Le projet était dans le tuyau depuis deux ans. Aujourd’hui, c’est fait. Suez, via sa filiale Electrabel France, et Gaz de France ont conclu un partenariat industriel au terme duquel ils vont réaliser deux centrales à cycle combiné gaz naturel d’environ 420 MW chacune sur la zone de Fos-sur-Mer. La première sera implantée sur le site de Sollac Méditerranée pour Gaz de France (mise en service prévue en 2008), la seconde sur un terrain loué au Port autonome de Marseille pour Suez (mise en service prévue en 2009). En décidant de travailler ensemble afin de produire de l’électricité à partir du gaz, les deux entités ont pour but de réduire les coûts.
Ils prévoient, en effet, "de rechercher activement les synergies qu’ils pourraient mettre en œuvre entre ces deux projets, en particulier dans les domaines de l’ingénierie, de l’exploitation et de la maintenance". Le groupe Suez et GDF souhaitent également"bénéficier de l’effet de taille d’un périmètre d’équilibre élargi". En outre, ce protocole d’accord envisage "des participations croisées au capital des sociétés propriétaires des actifs respectifs et des contrats réciproques de mise à disposition de capacités".
Ce partenariat a été immédiatement salué par la Bourse où le cours de leurs actions a effectué un bond de 1,99 % pour Suez et 2,82 % pour GDF. Si les investisseurs apprécient cet accord, c’est qu’il confirme la stratégie de Suez d’investir dans des projets de capacités nouvelles et rentables en Europe, incluant une participation dans l’EPR, de nouvelles unités à cycle combiné gaz et des unités d’énergie renouvelable, et de Gaz de France qui entend se constituer un portefeuille d’approvisionnements électriques. Ce dernier sera ainsi en mesure de proposer à ses clients une offre de fourniture d’électricité combinée au gaz naturel.
Une mise au point du directeur des ports de Nice
Nous avons reçu un courrier de Laurent Monsaingeon, directeur des ports de Nice, qui exprime sa surprise et sa déception à la lecture de l’article publié dans le JMM du 23 novembre.
Il reproche à notre journal "qui a plutôt l’habitude d’égrener la litanie des escales de croisières", d’avoir "jugé pertinent d’associer à la signature de la « Charte de l’environnement et de la qualité de vie du port de Nice » l’idée qu’elle avait pour objet « d’enterrer un problème »".
"Je me propose d’intervenir, écrit Laurent Monsaingeon, pour rectifier l’image trop caricaturale que traduit cet article et qui laisse penser qu’à Nice, hormis les centaines d’escales de croisière, on végète sans action ni esprit d’entreprise."
Et de résumer la situation posée par les contraintes locales:
"Le port de Nice, situé en pleine ville, est très petit et considérablement saturé (850 m de quais commerciaux aux taux d’occupation inégalés). Il accueille de façon assez équilibrée des trafics de ciment (1er port exportateur de France), des croisières (grâce, il est vrai, à la rade de Villefranche), des ferries et NGV sur la Corse (trafic équivalent à celui de Marseille), enfin des activités de plaisance et loisirs, grands yachts compris. Il est situé dans un cadre architectural exceptionnel, évidemment classé, et inclut trois monuments historiques dans son périmètre. Ce port a fait l’objet d’un débat public en 2001-2002 à l’issue duquel l’État, en guise de modernisation, a décidé de ne rien décider!
Nous y accompagnons la concurrence tonique entre les deux principaux armements sur la Corse, tout en maintenant l’équilibre et la paix sociale. Enfin, il est l’objet d’une double candidature de reprise, par le Conseil régional PACA et le Conseil général des Alpes Maritimes, au titre de la décentralisation.
L’ensemble de ces facteurs critiques crée une pression extérieure stimulante pour la CCI qui en assure le développement et l’exploitation. Nous reconnaissons la difficulté de l’équilibre qui doit être atteint entre l’activité portuaire (ses bruits, ses fumées, ses trafics et leur impact économique) et la qualité de vie du quartier, dont les riverains ont acquis un poids considérable auprès des pouvoirs publics et des élus.
Nous avons donc organisé avec le soutien de l’État, une démarche permanente de concertation, autour d’une « commission consultative environnement » représentant les professionnels, les élus, les riverains et associatifs. Constituée depuis deux ans, elle anime des débats sur les différents thèmes de la qualité de vie et permet la concertation sur l’ensemble des travaux d’amélioration ou de modernisation du « plan de composition général » . Elle conclut ses deux premières années de travail par cette « charte de l’environnement » qui est un vrai plan d’action des partenaires pour 5 ans.
De cette façon, bien loin de viser à enterrer un problème, la démarche permet d’aborder plus sereinement les enjeux difficiles de la modernisation du port… et de ses contributions à l’économie et à l’emploi.
Cet effort de l’ensemble des professionnels portuaires – qui acceptent de dialoguer avec les riverains sur des sujets sensibles et de prendre en compte des contraintes d’exploitation auxquelles bien des ports industriels échappent – aurait mérité plus qu’une ironie décalée!"