"Malgré les tensions sociales révélées en 2005, le PAM a capitalisé des projets, amélioré ses trafics et ses résultats financiers", constate calmement son nouveau directeur général. Arrivé en décembre, au terme de deux mois d’intermède de direction, Guy Janin succède à Éric Brassart, mis brutalement en congé, en marchant sur des œufs. Des propos convenus sur "les signes encourageants", "les conflits qui ont perturbé le trafic" et "la fiabilité sociale à rétablir" sont venus illustrer un bilan qui ne lui appartenait pas. Conclusion, "les résultats 2005 ne sont pas si mauvais et recouvrent des réalités contrastées". Le président du PAM mettra moins de formes dans son appréciation: "Nous voulions passer la barre des 97 Mt et d’un million de conteneurs, nous n’y sommes pas parvenu", regrette Christian Garin.
DES RÉSULTATS MEILLEURS QUE CEUX QUE L’ON CRAIGNAIT
Après l’épreuve de force d’octobre, le climat social est à l’apaisement, "à la poursuite du dialogue". "Nous avons mis en place un système de veille sociale qui permet d’établir un dialogue lorsqu’il y a un problème, évitant ainsi de recourir à des moyens extrêmes", annonce Guy Janin. Les responsables portuaires ne s’étendront donc pas sur l’impact des grèves. Un petit calcul dans le dossier de presse estime pourtant que les 14 jours de paralysie auront coûté la bagatelle de 680 000 t de marchandises (dont 462 000 t de diverses) et 123 escales, 159 000 passagers, 1 point de croissance et 2,28 M€ de chiffre d’affaires.
Les objectifs initiaux auraient-ils été atteints sans le conflit? Les deux responsables n’en doutent pas, même s’ils préfèrent dire que "Marseille fait mieux que le laissaient craindre les grèves". Pour aussitôt corriger: "On ne peut pas tout attribuer au conflit". D’après leurs estimations, Marseille-Fos aurait perdu, sur l’évolution du marché conteneurisé, 13 points en moyenne sur les ports du range nord et 8 points sur ceux de Méditerranée occidentale. La pilule est dure à avaler. "En fait, 70 % du coût de passage portuaire ne dépend pas du PAM", se défend Christian Garin en indiquant que l’augmentation des prix au terminal de Mourepiane a sans doute provoqué une chute du trafic.
LA MATURATION DES GRANDS PROJETS
"2005 a également été une année de maturation pour les grands projets lancés les années précédentes". Guy Janin préfère regarder en avant que dans le rétroviseur. "Ces projets, connus ou encore confidentiels, devraient garantir au PAM un trafic supplémentaire, en diverses et vracs, de près de 13 Mt à l’horizon 2010", assure-t-il. La construction en cours du nouveau terminal méthanier GDF2 "permettra de dépasser la barre des 100 Mt en 2008, année de sa mise en service". Quant au chantier Fos 2XL, on n’attend plus que les derniers accords des ministères de tutelle pour que les conventions avec ses deux opérateurs (Port Synergy et MSC) soient signées et pour que les travaux soient lancés "dés cette année".
UN NIVEAU D’INVESTISSEMENT RECORD
Avec 72,5 M€ investis en 2005 et 90 millions budgétés pour 2006, il faut remonter au temps de la construction des bassins de Fos, pour retrouver un pareil niveau. L’an dernier, les principales opérations ont porté sur la construction de la gare passagers de la Major (8,3 M€), la mise en place de deux nouvelles lignes de pétrole brut (11,3 M€), la mise en sécurité des installations pétrolières de Fos et Lavéra (6,3 M€), l’adaptation des terres pleins du môle Graveleau (4,1 M€), l’adaptation du poste méthanier no 4 (1,9 M€) et la construction du nouveau poste pétrole no 5 (1,9 M€). Si "le programme d’investissement a triplé depuis 1998", on relèvera que la plus grande partie est réservée au maintien des prestations, des outillages et à la mise en sécurité des installations.
Ce sera encore vrai cette année où 60 M€ sont consacrés au poste maintenance. Toutefois, "une tranche conditionnelle de 10 M€ est affectée dans les premiers travaux de Fos 2XL qui pourraient commencer au cours du premier semestre". Une première tranche pour mettre les bouchées doubles et rattraper le retard accumulé sur les ports concurrents.
