Le ferry Al-Salam-98 a coulé en mer Rouge le 3 février avec 1 414 personnes à son bord, pour la plupart égyptiennes et saoudiennes. Les autorités égyptiennes ont annoncé un bilan le 6 février au soir: 388 passagers et membres d’équipage secourus et 329 corps retrouvés. Le navire, âgé de 35 ans et battant pavillon panaméen, avait quitté le port saoudien de Douba le 2 février à 19 h 35 (heure locale) et était attendu le lendemain à 03 h 30 au port égyptien de Safaga distant de 180 km, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans un véhicule pendant la nuit et à 18 milles des eaux territoriales saoudiennes. Les autorités saoudiennes ont déployé sur zone deux frégates, des navires de sauvetage, cinq hélicoptères et un avion C 130. À la demande des autorités égyptiennes, un avion de patrouille maritime français Atlantique 2 basé à Djibouti avait décollé le 4 février vers la zone du naufrage pour renforcer le dispositif de recherche. Il a été relayé le même jour et le lendemain par un avion français Twinoter de la Force multinationale d’observation dans le Sinaï, chargée de surveillance du cessez-le-feu entre l’Egypte et Israël. Le 6 février, les recherches continuaient.
Concernant les causes du naufrage, l’officier en troisième de l’Al-Salam-98 Rani Karmal a déclaré, sur son lit d’hôpital à la chaîne de télévision Al Arabiya, que le pont réservé aux voitures avait été inondé pendant les opérations de lutte contre l’incendie, provoquant la gîte du navire et son chavirement. "Par la suite, le niveau d’eau est monté jusqu’à ce que le bateau gîte dangereusement de cinq, dix, quinze et même vingt degrés", dit-il. Le commandant Sayed Omar est porté disparu. Le second, secouru, a été interrogé par les autorités mais ne s’était pas encore adressé à la presse à l’heure où nous mettions sous presse. Le 5 février, le Président égyptien Hosni Moubarak s’est rendu à l’hôpital de Safaga et a adressé un bref message de condoléances sur la télévision nationale.
ENQUÊTE ET COLÈRE
Une enquête est en cours sur la cause du naufrage, mais les familles des victimes ne cachent pas leur exaspération. Ainsi, des rescapés ont accusé le commandant de l’Al-Salam-98 de l’avoir quitté avant les passagers et l’équipage de les avoir empêchés de mettre des gilets de sauvetage.
D’autre part, des média égyptiens ont accusé l’armement El Salam Maritime Transport Company, domicilié au Caire et opérateur de l’Al-Salam-98, d’y avoir ajouté des ponts supplémentaires après son rachat en Italie et de l’avoir immatriculé à Panama pour éviter les règles de sécurité. Or de son côté, l’armement a précisé que le navire était conforme aux règles internationales de sécurité et certifié pour naviguer dans les eaux européennes. Le 5 février, son propriétaire Mamdouh Ismail a déclaré à la télévision que la famille de chaque personne décédée recevra 150 000 livres égyptiennes ($ 26 000), maximum exigé par la loi. Toutefois le lendemain, des proches des victimes ont incendié les locaux de l’El Salam Maritime Transport Company. En outre, le ministère des Transports a suspendu provisoirement de ses fonctions Salah Gomaa, commandant du Saint-Catherine et qui avait ignoré les appels de détresse de l’Al-Salam-98. Le Saint-Catherine, également propriété de l’El Salam Maritime Transport Company, se trouvait sur la zone avec 1 800 passagers. Salah Gomaa a déclaré au journal Al-Ahram le 7 février qu’il a craint que son navire "ne chavire à son tour en virant de bord".