Mer Noire : le mécanisme d'assurance sur les céréales s'ouvre aux exportations industrielles

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Crédit photo ©oleksandr.kubrakov
Lancée en novembre 2023 pour couvrir les risques de guerre des vraquiers chargés de denrées agricoles, la facilité d'assurance ad hoc, fruit d'un partenariat entre l'assureur Marsh & McLennan, la place londonienne et deux banques publiques ukrainiennes, va être étendue à l'acier et au minerai de fer notamment. Une extension présentée comme essentielle au soutien de l'économie ukrainienne.

La mer Noire, éclipsée par les événements en mer Rouge, n’est pas plus hospitalière pour les navires qui y transitent depuis le blocus maritime imposé par la Russie au lendemain de son invasion de l’Ukraine en 2022.

Après de multiples tentatives avortées pour faire revenir le président russe Vladimir Poutine dans l’accord sur les exportations céréalières, négocié sous l’égide des Nations Unies pour permettre les exportations de céréales, vitales au programme alimentaire de nombreux pays en voie de développement, les eaux russes et ukrainiennes de la mer Noire se sont retrouvées dans une zone à haut risque de guerre.

Un partage des risques public-privé

Parallèlement à la voie diplomatique, Kiev a œuvré de son côté à la mise en œuvre d’un corridor parallèle pour permettre à ses céréales et denrées agricoles de sortir des eaux territoriales ukrainiennes voire aux navires piégés par la guerre depuis de long mois dans ses ports de pouvoir transiter.

La route a été enregistrée auprès de l'Organisation maritime internationale (OMI) et le Conseil de l’ONU a reconnu son droit international à la libre navigation commerciale.

Pour donner toutes ces chances à cette route à haut risque de guerre, le gouvernement ukrainien s’était montré disposé à assumer une partie des risques en partenariat avec le secteur privé et une banque publique.

Un accord a ainsi été négocié durant l'été 2023 avec l'assureur Marsh & McLennan, le marché de l'assurance londonien (Lloyd's) ainsi que les banques publiques ukrainiennes Ukreximbank et Ukrgasbank pour la mise en œuvre d’une facilité d'assurance ad hoc (Unity).

Assurance à prime réduite

Lancé en novembre 2023, le dispositif offre une assurance jusqu'à 50 M$ contre les risques de guerre pour la coque et la protection et l'indemnisation (P&I) à des primes considérablement réduites par rapport à la tarification standard du marché .

Dans un communiqué conjoint en date du 1er mars, les parties prenantes ont annoncé l’élargissement de ce mécanisme à toutes les cargaisons non militaires, telles que le minerai de fer, l'acier ou autres biens industriels transportés  conteneurs.

Les lettres de crédit de soutien créées par les banques publiques ukrainiennes Ukreximbank et Ukrgasbank, toutes deux confirmées par DZ Bank, continueront à fournir un fonds de compensation de première perte aux propriétaires de navires et aux affréteurs.

Essentiel au rebond économique du pays

« L'extension de l'assurance aux navires transportant toutes les cargaisons non militaires est extrêmement importante pour l'Ukraine, notamment en ce qui concerne l'exportation de produits métallurgiques, explique Yulia Svyrydenko, première vice-première ministre de l'Ukraine et ministre de l'Économie, ajoutant que le secteur a été « fortement affecté par l’invasion à grande échelle ».

En 2023, par rapport à 2021, la production d'acier a été divisé par plus de trois, indique-t-elle. « L'assurance des navires soutient nos efforts pour augmenter le volume de toutes les exportations de produits non bruts, en particulier le minerai de fer et l'acier. Ce sont des priorités du gouvernement pour améliorer la résilience économique de notre pays ».

Les assureurs n’ont pas précisé le volume et la valeur des souscriptions.

Cumul des risques mer Rouge/mer Noire

Selon Kpler, qui fournit des données de marché sur les matières premières, seuls les navires céréaliers en provenance de la mer Noire et à destination de l'Iran traversent encore la mer Rouge.

« Tous les navires que nous suivons et qui vont de la mer Noire vers l'Asie passent par la mer Rouge, presque sans exception. La quasi-totalité des vraquiers en provenance des Amériques et de l'Europe occidentale évitent la mer Rouge », indique Ishan Bhanu, analyste principal des matières premières agricoles chez Kpler.

Le transit de céréales par le canal de Suez a atteint un niveau plancher de 2,6 Mt en février, contre 5,3 millions de tonnes en février 2023, estime l'analyste.

De nombreux armateurs sont donc encore prêts à accepter le danger et il est encore possible de réserver des navires pour les traversées de la mer Rouge, précise-t-il. Les achats chinois de maïs ukrainien effectués récemment devraient donc transiter par la mer Rouge.

Adeline Descamps

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