« Si, dans le futur, les chargeurs veulent un service, ils devront le payer ». Un brin provocante la déclaration (2010) de Gianluigi Aponte, fondateur et président de MSC. S’il n’y avait aucune interrogation contenue dans le propos, la question reste sans réponse. « C’est le problème de notre secteur. Beaucoup de personnes demandent de nombreuses choses mais il serait intéressant de comprendre ce qu’ils sont réellement prêts à payer pour ces améliorations ». Le PDG de Hapag-Lloyd, Rolf Habben Jansen, réagissait ainsi à l’arrêt commercial en mars 2015 du service quotidien à délai garanti, le « Daily Service » de Maersk, qui en cas de non-respect, s’engageait à dédommager le chargeur. Le Conseil européen des chargeurs avait pourtant officiellement soutenu cette démarche.
La question demeure : pour quels services les clients sont-ils prêts à payer ? Des délais plus courts ou garantis ? Un supplément de qualité ? Mais finalement contrôlent-ils réellement leurs transports maritimes (l’incoterm choisi donnerait sans doute un éclairage). Quoi qu’il en soit, il ressort des divers sondages que la fiabilité du transport figure parmi les premiers critères de choix. Celle des transporteurs maritimes est régulièrement mesurée par CargoSmart Ltd, éditeur spécialisé dans les solutions logicielles de logistique (40 transporteurs maritimes connectés à sa plateforme).
Partie prenante, l’analyse auprès de 22 transporteurs maritimes sur 12 voies commerciales, n’en reste pas moins intéressante dans un contexte où, pour absorber la hausse du cours du pétrole, certains armateurs optent pour le slow steaming. Mais aussi parce que, indique l’éditeur, « bon nombre des grands transporteurs maritimes ignorent les enquêtes de fiabilité des horaires et font rarement mention de la détérioration ou de l’amélioration de l’intégrité du niveau de service dans leurs rapports. Ils croient que les chargeurs ne s’intéressent qu’au prix ». Pour autant, les transporteurs multiplient les services dits « express », souvent en dehors des alliances maritimes d’ailleurs. Ainsi, APL, avec son Eagle Express (EXX), revendique un temps de transit entre Shanghai et Los Angeles de 11 jours. Le transporteur sud-coréen Hyundai Merchant Marine a récemment lancé sa boucle AEX (Asia Europe Express) avec un temps de transit de 28 jours de Shanghai à Rotterdam, contre 30 à 40 jours (annoncés) de ses concurrents. Prémices d’une révolution culturelle dans les relations commerciales ?