Un trafic de 8,7 Mt en 2005, en hausse de 7 % par rapport à 2004, un budget légèrement bénéficiaire après deux années de pertes financières… les responsables portuaires du PAB sont satisfaits. Surfant sur ce dynamisme, ils ont présenté, lors de la traditionnelle conférence de presse de début d’année, les grandes lignes stratégiques de 2006. "La première portera sur une politique foncière volontariste s’appuyant sur le concept de développement durable pour lequel l’année 2006 sera marquée par le classement du chenal en Natura 2000", a indiqué le nouveau président du port, Dominique Sentagnes. Le virage écolo et "préventif" se confirme donc.
Concrètement, des terrains accueillant berges, ports de plaisance et îles de l’estuaire seront transférés au Conservatoire du Littoral et au Conseil général de Charente-Maritime. 2006 marquera aussi la première étape de transfert de gestion à la Mairie de Bordeaux de 44 ha de la rive droite. L’indemnisation pour le PAB devrait s’élever à la coquette somme de 10 millions d’€ (M€). Enfin, dans la veine "verte", deux études sont lancées sur le comportement des métaux lourds et l’impact d’opérations d’immersion sur la faune estuarienne.
Deuxième axe fort de l’année en cours: sur les 8,5 M€ (1) d’investissements globaux prévus en 2006 pour le PAB, 2,58 M€ seront consacrés à l’aide à la navigation et l’aménagement du chenal. Au programme: dragage du chenal menant à Bassens, construction d’une deuxième vedette de sondage, étude sur l’ensablement de la passe de l’ouest, véritable porte d’entrée du chenal, et modernisation des équipements électroniques de suivi de la navigation (radars, AIS). Plus de 2 autres millions seront, eux destinés aux infrastructures et à l’alimentation et distribution électrique sur les quais et terre-pleins de Bassens. Le poste 511 d’Ambes, où se concentre désormais 90 % des trafics pétroliers, sera rénové et sécurisé.
LE VERDON: DES ESPOIRS TENACES
Le terminal du Verdon connaîtra des travaux de confortement des quais et une réhabilitation des portiques, en l’honneur notamment d’un nouveau venu, l’armateur Delphis, qui assurera une rotation hebdomadaire à partir de fin janvier. "Avec les grandes concentrations d’entreprise et la globalisation, des revirements sont possibles. On garde espoir de développer au Verdon des raffineries ou d’en faire un terminal méthanier ou gazier" a exprimé Dominique Sentagnes. Les responsables portuaires n’ont pas renoncé non plus à convaincre la CMA CGM de faire transiter ses conteneurs sur ce terminal plutôt que Bassens et d’emprunter la nouvelle navette ferroviaire entre Bruges et le Verdon.
Les services du port travaillent aussi avec l’entreprise Ford, qui devrait fournir de nouveaux clients en Thaïlande et en Australie.
CAP SUR LES BIOCARBURANTS
La baisse constante d’exportations de céréales, ces dernières années, inquiète. Les volumes en 2005 ont été réduits de 16 % or le trafic céréalier représente 25 % du trafic global du port. "Cette baisse risque de se poursuivre dans les prochaines années. Le trafic céréales n’aura plus la même importance", a indiqué le directeur du PAB, Philippe Deiss. Le maïs risque de subir le triple effet de la surconsommation régionale avec l’implantation de l’usine d’éthanol de Lacq, de la demande du nord de l’Espagne alimentée par voie routière et du ralentissement de la consommation des amidonneries britanniques clientes du PAB. "On va donc se diversifier en se réorientant vers le blé, les céréales à paille et développer les bioénergies." Actuellement, deux projets de fabricants de biocarburants, utilisateurs de graines oléagineuses, sont en concurrence pour s’implanter à Bassens. On trouve le groupe Saipol-Lesieur, déjà implanté sur le PAB, face au projet de la Compagnie du Vent, entreprise basée à Montpellier et spécialiste de la construction d’éoliennes. Toutes deux ont répondu à un appel d’offres lancé par l’État qui souhaite augmenter la production de biocarburants et accorde des exonérations fiscales aux entreprises se lançant dans l’aventure. Le gouvernement devrait rendre publique, le mois prochain, la liste des projets retenus. Par ailleurs, les investissements privés sur le port de Bordeaux se poursuivront avec deux acteurs principaux du privé, Sea Invest et Lafarge Ciments. Parmi les implantations, on note le venue du groupe Citram à Bassens-amont et de la Compagnie Françaises des Ferrailles à Bassens-Aval.
(1) Une somme répartie entre le PAB (4,65 M€), l’État (2,48 M€), le Conseil régional d’Aquitaine (0,59 M€) et le Conseil général de la Gironde (0,59 M€),