L’épidémie a frappé le Nord du pays et notamment la Lombardie, véritable moteur économique de la péninsule. Dans ce foyer du Covid-19, avec la Vénétie, des mesures drastiques ont été adoptées pour enrayer la propagation du virus. L’arrêt de plusieurs sites de production, à l’instar d’Armani (luxe), Epta (climatisation), Gimi (ameublement) GN hearing (prothèses auditives), Mta (pièces détachées secteur automobiles), ont d’ores et déjà engendré un ralentissement de l’économie régionale.
L’inquiétude est de mise dans la communauté portuaire, compte tenu du niveau d’interdépendance entre certains ports italiens et la Chine, à commencer par les premiers d’entre eux, Gênes, Trieste et Livourne. Les autorités portuaires des sites pénalisés par l’interruption des échanges commerciaux depuis le début de la crise sanitaire, ainsi que les représentants de la chaîne logistique touchés en rebond par le ralentissement des activités, tirent la sonnette d’alarme. « La santé publique prime évidemment sur le reste. Mais une interruption des activités portuaires aurait des répercussions dévastatrices sur l’économie », réagit Paolo Emilio Signorini, président de l’autorité portuaire génoise qui prévoit déjà un premier trimestre plombé, mais aussi avec un effet sur avril.
« Dix compagnies de la ligne régulière opérant sur la route Asie-Europe ont déjà annulé leurs services qui faisaient escale à Gênes. C’est une catastrophe car la Chine est pour nous un partenaire commercial essentiel. Les activités liées aux conteneurs représentent en effet 15 à 20 % du trafic global dans notre port », ajoute Paolo Emilio Signorini. L’autorité portuaire va solliciter, « si la crise persiste », l’aide du gouvernement pour les entreprises portuaires sous forme de mesures ciblées, « comme ce fut le cas après l’effondrement du pont Morandi ».
Selon les estimations provisoires de l’autorité portuaire génoise, le trafic aurait diminué de 5 % en janvier, avec d’inéluctables répercussions sur les activités des transporteurs, comme le note l’association Trasportounito. « L’interruption des échanges avec la Chine pénalise les activités de treize ports italiens qui travaillent avec ce partenaire. Il est à souhaiter que les projets bilatéraux inscrits dans le programme de la Route de la Soie ne seront pas également impactés par cette crise sanitaire, car là, les conséquences se feraient sentir aussi sur le long terme », note Maurizio Longo, président de Trasportounito.
Après la découverte de 19 cas confirmés en Ligurie, l’autorité portuaire craint désormais l’apparition de cas dans son enceinte. « Si des malades de Covid-19 devaient être découverts au sein des entreprises qui travaillent dans le port, nous serions contraints de fermer les terminaux. Et si, par ailleurs, la situation devait empirer, nous devrions également bloquer les camions de et vers les zones foyers. Le scénario serait identique si des cas devaient être découverts parmi les croisiéristes qui arrivent chaque jour à Gênes », s’inquiète Paolo Emilio Signorini.
Un enjeu pour les ports italiens. En 2019, ils ont accueilli 12 millions de croisiéristes et 4 830 escales de paquebots. Mais aussi pour la Méditerranée dans son ensemble. La croisière y représente une petite trentaine de millions de passagers en 2018 et 17 % des capacités mondiales déployées.
20 M€
Le MPCT, le terminal croisière du port de Marseille, détenu et exploité de façon inédite par Costa et MSC, va investir 20 M€ pour accroître sa capacité. La création d’un 3e terminal d’embarquement de 9 000 m2 est en cours d’aménagement. Le môle Léon Gourret permet déjà de recevoir six paquebots dont quatre géants. Le trafic croisière s’est établi à 1,85 million de passagers en 2019, en croissance de 8 %. Marseille-Fos s’est imposé en quelques décennies parmi les premiers ports méditerranéens sur ce segment.
