Arrivé en avril 2019 à la tête du port de Marseille, Hervé Martel n’a manifestement pas encore consolidé toutes ses équipes après avoir pourtant procédé en 2021 à une refonte de l’organigramme et à une redistribution des postes-clés. Entendu à l’occasion d’une indiscrétion au Mipim, le rendez-vous de la filière de l'immobilier qui se déroule jusqu’au 17 mars à Cannes, Rémi Costantino, jusqu’à présent secrétaire général d’Euroméditerranée – l’établissement public d'aménagement (EPA) conduisant depuis 1995 la vaste opération de rénovation urbaine de 480 ha à Marseille qui s'étend du nord du Vieux-Port jusqu'à Cap Pinède – rejoint la direction du port en tant que directeur général adjoint.
Entré au sein de l’EPA en juillet 2016 en tant que directeur de la stratégie et de la prospective, il y était depuis juin 2018 en charge du développement, de l’innovation et de l’international. Et à ce titre, outre les fonctions en lien avec son titre, il avait pour mission d’encadrer les fonctions transversales et d’organisation de l’établissement ainsi que la relation avec les institutions partenaires (nombreuses) et les tutelles.
Celui qui a pu se trouver à un moment ou à un autre en conflit d’usage avec les services administratifs portuaires (les deux établissements appelés à partager les espaces), rejoindra le 3 avril Hervé Martel à la direction générale, qu’il secondera avec des fonctions spécifiques à ses compétences professionnelles, à savoir l’aménagement. « J’aurais notamment pour mission de travailler à la réindustrialisaton du foncier, de consolider et de développer les projets en cours autour de la production des nouvelles énergies [référence à l'industriel Carbon, qui envisage de créer une usine de 60 ha à Fos pour fabriquer des panneaux photovoltaïques, NDLR] dans le cadre d’une vision bien structurée de l’aménagement », explique au JMM le nouveau promu. Il ne s’agissait apparemment pas d’un poste ouvert.
Les ports européens face à la révolution énergétique
Une révolution spatiale
L’homme arrive à un moment clé dans l’histoire des ports, eux aussi à la croisée des chemins avec la transition énergétique comme ligne de crête. Il leur est désormais assigné de valoriser leur foncier en contribuant notamment à la réindustrialisation du pays et à devenir en outre des hubs de production d’énergies nouvelles (captage et le stockage du carbone, hydrogène, approvisionnement en GNL, production d’ammoniac, d’hydrogène, etc.) et d’être eux-mêmes des lieux décarbonés (électrification des équipements portuaires et alimentation électrique à terre, traitement des biodéchets etc.). Les nouvelles activités ne sont pas sans conséquences sur l’affectation des sols et des usages, l’ensemble de ces développements nécessitant un aménagement spatial plus intégré.
Le port de Marseille est engagé dans ses évolutions, a assuré Christophe Castaner, le président du conseil de surveillance récemment nommé à l’occasion de sa première « sortie » publique en janvier.
Ce mois-là, la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer a été selectionnée dans le cadre du premier appel à projets « zones industrielles bas carbone », lancé en mars 2022 par l’Ademe. Quant à l’éolien offshore, nouveau totem des ports, Marseille Fos entend structurer une filière industrielle. « La communauté portuaire est en train d’acquérir de l’expérience. On a gelé 80 ha dans la perspective de ses développements. C’est un nouveau métier et une nouvelle façon de concevoir les infrastructures », a indiqué Hervé Martel, lors de la présentation des trafics portuaires pour 2022.
Alors que le parc éolien en mer Provence Grand Large de trois éoliennes flottantes à 17 km de la côte au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône, est en cours, un autre est prévu dans le Golfe de Fos. Dans le cadre des appels à manifestation d’intérêt (AMI) lancés par l’État, Marseille Fos a candidaté pour l’aménagement des infrastructures qui permettront le déchargement et stockage des composants, l’assemblage et le montage. Les lauréats de ces procédures de mise en concurrence doivent être connus cette année.
Amal Louis aux solutions intermodales
Rémi Costantino a donc de quoi faire. Il devra enfin conduire, sur les bassins Est, la réhabilitation de la halle maritime (J0) située dans la continuité de l’actuel siège du GPMM et à proximité de la hall J1, ce vaste chantier de reconversion d’une ancienne halle portuaire portant sur une emprise de 25 500 m2 et confié à un groupement qui associe Adim Immobilier Provence, Vinci Construction, la Banque des territoires et l’architecte-urbaniste Carta-Reichen.
Au sein du J0, structure de type Eiffel, 8 500 m² seront alloués au futur siège social de l’établissement portuaire. Le lancement de l’appel public à concurrence auprès de groupements d’investisseurs-promoteurs est prévu d’ici la fin du premier semestre pour des travaux à réaliser à horizon 2024-2025.
Cela bouge aussi aux fonctions commerciales. Une nomination-surprise, avec l’arrivée d'Amal Louis, à la direction du développement commercial et des solutions intermodales (le poste était vacant) après 20 ans au sein de la compagnie Marfret, où elle a occupé diverses responsabilités. En plus d’incarner la compagnie maritime localement, la nouvelle recrue, qui a toujours reconnu à la famille fondatrice Vidil de l’avoir aidé à grimper les échelons au sein de l’entreprise, est investie sur la place portuaire, en tant que présidente ou membre d’associations professionnelles locales telle l’Association des agents et consignataires de navires de Marseille Fos.
A.D – N.B.C