Il était 20 h 40 le 5 janvier, quand l’équipage du Sigmagas, un butanier immatriculé au Royaume-Uni qui venait de quitter son appontement de la raffinerie Total de Donges, a perdu le contrôle du navire à la suite d’une avarie de barre, selon les premières déclarations du capitaine. Chargé de 5 000 t de gaz, il est alors entré en collision avec le Happy-Bride, un autre butanier, immatriculé lui à Antigua et qui venait prendre sa place.
L’abordage de ces deux navires de 100 m de long, construits à la fin des années 90, a provoqué deux brèches sans conséquences pour le Sigmagas, mais plus importante pour le Happy-Bride. En effet, une de ces cuves à fioul lourd, servant à sa propulsion, a été ouverte sous la ligne de flottaison. Il aurait perdu 30 t de fioul sur les 60 t de capacité de la cuve.
Les deux navires ont été très rapidement remorqués et amarrés le long des appontements de la raffinerie, tandis que des barrages et un pompage étaient mis en place pour limiter au maximum la pollution. Dès 21 h 40, le sous-préfet de Saint-Nazaire, Jean-Marc Falcone a mis sur pied une cellule de crise. Jeudi, un hélicoptère de la gendarmerie a survolé l’estuaire pour évaluer les premières conséquences de cette pollution qualifiée de "limitée" par le sous-préfet. L’Alcyon, navire dépollueur de la Marine nationale basé à Brest, est arrivé le 6 au soir dans l’embouchure de la Loire. Il n’a pas effectué de pompage et s’est consacré au recensement des zones irisées.
Le BEAmer s’est déplacé sur place pour enquêter sur les causes de l’accident, donc rencontrer chacun des deux pilotes, les membres d’équipage des deux navires, les officiers de port, etc. À priori, il semblerait que les distances de sécurité aient été respectées quand les deux navires ont manœuvré, l’un pour quitter le quai, l’autre pour accoster.
Toutes les associations de défenses de l’environnement ont été contactées par la direction régionale de l‘Environnement. La ligue de protection des oiseaux (LPO) dénombrait, le 8 janvier, près de 15 000 oiseaux mazoutés, soit près de la moitié des 32 000 oiseaux hivernant dans la réserve maritime de l’estuaire.
Faiblement touchés par les fines nappes éparses d’hydrocarbure, ils tentent de se nettoyer eux-mêmes, et ingèrent du fioul, risquant de mourir à petit feu. En outre, ils perdent leurs défenses naturelles, et, comme ils peuvent encore voler, il est difficile de les attraper pour les nettoyer, indiquent les responsables de la LPO.