Le groupe agro-alimentaire rouennais Senalia a enregistré une hausse de son activité au cours de la campagne 2004/2005 avec 5,7 Mt traitées contre 4,4 Mt un an plus tôt (+ 31 %). "Bien qu’en net redressement, la campagne reste relativement moyenne pour le groupe", a souligné Claude Garnier, directeur général exploitation, lors de la présentation des résultats.
Senalia intervient sur plusieurs marchés: les céréales et oléoprotéagineux à l’exportation, les produits liés à la trituration, le sucre export et les fèves de cacao à l’import. Pour les céréales et oléoprotéagineux, le volume expédié a progressé de 45 % atteignant 3,6 Mt (dont 2,6 Mt de blé et 0,8 Mt d’orge). "Notre part de marché à Rouen progresse de près de six points sur la campagne précédente et reste stable par rapport à la moyenne des quatre campagnes précédentes." Il faut souligner que les exportations céréalières étaient attendues à un niveau supérieur: "On pensait exporter un million de tonnes de plus", souligne Claude Garnier. Les pré-acheminements restent fortement dominés par la route (75 %) devant la voie ferrée (15,6 %) et la voie d’eau (9,4 %).
Le secteur de la trituration continue de croître avec une nouvelle progression des volumes de 6,9 % à 1,7 Mt (dont 0,844 Mt de graines de colza en entrée, 0,468 Mt de tourteaux, 0,232 Mt de diester et 0,156 Mt d’huiles en sortie).
Côté sucre, le terminal Robust a traité 330 000 t pendant la campagne. "Après avoir connu successivement sa meilleure campagne, puis la plus mauvaise depuis sa création, Robust a pris la première place des terminaux sucriers français en 2004/2005 devant Dunkerque, et propulse par la même occasion le port de Rouen à la première place des ports français pour l’exportation de sucre." Claude Garnier souligne que le trafic de sacs de sucre en conteneurs est en forte progression: + 96 % pendant la campagne.
Démarrée en juillet dernier, la campagne 2005/2006 demeure pour l’instant atone. "On pensait faire une bonne campagne…", explique Claude Garnier. Pour les six premiers mois, le tonnage de céréales expédié est en retard de 28,6 % (1,16 Mt). Les autres secteurs du groupe connaissent heureusement de meilleurs résultats: trituration, sucre et fèves de cacao sont en effet en progression.
VERS DE NOUVEAUX DÉBOUCHÉS
Depuis de nombreuses années, le groupe Ucacel, et aujourd’hui Senalia (1), a développé la diversification de ses activités, toujours dans le secteur agro-alimentaire et plus particulièrement dans sa spécialité de prestataire de services (stockage, manutention, etc.). C’est ainsi que Senalia s’est positionné sur la trituration, puis le sucre et les fèves de cacao. Le groupe entend poursuivre dans cette voie: "Deux axes de développement ont été retenus par notre Conseil d’administration et notre Conseil de direction: poursuivre notre démarche plus loin dans la filière céréales, poursuivre notre diversification vers de nouveaux débouchés", explique André Laude, directeur général du groupe Senalia. Il évoque deux dossiers. D’abord, Senalia s’était intéressé au Maroc, dans l’optique de valoriser jusqu’au client final les efforts déployés par la filière de l’amont. "Nous avons travaillé plusieurs mois sur un projet d’implantation de terminaux portuaires d’importation au Maroc, avec des partenaires locaux, indique André Laude. Nous n’avons malheureusement pas pu aboutir tant nos objectifs étaient différents." Mais Senalia va continuer à s’intéresser à ce pays "qui reste un débouché majeur pour nos céréales".
Autre dossier d’importance, le projet mené avec le groupe Tereos pour le projet d’implantation d’une usine d’éthanol, pour laquelle Senalia interviendrait sur la logistique. "Située à Lillebonne, sur le port de Rouen, près des raffineries les plus importantes, sur un site industriel déjà classé, aux portes d’un hinterland regroupant, avec Senalia, plus de 60 % de la collecte française de blé, ce projet devrait consommer environ 700 000 t de blé dit standard, ce qui ne peut que faciliter la gestion de la qualité de nos blés à l’export […] Gageons que cet important projet puisse retenir l’attention de nos instances politiques qui doivent, dans les tous prochains jours, se déterminer sur les agréments de la deuxième tranche."
1) Le groupe Senalia est né de la fusion des deux groupes d’exportations céréalières SPR/Ucaspor et Ucacel/Sicacel.
Le transport au cœur des débats
En présence de Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, venu conclure les travaux de cette réunion, Jean-Jacques Vorimore, président de Senalia, a notamment évoqué les questions de transport: "Le fret maritime a un coût, les transports franco-français aussi… En France même, nous avons besoin de modes de transports performants et compétitifs", souligne-t-il en expliquant que le transport fluvial, peu coûteux, sans danger et économe en énergie, manque encore de matériel. "Et parlons du transport ferroviaire, qui devrait être le moyen de transport privilégié pour les céréales et les oléagineux. De réforme en réforme, on augmente le prix du fret, sans améliorer le service, tout en restant incapable de répondre à la demande! C’est pénaliser les régions enclavées, comme le Centre." Dominique Bussereau a répondu en saluant la "remontée en puissance de la voie d’eau. Il faut mettre le paquet sur le fluvial là où c’est possible". Quant au ferroviaire, il a indiqué qu’il allait redire à Louis Gallois (SNCF) qu’en matière d’acheminement ferroviaire, "le résultat n’est pas au rendez-vous".