SNCM: des écueils se lèvent sur le chemin de la privatisation

Article réservé aux abonnés

Le trajet qui doit conduire la SNCM à sa privatisation ne s’effectue pas sans écueils. Veolia-Transport, qui dirige la manœuvre avec Butler Capital Partners, montre des signes d’inquiétude sur au moins deux points fondamentaux.

Le premier concerne le montage financier. Le bilan de l’exercice 2005 devrait révéler une perte d’une trentaine de millions d’€ au lieu des 22,5 millions envisagés à l’automne. C’est autant qu’en 2004, parce que l’État ne remboursera pas en 2005 les charges sociales des marins comme il l’a fait l’année précédente. Qui comblera ce trou supplémentaire de plus de 10 M€? Stéphane Richard, directeur général de Veolia, désirerait une recapitalisation de la compagnie par l’État supérieure aux 113 millions prévus hors plan social. "Bercy n’est pas souple", indique-t-il. Tandis qu’au ministère des finances, on indique que "les négociations avancent mais on ne peut pas exclure que les repreneurs fassent traîner sciemment les choses."

L’autre point porte sur le renouvellement de la délégation de service public (DSP) sur la Corse au départ de Marseille. Cette dernière déléguée en commun à la SNCM et à la CMN, expire à la fin de cette année. En attendant, les règles du jeu de la prochaine DSP sont toujours en discussion chez les élus de la collectivité territoriale corse. Le cahier des charges devrait être normalement présenté au Conseil exécutif à la mi-février, puis à l’Assemblée de Corse le 3 mars. Selon Le Monde daté du 27 janvier, des représentants des repreneurs privés de la SNCM ont multiplié des travaux d’approche auprès des décideurs corses. Ce "petit lobbying" qui s’est mis en place dès la fin du conflit, en octobre dernier, ne semble pas avoir donné beaucoup de résultats. Rien, en tous cas, qui aurait rassuré Veolia et Butler sur la future feuille de route de la continuité qui conditionne le versement de la dotation de continuité territoriale (68,6 M€ en 2004). Jusqu’à présent, les exigences du service public étaient minutieusement détaillées: fréquence des rotations en saison haute et basse, desserte des ports secondaires de l’île, prix plafond des passages, etc.

Les repreneurs qui se sont engagés sans connaître le premier élément de ce cahier des charges, ne se privent pas de rappeler qu’ils pourraient faire jouer la clause résolutoire figurant dans le contrat de reprise de la SNCM, au cas où cette dernière ne remporterait pas la DSP. La compagnie et ses problèmes resteraient alors propriété de l’État et à la charge du contribuable.

En attendant, le calendrier de la reprise comme le plan social sont dans le brouillard. Un à deux mois de retard ont déjà été pris sur le plan de marche fixé initialement. Réuni le 26 janvier en comité d’entreprise, les représentants salariés de la SNCM commencent à montrer des signes d’agacement. "Depuis la fin du conflit, on nous promène, estime Bernard Marty, secrétaire CGT du comité d’entreprise. "Nous avons besoin de savoir où en est le dossier." Ce n’est pas le seul motif de contrariété. Les poursuites engagées contre les marins STC qui avaient pris le contrôle du Pascal-Paoli n’ont pas été levées comme promis aux syndicalistes. Ces derniers craignent également une manœuvre de la STEF-TFE qui contrôle la CMN (dont la SNCM est actionnaire à 40 %). D’après eux, "un renversement d’alliance et une entente avec la nébuleuse jaune (la Corsica Ferries) sur le dos de la SNCM" est toujours possible avant que ne se finalise le changement d’actionnaire.

Shipping

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15