Le coup de pression ultime tenté par le fonds d'investissement privé CVC Capital Partners, tête de pont du soumissionnaire écarté en dernière ligne de la bataille pour DB Schenker, aura eu l’effet d’un soufflé dont les blancs en neige n'ont pas été montés assez fermement. La Deutsche Bahn y a opposé une fin de non-recevoir en déclarant le processus de vente de sa filiale DB Schenker clos et son accord avec DSV pour le rachat, définitif, bien que l’opération doive encore obtenir l'approbation du conseil de surveillance de la Deutsche Bahn, du ministère fédéral allemand du Numérique et des Transports et des autorisations réglementaires classiques.
Ultime épisode d’un long narratif depuis qu’est connue l’intention de l’opérateur du rail allemand de céder sa très rentable pépite logistique (42 % de ses revenus en 2023), officiellement mise sur le marché depuis décembre 2023.
DSV, numéro quatre mondial du secteur, a emporté le morceau il y a quelque jours pour 14,3 Md€, l'offre la plus avantageuse pour le propriétaire sachant que sa pépite a vu son résultat d'exploitation chuter de 38 % sur un an à 1,1 Md€ en 2023, les taux de fret s'étant normalisés après deux années épiques.
Rebondissement
Or, quatre jours à peine après l’annonce, le fonds de capital investissement a rouvert le dossier en indiquant dans un courrier adressé au conseil d'administration de la Deutsch Bahn et au comité exécutif que le consortium (CVC Capital est associé à deux fonds souverain, saoudien et émirati) se montrait disposé à surenchérir sur sa dernière offre (14 Md€).
Révélée par Bloomberg, la lettre expose les raisons pour lesquelles le fonds d’investissement privé considère son offre actuelle comme « supérieure » à celle du commissionnaire de transport danois. Mais il ajoute qu'il est prêt à discuter d'une « augmentation potentielle de la valeur des actions de son offre », et demande à la maison-mère de DB de mener « un processus d'égalité de traitement et de transparence qui permette à la meilleure offre de l'emporter ». Un procédé peu coutumier voire déroutant.
Dans ses commentaires, l'opérateur ferroviaire rappelle que toutes les offres ont « été examinées et évaluées de manière approfondie » par ses équipes et ses consultants « dans le cadre des exigences procédurales et légales et ont été discutées au sein des comités compétents ». Il ajoute que le conseil de surveillance a confié une expertise à un cabinet d’audit externe, lequel « a validé les offres de manière neutre et a émis une évaluation finale ». Et répète que la proposition du Danois est la meilleure d'un point de vue économique et au regard des critères définis dans l'appel d'offres. « Les déclarations unilatérales des soumissionnaires ne peuvent plus être prises en compte », ferme-t-il la porte.
Financement assuré par DSV
DSV prévoit de financer la transaction au cours des 12 prochains mois en combinant un financement par actions (d'environ 4 à 5 Md€) sans droits de préemption pour les actionnaires existants et par la dette. L'entreprise a obtenu des facilités de financement de BNP Paribas, Danske Bank, HSBC et Nordea pour la transaction.
DSV et DB Schenker devraient réaliser un chiffre d'affaires pro forma d'environ 39,3 Md€ sur la base des chiffres de 2023 (147 000 personnes dans plus de 90 pays) avec des fonds propres de 11 Md€.
Adeline Descamps
DSV annonce l'acquisition de DB Schenker clôturant une longue séquence de manœuvres
DB Schenker : Maersk n'ira pas plus loin dans la bataille des offres
DB Schenker : le nombre et l'identité des prétendants connus
DB Schenker : DSV, Maersk et des fonds saoudiens en lice ?
Deutsche Bahn a lancé le processus de vente de DB Schenker
Deutsche Bahn : la seconde phase de la vente de DB Schenker est enclenchée
Retour des opérations d'envergure dans la commission de transport
Les appétits se réveillent entre grands commissionnaires de transport
Manœuvres estivales dans la logistique
DSV Panalpina : Naissance d'un géant de la commission de transport aérien et maritime
Balguerie intéressé par les activités de Bolloré Logistics en outre-Mer
Bolloré Logistics passe dans le giron de CMA CGM à quelques exceptions près
Bolloré Logistics : CMA GGM obtient le feu vert de Bruxelles moyennant quelques cessions
CMA CGM doit céder les activités de Bolloré Logistics en Polynésie française
La marque Bolloré Logistics va disparaître pour se fondre dans celle de Ceva
Avec Bolloré Logistics, CMA CGM va réaliser la plus importante transaction depuis sa création
CMA CGM, MSC, Maersk : la consolidation d'un patrimoine logistique en mode accéléré