C’est l’histoire d’un litige sans fin pour le contrôle d’un terminal qui bénéficie d’une position stratégique à l’entrée de la mer Rouge. La décision du gouvernement de Djibouti de demander à la Haute Cour du pays de déclarer nulles et non avenues toutes les décisions internationales antérieures est « un mépris et une violation totale du système juridique mondial et des contrats existants », a déclaré DP World courant de l’été.
En avril, le gouvernement de Djibouti avait été sommé par la cour d’arbitrage international de Londres (London Court for International Arbitration) à verser 385 M$ (hors intérêts et arriérés de redevances) à DCT, opérateur portuaire djiboutien détenu à 33,34 % par l’opérateur portuaire de Dubaï et à 66,66 % par Port de Djibouti SA, pour avoir rompu de façon unilatérale le contrat qui les liait depuis 2006 pour l’exploitation pendant 50 ans du terminal à conteneurs de Doraleh. L’exploitant avait été expulsé sans effet le 22 février 2018 conformément à une loi adoptée par le parlement djiboutien en 2017 autorisant le gouvernement à revoir les contrats dits stratégiques de manière unilatérale. Après avoir annulé le contrat de concession, Djibouti l’avait nationalisé en vue de développer de nouvelles opportunités portuaires avec… China Merchants Port. La High Court of England and Wales avait précédemment arbitré également en faveur de l’Émirati en 2017. Des décisions de droit ignorées par la République de Djibouti. En arrière-plan, se profile en fait une guerre larvée entre les Émirats arabes unis et la Chine qui se disputent l’influence géopolitique en Afrique. En 2013, un accord conclu entre l’opérateur portuaire chinois China Merchants (CMHI) et les autorités portuaires a donné du sens à cette thèse. Il a permis à CMHI d’acquérir 23,5 % du capital de Port de Djibouti SA, moyennant quelque 185 M$. DP World est engagé dans une autre bataille juridique dans la région de Doraleh, au sujet d’une zone de libre-échange de 3,5 Md$, exploitée aujourd’hui par CMHI, et que DP World a créée.