Brookfield Infrastructure, gestionnaire d'actifs alternatifs (800 Md$ en portefeuille), va racheter le numéro un mondial de la location de conteneurs, coté sur le marché new-yorkais (Nyse), pour 4,7 Md$. Ce qui valorise le titre à 85 $, soit une prime de près de 35 % par rapport à la dernière clôture. Les actionnaires de Triton recevront 68,50 $ par action en espèces, les 16,50 $ restants étant versés sous forme d'actions partielles de Brookfield.
L'opération, qui devrait être conclue au quatrième trimestre sous réserve de l'approbation des actionnaires de Triton et des autorisations réglementaires, est évaluée à environ 13,3 Md$, dette comprise.
« Cette transaction cristallise un rendement total pour les actionnaires d'environ 700 % depuis la fusion en 2016 de Triton et de TAL International », a précisé Brian Sondey, PDG de Triton, signifiant une belle opération.
La société d’investissement canadienne achète une entreprise qui avec ses 7,3 millions de conteneurs, partage avec Textainer, le marché mondial de la location de conteneurs.
Deux années exceptionnelles
Le bailleur de boîtes sort de deux années exceptionnelles, un moment inédit dans le secteur « où l'offre de conteneurs a été un facteur bloquant pour le commerce mondial et où il y a eu une pénurie absolue de capacité de conteneurs », selon les termes d’un cadre dirigeant de Triton au moment de la présentation des résultats annuels.
Le leader mondial a publié un bénéfice net de 702,8 M$ en 2022 et avec près de 1,7 Md$ de revenus de location. son parc affichant un taux d'utilisation moyen de 99,1 % l'an dernier et de 97,6 % à en début de cette année, bien deçà cependant des 99,6 % enregistrés au même moment en 2021. Cette année-là, l'entreprise avait investi 3,6 Md$ dans sa flotte de boîtes, franchissant ainsi le cap des 7 millions d'unités.
L'entreprise a utilisé ses liquidités pour racheter 14 % de ses actions en circulation, réduire l'endettement et assurer un versement (en pourcentage du revenu net) de 30 % de dividendes à ses actionnaires.
Une production en hausse de 130 %
Fait exceptionnel, la performance a été réalisée dans une conjoncture où les coûts de production des conteneurs ont flambé, à 3 400 $ pour un dry de 20 EVP. Les loueurs représenteraient 68 % des achats de ces rectangles en acier acidulé qui se sont montrés si essentiels ces deux dernières années, ère de la pénurie.
L'industrie extrêmement consolidée de la fabrication de conteneurs, localisée en Chine, n’aura jamais construit autant de conteneurs qu’en 2021 pour une capacité de 7,18 MEVP, selon Drewry, ce qui représentait alors une hausse 130 % par rapport à 2020 et de 62 % par rapport au précédent record en 2018.
Selon le consultant, la production de 2022 (pas encore confirmée) devrait s’établir entre 4,5 et 4,8 MEVP. Quant aux prix de la location, ils ont pu atteindre 6 500 $ à leur plus haut, au deuxième trimestre de 2021.
Adeline Descamps