Quatre jours après avoir été dévasté par le cyclone Chido, le plus intense qu'ait jamais connu Mayotte depuis 90 ans, les fonctions vitales du territoire de l'océan Indien, que sont l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi, en Petite-Terre, et le port de Longoni, sont réinitialisées pas à pas. « Il y a désormais des motifs de progrès et d’espoir », explique ce 18 décembre sur France Info le général de brigade Jean-Marc Giraud, commandant des Forces armées dans la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), en référence à la continuité territoriale instaurée entre l’Hexagone et l’île de Mayotte via la Réunion.
Son aéroport est toujours fermé aux vols commerciaux et uniquement accessibles aux appareils militaires. Mais un pont aérien s’est organisé avec une boucle arrière qui permet d’approvisionner La Réunion et une boucle avant qui assure la connexion entre l’île et Mayotte. Aujourd’hui, cette desserte permet d’opérer cinq vols militaires par jour, trois vols d’A400 M, le gros-porteur militaire européen, et deux de CASA, les avions de transport tactique. Soit 60 tonnes de besoins essentiels qui pourront être poussés quotidiennement, à compter de ce jour, vers le territoire de désolation qu'est devenu ce territoire, qui était déjà le département le plus pauvre de l'Hexagone.
Continuité territoriale
« Depuis l’aéroport de Petite-Terre, où est acheminé le fret aérien, il faut ensuite le diriger vers Grande-Terre et les 24 points de distribution dans les communes par des mouvements de barge. Mais il est heureux de constater que cette continuité territoriale entre les deux poumons de Mayotte que sont l’aéroport de Petite-Terre et le port de Longoni sont rouverts d’accès », explique le militaire, interrogé par France Info.
Le port est désormais pleinement opérationnel, après avoir fait l’objet d’inspections par des plongeurs de la marine nationale. Les grues sont fonctionnelles et le chenal d’accès a été déblayé, libre d’épaves. Le premier bâtiment à rouvrir le port sera, comme annoncé, le Champlain, bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) de la Marine française. Il va pouvoir assurer une assistance en volume.
Un navire de CMA CGM en partance
Cet acheminement stratégique et logistique sera ensuite relayé par des moyens civils, navires et avions réquisitionnés. Ce qui permettra de changer d’échelle, explique le général, à la fois pour satisfaire les besoins physiques des populations mais aussi pour la remise en état des infrastructures. Un navire de CMA CGM devrait à cet effet très prochainement apporter les premiers éléments nécessaires aux réparations. Les axes routiers restent obstrués par les chutes d'arbres et de débris mais près 80% du réseau routier est de nouveau accessible.
Actuellement, selon les données du point gouvernemental quotidien, 8 000 personnes sont hébergées dans les établissements scolaires encore en état. Le réseau électrique fonctionne à 50 %. Un taux qui, selon le nouveau premier Ministre Bayrou, pourrait atteindre 75 % d'ici la fin de la semaine.
L'eau potable sera rétablie à 50 % dans les 48 heures et 95 % dans les sept jours,
A l'hôpital, de nombreux services sont inopérants, parmi lesquels les urgences, le déchoquage et la réanimation. Quelque 100 000 personnes qui vivent en habitats précaires, dont une bonne partie s'est effondrée après le passage du cyclone, comme dans le bidonville du quartier de Kawéni à Mamoudzou.
Adeline Descamps