Le 5 janvier, le président François Soulet de Brugières a présenté à la presse les résultats 2005 du port de Dunkerque.
Ce dernier a traité 53,3 Mt en 2005, en hausse de 5 %. Comme le souligne le directeur général Jean-Claude Terrier, le PAD peut dire "un grand merci" aux produits pétroliers, qui établissent un nouveau record d’activité à 14,1 Mt. Les vracs liquides augmentent de 22 % à 14,8 Mt, soit 28 % du trafic du port. La palme revient aux produits raffinés, en hausse de 30 % grâce à une très forte activité de la raffinerie des Flandres de Total, qui a traité 7 Mt de brut pour le marché intérieur et aussi du pétrole importé en vue d’en réexpédier les produits raffinés.
Le ralentissement conjoncturel de la sidérurgie au cours des trois premiers trimestres se traduit par une baisse de 9 % des minerais à 13,1 Mt, tandis que les charbons, poussés par les transbordements vers les centrales thermiques de Grande-Bretagne, croissent de 3 % à 8,8 Mt. Les grands vracs industriels liquides et secs totalisent ainsi 36,7 Mt, soit 68,8 % du trafic. Dunkerque reste avant tout le port des grands vracs des industries pétrolière et sidérurgique. Une hausse de 23 % des exportations de céréales à 1,2 Mt complète ce tableau. Les autres vracs, à savoir sables, minerais non ferreux, laitiers, ferrailles, scories, chaux vive, produits chimiques et engrais, connaissent des fortunes diverses qui se traduisent par un score stable à 2,6 Mt.
Le trafic roulier reste dynamique, avec une nouvelle bonne performance de Norfolkline, pourtant proche de la saturation. Cette compagnie danoise, de droit britannique mais basée aux Pays-Bas, a transporté quelque 420 000 unités routières pour 8,8 Mt de fret (+ 8 %) et aussi, discrètement quelque 800 000 passagers, moitié chauffeurs et moitié touristes. Les conteneurs déçoivent. Jean-Claude Terrier signale que les escales exceptionnelles notées en 2004 en délestage du Havre, à savoir 13 000 EVP manutentionnées pour Mærsk-Sealand, MSC et Hyundai, ne se sont pas reproduites. Les 205 000 EVP (+ 2 %) consolident donc essentiellement la hausse due à l’AE7 du service Chine/Europe de Mærsk-Sealand, à présent Maersk Line. Il note aussi que les négociations plus longues que prévues pour la reprise du terminal ont pu ralentir la croissance de l’activité.
PEU DE SUBVENTIONS
Dans la tendance de ces dernières années, les investissements sont stables à 33 M€, dont 87 % financés par le PAD et le reste par des subventions. Ces investissements sont ainsi répartis: 700 000 € pour le Centre de régulation intégrée (CRI); 700 000 € pour une pelle hydraulique; 1,5 M€ pour les terre-pleins du quai de Flandres; opérations routières diverses au port Ouest; entretien du patrimoine portuaire. Les opérations les plus importantes sont pluriannuelles: 5 M€ pour l’électrification de la voie des Huttes au port Ouest en phase d’achèvement; 4M€ pour le portique fluvio-maritime du quai aux aciers; 15 M€ pour l’aménagement de la zone ro-ro, dont la moitié pour une nouvelle passerelle au quai de Ramsgate qui accueille les navires de nouvelle génération de Norfolkline. La sûreté, imposée par les normes du code ISPS et l’accord franco-britannique du Touquet, a alourdi nombre de devis.
Jean-Claude Terrier et le directeur commercial du PAD Pierre Joly insistent sur l’effet de levier des investissements de ces derniers mois. Le plus spectaculaire sur les quais est la grue de Dunkerque Multibulk Terminal (DMT), tardivement achevée et qui représente 4 M€ sur un programme quadriannuel plus de 10 M€. Holcim a achevé un broyeur de 28 M€ qui devrait générer 200 000 t d’expéditions maritimes vers Anvers. Pour 14 M€, Ryssen a mis en service une distillerie d’alcool à l’arrière du port Ouest et reliée par conduite aux terminaux de Polimeri Europa. NFTI a pris livraison de quatre nouveaux stackers (1,3 M€). Dunfresh a doublé à 29 000 m2 ses installations de logistique de produits frais (6 M€). Banalliance a ouvert 5 000 m2 d’entrepôt équipé de palettiseurs (5 M€). Dailyfresh, installé provisoirement chez Créimmo (filiale de la CCI de Dunkerque), lui fait construire une première tranche de 6 000 m2 (4 M€). En projetant les investissements du PAD à 60-65 M€ sur deux ans (2005-2006), son directeur général note quatre "cercles concentriques" d’effet de levier. Le premier porte sur quelque 60 M€ d’investissements privés purement portuaires. Le deuxième concerne les industriels "aux pieds dans l’eau" qui dépenseront 60 M€ pour les quais. Le troisième cercle "maritime" inclut notamment l’entrée d’APMT à NFTI et la livraison de trois navires à Norfolkline, soit 300 M€. Enfin, le quatrième cercle comprend les investissements de consolidation de la grande industrie, soit 250 M€ au bas mot et essentiellement chez Arcelor. Le total s’établit 600-700 M€ investis en deux ans pour les bassins.
PERSPECTIVES PRUDENTES
Les records portuaires sont faits pour être battus. Dans quelles proportions et à quelle cadence le seront-ils? Pierre Joly est prudent comme à l’accoutumée. Moins de pétrole peut-être, mais cela reste à vérifier, plus de sidérurgie sans doute, davantage de vracs divers et plus de marchandises diverses avant tout en ro-ro, tel est le programme à venir. Le PAD, qui ne donne pas de chiffres, se satisferait sans doute d’une croissance de 5 %.