L'agenda sera chargé pour la commission de transport cette année. Et le premier trimestre en donne un avant-goût. L’opérateur historique du rail allemand Deutsche Bahn, maison-mère de DB Schenker, avance dans le processus de vente de sa lucrative filiale de commission de transport (près de la moitié des revenus de sa maison mère) pour laquelle des fonds d'investissement saoudiens, le transitaire danois DSV Panalpina et peut-être Maersk, sont en lice.
CMA CGM a jeté l’éponge pour la Britannique Wincanton pour lequel il aurait fallu relever l’offre afin de contrecarrer une proposition mieux-disante du groupe américain GXO Logistics. Mais l’armateur français a finalisé l’acquisition d’un très gros bout de Bolloré, avec les activités de commission de transport du groupe, emportées pour 4,85 Md€.
Parmi les dossiers suspendus figure l’opération annoncée en décembre par MSC, qui a manifesté un vif intérêt pour le commissionnaire de transport français Clasquin. Le président du conseil d’administration, Yves Revol, et sa holding Olymp, actionnaires, qui contrôlent l’entreprise, étaient alors entrés en négociations exclusives avec Shipping Agencies Services (SAS), véhicule financier du leader mondial de transport de conteneurs en vue de la cession de l’intégralité de leur participation de 42 %.
L’exclusivité avait été consentie pour permettre à MSC, qui déposé une offre d'achat non engageante, de procéder à un audit avant de convertir son intention en promesse d’achat.
Passage à l'acte
Un accord a été conclu en fin de semaine dernière avec la direction et les principaux actionnaires, qui ont accepté de céder leur participation de 42,06 % au prix de 142,03 € l’action (153,86 $), représentant une prime de 14,22 % par rapport au volume moyen pondéré sur 60 jours de bourse précédant l’approche de MSC, de 59,94 % par rapport au dernier cours de clôture du titre et de 70,42 % par rapport au volume moyen pondéré sur 60 jours de bourse précédant l'entrée en négociations exclusives.
Cette proposition valorise Clasquin à 325 M€, légèrement en deçà de sa valorisation boursière estimée à 338,8 M€.
Opération à finaliser d'ici la fin de l'année
La transaction, qui doit encore être soumise à l’approbation des autorités réglementaires, devrait être finalisée d'ici à la fin de l'année. Après l'acquisition du bloc de contrôle (Yves Revol et Olymp), MSC devra déposer auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) une OPA portant sur le solde des actions (44,5 % en flottant) à un prix identique par action. Le groupe lyonnais devra alors se retirer de la côte où il a été introduit en 2006.
« La transaction est soutenue par le directeur général de Clasquin et d'autres membres clés de l'équipe de direction », fait valoir un communiqué. Ces derniers se sont engagés à apporter leurs actions dans le cadre de l’OPA, pour un total représentant environ 8,5 % du capital social.
Mise à l'échelle rapide pour MSC
Une fois toutes les étapes de procédure ficelées, MSC mettra la main sur l’une des rares ETI dans le secteur du freight forwarding en France. Elle lui offrirait une mise à l’échelle rapide et à coûts limités. Clasquin dispose d’une soixantaine de bureaux implantés en Europe (30), en Asie-Pacifique (22), en Amérique (9) et en Afrique (5).
Le groupe a réalisé l’an dernier 56,8 % de sa marge commerciale brute (143,1 M€ en 2023, + 2,2 %) avec le fret maritime et 28,1 % avec l’aérien tandis que la France représente encore la moitié de ses revenus (Europe-Moyen Orient-Afrique, 15,3%, Asie-Pacifique, 18,8 % et Amériques, 17,9 %).
En 2023, Clasquin, réputé pour tenir en respect ses ratios financiers, a cédé face à la conjoncture oblique, ayant enregistré un chiffre d’affaires de 562,1 M€ (versus 877,1 M€ en 2022, - 35,9 %), pour un résultat net en baisse de 16,1 %, à 18,3 M€. L'excédent brut d'exploitation (36,1 M€) est en repli de 10,4 %.
Le résultat opérationnel courant, qui avait atteint un niveau record en 2022 grâce notamment à des conditions de marché exceptionnelles, s’est fixé à 29,5 M€ ( -11,7 %), affichant cependant une rentabilité sur marge brute de 20,6 %. Le coût de l'endettement, bien que contenu (0,8 M€), a progressé de 20,3 %. Et malgré une légère augmentation du besoin en fonds de roulement lié à la hausse des taux de fret en fin d’année, l’endettement net du groupe est resté négatif (15,8 M€)
Bien implanté en Afrique
Le commissionnaire, bien implanté au Sénégal et au Burkina Faso, a pris le contrôle en mars 2023 (63,52 % acquis auprès du groupe familial Puech) de la société marocaine Timar, spécialisée dans le transport international et la logistique (14 sociétés, 18 bureaux dans 9 pays en Afrique du Nord, 61 M€, 414 personnes).
Cette opération faisait suite à la prise de contrôle en juillet 2022 des sociétés CVL International à Dakar, au Sénégal, et Exaciel AMC Logistique (90 %) en France.
Adeline Descamps
Lire sur ces sujets
Clasquin en négociations exclusives pour son rachat par MSC
DB Schenker : DSV, Maersk et des fonds saoudiens en lice ?
MSC, un intérêt croissant pour la logistique ?
Bolloré Logistics passe dans le giron de CMA CGM à quelques exceptions près
Wincanton : CMA CGM abandonne l’affaire
Bolloré Logistics : CMA GGM obtient le feu vert de Bruxelles moyennant quelques cessions
CMA CGM, MSC, Maersk : la consolidation d'un patrimoine logistique en mode accéléré
La commission de transport sur tous les radars
Bolloré peut céder Bolloré Africa Logistics à MSC
Retour des opérations d'envergure dans la commission de transport