Le 1er janvier dernier, la Société Nouvelle de Remorquage du Havre (SNRH) espérait démarrer ses activités au port du Havre avec une flotte de cinq remorqueurs. Six semaines plus tard, ceux-ci sont toujours à quai, en attente de pouvoir travailler. Entre permis de navigation et décision d'effectifs, les difficultés sont nombreuses.
La SNRH voit le jour en 1999. Son objectif est de proposer un service de remorquage au port du Havre. La société n'obtient pas alors l'agrément portuaire pour pouvoir s'installer. Il faudra que ses responsables plaident leur cause auprès de l'Union Européenne pour débloquer la situation. C'est en août 2005 que l'agrément portuaire est finalement délivré. Dès lors, l'entreprise travaille à son implantation normande. "Nous louons des remorqueurs à la société néerlandaise Kotug", explique Pascal Riteau, directeur de l'exploitation de la SNRH. Actionnaire de la société, cette dernière "assure jusqu'à maintenant le suivi technique en attendant que nous soyons opérationnels; elle forme aussi les capitaines". Kotug fait partie des grands noms du remorquage; la société est présente à Rotterdam, ainsi qu'à Hambourg et à Bremerhaven.
Les cinq unités destinées à opérer dans le port du Havre vont arriver fin décembre pour quatre d'entre elles, rejointe par la cinquième début janvier. Avant même leur arrivée, plusieurs points ont été modifiés pour tenir compte des résultats d'une visite de pré-francisation assurée à Rotterdam. La compagnie espère alors pouvoir démarrer ses activités sans délai. Mais, il faudra attendre plusieurs jours pour que les remorqueurs soient inspectés par la Commission de sécurité. Le RT Pioneer se voit accorder son permis sans difficultés, tandis que les RT Claire et RT Stephanie, deux remorqueurs neufs, font l'objet d'une réserve quand à deux cabines d'équipages dotées d'un plancher à 40 cm en dessous de la flottaison; Pascal Riteau souligne que, d'une part les remorqueurs concernés sont équipés de double coque, d'autre part qu'un dossier visant à adapter les installations a été déposé et accepté. Quant aux deux derniers, les SD Loire et SD Seine, l'inspection a conduit à quelques modifications. Les cinq remorqueurs disposent tous aujourd'hui de leur permis de navigation. Le directeur de la SNRH ajoute "Ils peuvent tous naviguer sur l'ensemble de la zone portuaire du Havre, y compris Antifer".
Il souligne en outre que les "Rotortug" (RT), sont des unités dotées d'une très grande manoeuvrabilité: ils sont en effet équipés de trois propulseurs azimutaux. "C'est ce qui se fait de mieux dans le remorquage".
Aujourd'hui, les blocages viennent de l'organisation du travail. La SNRH se proposait de travailler sur la base d'une décision d'effectif de quatre personnes, avec un cycle d'armement d'une semaine à bord pour une semaine de repos, "un système plutôt bien vu par les équipages", note le responsable. Mais la publication au Journal Officiel de l'arrêté du 6 janvier 2006 portant extension d'un accord conclu dans le cadre de la convention collective nationale des personnels navigants des entreprises de remorquage, est venu compliquer la situation. Pour l'instant, en attente de sa décision d'effectifs, la SNRH "est toujours dans une phase d'échanges avec l'Administration". La semaine dernière, sa direction a adressé un courrier aux Affaires Maritimes pour lui demander de réexaminer le dossier. Une réponse était attendue en cette fin de semaine. En fonction de la réponse, la SNRH pourrait envisager d'autres possibilités de recours, en particulier devant le Tribunal Administratif.
La SNRH compte aujourd'hui une quarantaine de salariés. L'entreprise inscrit son démarrage dans la perspective de l'ouverture de Port-2000 et de la croissance attendue du trafic.