Dupuydauby/Bolloré: le bras de fer continue… depuis 20 ans

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Nouvel épisode de la lutte entre les réseaux d’influence d’obédience Bolloré et Dupuydauby en Afrique francophone.

Le 8 février en début d’après-midi, le Falcon 900 qui devait ramener à Paris Gilles Alix, d.g. du groupe Bolloré et trois cadres supérieurs (1) du groupe, est bloqué par la police de Lomé, Togo.

Placés en garde à vue pour "corruption" de magistrat, ils sont libérés le 10 à la mi-journée contre le paiement d’une caution de 150 000 € chacun. Le directeur de l’agence de Lomé reste à Lomé; les autres repartent à Paris.

Une histoire africaine comme Vincent Bolloré en a connue en mai 1988 sur l’aéroport d’Abidjian (1) Connue par les lecteurs du JMM du 10/6/05 (p. 21), l’origine du conflit vient du refus du groupe Bolloré de participer à la construction à Lomé d’un terminal conteneurs dont la concession avait été accordée à J. Dupuydauby (JD), en quête de partenaires apporteurs de trafics. Déjà associé à ce dernier via SDV Togo, le groupe Bolloré prenait le contrôle de Progosa Investment, élément de la nubuleuse Progosa, contrôlée par JD. Las, certaines participations de Progosa Investment avaient, quelques semaines auparavant, été cédées à Progosa Shipping Investment Luxembourg; structure sans aucun lien avec le groupe Bolloré mais contrôlée par de discrets amis luxembourgeois, sans doute proches de JD. En clair, le groupe Bolloré aurait pris le contrôle d’une coquille vide et en aurait conçu un vif déplaisir; le conduisant à mener des actions juridiques en Espagne où est installée JD et en Afrique. Comme par hasard, l’Autorité des marchés financiers confirmait le 10 juin dernier qu’elle avait été saisie d’une demande d’enquête contre le groupe Bolloré dont certains documents internes laissaient comprendre qu’il voulait mettre en place des structures "opaques".

Toujours est-il que le 3 février, le tribunal de Lomé donnait raison, en première instance, au groupe Bolloré. Le 6, le jugement était cependant suspendu par la cour d’appel. "Courant novembre, nous avons été saisis de ce que certains responsables du groupe Bolloré faisaient des promesses à un haut magistrat de ce pays, afin d’obtenir des faveurs dans un contentieux qu’ils ont avec une société rivale" affirmait le procureur de Lomé, Robert Bakaï, à l’AFP, citée par Progosa, dans un courrier contestant la présentation faite dans Le Monde (2) daté du 11 février.

"Nous avons laissé les choses se dérouler normalement et ils sont passés à l'acte" ajoutait le procureur.

CMA CGM

AU MILIEU DU MARIGOT

Ajoutons qu’au milieu de ce jeu modérément transparent, se trouve CMA CGM qui vient de racheter Delmas avec un engagement à long terme d’utiliser les manutentions africaines de Bolloré. Mais à Lomé, CMA CGM fait cause commune avec J. Dupuydauby.

Il est toujours sage d’éviter d’insulter l’avenir mais plusieurs "observateurs" parient volontiers sur la cession des agences de manutention africaine. Quel est l’acheteur le plus probable? CMA CGM. Tout ce qui peut amoindrir la valeur de l’actif pourrait donc être bienvenu. Alors, à qui profite les quelques dizaines d’heures passées derrière les barreaux africains par de hauts responsables du pôle Transport de Bolloré?

Les anciens du même réseau français d’influence en Afrique francophone jouent l’un de leurs derniers bras de fer, sans parler de la "chaude" amitié qui lie V. Bolloré et J. Dupuydauby depuis que le premier a débarqué le second de la présidence de la SCAC en 1986.

1) p. 29 et 30 de "Ces Messieurs Afrique" par Stephen Smith et Antoine Glaser; Ed. Calman Levy

2) "L'information selon laquelle le groupe Bolloré aurait gagné en Espagne un procès, contre J. Dupuydauby ou l'une des sociétés qu'il dirige, est inexacte" souligne la direction de la communication de Progosa. Notons que l'homme de Séville sait choisir ses avocats: l'un d'eux se nomme Roland Dumas.

Au point presse des Affaires étrangères

Question portant sur la situation des dirigeants de Bolloré qui ont été arrêtés au Togo: pouvez-vous nous dire s’ils vont être libérés aujourd’hui? Deuxièmement, la France a-t-elle demandé des explications au Togo, puisque ces arrestations sont intervenues après l’invitation du président du Togo, qui finalement ne les a pas reçus. On dit qu’ils ont été piégés en fait. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères répondait le 10 février: "[…] À notre connaissance, les dirigeants du groupe français devaient être présentés au tribunal aujourd’hui au Togo et nous espérons une solution positive et satisfaisante de cette affaire. Sur le deuxième point, cela fait partie du dialogue que nous avons avec le Togo. Nous sommes en relation avec les autorités togolaises pour connaître exactement les tenants et les aboutissants de cette affaire" (strictement privée, faut-il le répéter).

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