvelle gare maritime du même nom, l’ensemble formant un lieu de promenade inédit.
Non loin de ce site, la construction des Terrasses du port, un super complexe de commerce et de loisirs (40 000 m2) va bientôt commencer. La transformation de l’ex-silo à céréales d’Arenc en haut lieu de spectacles est actuellement en chantier. La transformation des îlots Peyssonnels de zone logistique en zone de loisirs devrait suivre après le dépouillement de l’appel d’offres. L’édification d’un complexe de loisirs et de cinéma est lui déjà actée. Quant à la tour d’acier et de verre de plus de 100 m de haut qui abritera le siège de la CMA CGM et qui constituera le plus élevé signe architectural de la métamorphose, elle est en train de passer les différentes étapes administratives avant son permis de construire.
Du fort St Jean à Arenc, c’est l’opération la plus ambitieuse du programme Euroméditerranée. Une véritable vitrine se déroulera sur 110 ha et 2,7 km de long. Dénommée Cité de la Méditerranée, l’opération vise à donner un nouveau contenu à la frange portuaire. À la fois un centre culturel autour du musée national des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM), de l’ex-silo à céréales transformé en salle de spectacles ou du super complexe de salles de cinéma, un lieu de promenade avec le boulevard du Littoral, un site commercial avec les Terrasses du port, un quartier d’affaires avec les ensembles-bureaux qui s’élèvent de terre et un secteur résidentiel avec des programmes de logements.
