Records, au pluriel. Dans le bilan dressé par l'Autorité portuaire du Pirée pour l'année 2022, le terme est employé pour la plupart des grandes catégories de trafics. Chiffre d'affaires, bénéfices, volumes, passagers, les résultats ont connu l'an dernier une extraordinaire envolée et, pour la plupart d'entre eux, les niveaux les plus élevés jamais atteints. Le chiffre d'affaires grimpe ainsi à 194,6 M€ contre 154,2 M€ l'année précédente, en augmentation de 26,2 %. Le bénéfice avant impôt est à l'avenant qui progresse de 51,7 %, à 74,7 M€.
L'un des trafics clés du Pirée reste le conteneur. S’ils restent en croissance, elle ne s’affiche toutefois pas dans les mêmes proportions. Surtout, le nombre de boîtes manutentionnées jusqu'en octobre laissaient présager d'un recul. Mais les derniers mois, et notamment décembre avec un fort rebond de 25,2 % par rapport au même mois de 2021, ont permis d'inverser la courbe et d'afficher finalement une croissance. Le port conforte ainsi sa 5e place européenne pour le trafic conteneur, alors que la progression est moins marquée voire absente chez ses challengers.
Au total, le port a donc traité 5 MEVP en 2022. Le terminal I, contrôlé directement par l'Autorité portuaire, elle-même détenue à 67 % par Cosco, enregistre une hausse de 5,4 % de ses manutentions, soit un niveau de progression proche de celui des années précédentes. En revanche, les terminaux II et III, exploités directement par le groupe chinois, marquent un recul par le nombre de conteneurs traités, en écho à la politique zéro covid prônée par la Chine l'an dernier.
Plus de zones logistiques
Côté croisière, les vents ont été porteurs et le port obtient des résultats flamboyants mais résultant d’un effet de base du fait de la longue période « sans ». Les paquebots ont été les plus impactés par les années Covid avec un trafic réduit à néant. Il a repris ses droits, passant de 304 000 à 880 000 passagers entre 2021 et 2022, ceci alors que les escales de paquebots passaient de 379 à 677. Le Pirée a également vu doubler le nombre des escales en tête de ligne. Quant au trafic de passagers à bord des ferries qui relient les îles de l'archipel grec, il a lui aussi augmenté de 26 % et a frôlé les 15 millions de personnes, contre un peu moins de 12 millions l'année précédente.
Ce développement se traduit aussi par des extensions en dehors de l’enceinte portuaire. Les terrains en bord de quais sont pleins à craquer et le port du Pirée, enclavé dans Athènes, ne dispose d'aucun foncier disponible. Trois zones logistiques sont en projet. L'une, qui réunit trois plateformes, va être aménagée dans les mois qui viennent dans la plaine de Thriasio Pedio, sur un site logistique qui connecte route et rail et se trouve tout proche de l'aéroport d'Athènes.
Deux autres sont également annoncées à l'extérieur d'Oinofyta, dans la banlieue d'Athènes, reliées au port par autoroute et voie ferrée et situées à proximité de l'aéroport. Ces nouveaux sites vont accompagner la montée en puissance du port du Pirée voulue par Cosco pour conforter son rôle de point d'entrée dans l'Union européenne et consolider son assise logistique.
Myriam Guillemaud Silenko
