"Même dans un secteur en plein essor, la prouesse serait restée impossible sans son fondateur (1), Gianluigi Aponte… et le soutien historique d’une banque" écrit le bimensuel suisse romand Bilan dans son no 191 du 19/10 au 1/11/2005.
Après avoir souligné que le porte-parole de MSC l’avait informé que la compagnie ne souhaitait aucun article, Frédéric Blassel consacre néanmoins l’équivalent de quatre pages au développement de cette si discrète compagnie sans jamais citer officiellement les paroles de son fondateur et de l’un de ses proches; et pour cause.
Un témoin anonyme du tout début explique donc que c’est à la suite d’un banal contrôle de routine du fisc belge que MSC quitta Anvers en 1975 pour s’installer à Genève; ville natale de Mme Raffaela Aponte, fille de M. Denat, "directeur d’une banque à Genève". "M. Aponte déteste que l’on vienne regarder dans ses affaires. Non qu’il ait quelque chose à cacher mais parce qu’il a une conception de l’entreprise plus proche du XIXe siècle que du XXIe siècle" estime le témoin masqué. Autre légende: c’est son mariage avec Mlle Denat qui amena quelques années plus tard G. Aponte à s’installer dans la ville de son épouse. Toujours est-il que la belle-famille, des amis marseillais et napolitains ainsi qu’Hapag-Lloyd financent trois navires exploités par G. Aponte à la fin des années 1960. MSC est fondée en 1972 à Bruxelles (2). En 1973-1974, la First National Bank of Chicago participe au financement d’un 4e navire.
En 1983-1985 MSC passe à deux doigts de la faillite et est sauvée par la Banque Paribas Suisse. Anthony Barnes, fondateur et chef du service maritime Anthony de Paribas Suisse explique qu’"Aponte a toujours tenu ses promesses. […] C’est pourquoi on lui a fait confiance. D’autant que si on le lâchait, la banque risquait de perdre beaucoup d’argent".
Un autre banquier, mais anonyme, estime également que "sans Paribas Suisse, MSC n’existerait plus aujourd’hui".
LA QUESTION INSOLENTE
Dans ce tableau flatteur, la fin est "insolente" et pose la question de la succession de G. Aponte
"L’épreuve principale que Gianluigi Aponte doit encore affronter est celle de l’âge. A 65 ans, il doit encore organiser sa succession" écrit le journaliste. Ses deux enfants, son gendre et un jeune parent éloigné sont à l’œuvre dans des postes de direction "Mais G. Aponte garde la haute main sur toutes les décisions importantes" souligne un 3e partenaire financier lui aussi masqué. Ce dernier s’interroge "les chaînes de loyauté et la motivation des cadres de risquent-elles pas d’imploser s’il se retire? Cela ferait de MSC un candidat à la reprise".
Tout aussi anonyme, le directeur financier d’une compagnie concurrente estime au contraire que le management de MSC dispose certainement des compétences et de l’autonomie nécessaires à la poursuite des affaires. "Des affaires, sans doute. Mais de l’expansion? G. Aponte a démontré qu’il faut avoir du nez et ne pas tergiverser (3)" conclut Frédéric Blassel.
C’était en différé du Lac.
1) On s’en doutait bien un peu. Et sans le père de ce dernier également… N.D.L.R. JMM
2) Selon G. Aponte, interviewé en 1997, c’est plutôt en 1969 que fut créée MSC (JMM 11-4-1997). De même, le déménagement à Genève remonte, selon le président, à 1978.
3) Toute similitude avec une autre compagnie familiale de premier rang serait fortuite et involontaire.
N.D.L.R. JMM
Lloyd Triestino change de nom et devient ITS
P.L. Maneschi, président de Lloyd Triestino di Navigazione Spa, a annoncé que sa compagnie allait changer de nom à partir du 1er mars 2006. Elle s’appellera désormais Italia Marittima Spa et sera identifiée par le sigle ITS. Le président de l’armement a expliqué que cette nouvelle appellation reflétait mieux les ambitions de la compagnie qui, au-delà des 170 années d’existence, lui permet d’affirmer son identité italienne à travers le monde.
Créé à Trieste le 2 août 1836, alors que la ville appartenait encore à l’empire austro-hongrois, l’armement Oesterreicher Lloyd est devenu Lloyd Triestino le 3 janvier 1919 au lendemain de la première guerre mondiale. Il poursuivit ses activités à l’identique dans le transport de passagers et de fret sur ses routes traditionnelles qui couvraient le sous-continent indien, l’Afrique et l’Extrême-Orient. Dans les années 70, il fut parmi les premiers à adopter la conteneurisation. Quand le gouvernement italien décida, en 1998, de privatiser un certain nombre d’entreprises publiques, Lloyd Triestino a été repris par l’armement taïwanais Evergreen Group.
Doté aujourd’hui d’une flotte entièrement modernisée, Lloyd Triestino a considérablement étendu son réseau. Il touche désormais les plus grands ports du monde, bien au delà de la Méditerranée, en Europe du Nord, en Asie, en Afrique et en Australie. L’armement a également développé des liaisons transpacifiques et transatlantiques, ainsi que des lignes entre l’Extrême-Orient et l’Afrique.