Le 12 janvier vers 8 h 20, le CROSS Gris-Nez était alerté par un "mayday" lancé par le cargo Star-Herdla qu’une collision venait de se produire entre lui et un autre navire dans la voie montante du dispositif de séparation du trafic (DST) du Pas-de-Calais, à environ 7 nautiques au large de Boulogne.
Est impliqué le chimiquier Cape-Bradley, de 176 m, construit en 2004 et battant pavillon des Îles Marshall. Il se dirigeait vers Rotterdam, avec 30 053 t de naphta (solvant aromatique très volatile) et 19 membres d’équipage à son bord; son étrave est endommagée.
Le Star-Herdla est un cargo norvégien construit en 1994, d’environ 13 374 t venant de Rotterdam et se dirigeant vers Boulogne, sur ballast, avec 21 membres d’équipage à bord; son flanc arrière droit est endommagé au niveau de ses superstructures.
Dès réception de l’alerte, le CROSS Gris-Nez assurait la coordination des opérations de secours maritimes et la mise en place de moyens maritimes pour éviter un sur-accident (1). Aucune pollution n’était constatée sur zone. La visibilité était mauvaise avec la présence d’une brume épaisse givrante sur zone, gênant en particulier la mise en œuvre des hélicoptères.
Le préfet maritime ordonnait au chimiquier Cape-Bradley de se dérouter vers la zone d’attente portuaire de Dunkerque pour investigation et réparations éventuelles. À la suite de l’inspection d’une équipe d’évaluation, le préfet maritime acceptait finalement son départ vers Rotterdam sous réserve qu’il soit escorté par un remorqueur compte tenu de ses dommages et de la nature de la cargaison. Il y arrivait le 13 en début d’après-midi; son armateur ayant affrété le remorqueurAnglian-Earl. Les vedettes des Douanes ont accompagné leStar-Herdla vers Dunkerque remorqué par l’Anglia-Monarch; le cargo ayant signalé une brèche et une perte de sa propulsion. Il était à quai vers 15 h et inspecté par une équipe d’évaluation peu après.
Encore un "p’tit" boulot pour le BEAmer car une mauvaise visibilité comprise entre 300 m et 600 m par mer belle et faible vent n’explique par tout: il devait bien y avoir quelques radars en fonctionnement. Avec 30 000 t de naphta, il y avait de quoi réchauffer l’ambiance.
1) Disposant d’une certaine mémoire, la Préfecture maritime n’a, sans doute, pas oublié le nombre important des "near-miss", quasi-accidents, liés au naufrage du Tricolor. Dans un autre domaine, la mémoire permet également de ne pas oublier le rapport sur le retour d’expériences de l’exercice Manche-Ex de juin dernier. N.D.L.R.
Plusieurs semaines de travaux de dépollution
Le 4 janvier dernier à Donges, le butanier Sigmagas, victime d’une avarie de barre en quittant son poste d’amarrage devant la raffinerie Total, a abordé un autre butanier, le Happy-Bride, qui venait prendre sa place (JMM 13-01-2006, p. 12). Suite à cette collision, le Happy-Bride a perdu 30 tonnes de fioul lourd servant à sa propulsion.
Le plan Minipol a été mis en place pour lutter contre cette mini marée noire qui a touché l’estuaire de la Loire. Près de 80 personnes, embauchées sur place par l’entreprise Le Floch Dépollution, retirent le fioul gluant qui s’est infiltré dans les roselières et autres vasières couvrant une bonne partie de l’estuaire. Les travaux de dépollution vont durer plusieurs semaines. Ses sites accueillants en hiver des concentrations énormes d’oiseaux migrateurs. 12 000 à 15 000 d’entre eux seraient touchées selon la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux).
Après avoir minimisé cette pollution, la préfecture de Loire-Atlantique, alertée par la LPO et Bretagne Vivante-SEPNB, a reconnu la situation. Un suivi des oiseaux devrait être financé. D’une manière générale, une cellule de vigilance et de suivi a été mise en place par la préfecture en collaboration avec Ifremer. Quand on voit l’impact d’une pollution limitée dans l’estuaire de la Loire, on peut se demander s’il sera judicieux de choisir Saint-Nazaire comme port refuge.
Michel Faucompré