Lancé quelques mois après le début de la guerre, le site, hésitant entre dénonciation, propagande et preuves sourcées (par la presse ou des ONG), pointe les failles du système en stigmatisant les entités commerciales et individus qui, selon le gouvernement ukrainien, devraient être sanctionnés pour une attitude équivoque, de soutien indirect à l’effort de guerre russe. À l'heure actuelle, le site répertorie 17 entreprises, parmi lesquels le distributeur français Leroy Merlin (Bonduelle a figuré sur la liste).
Plusieurs compagnies maritimes grecques, non des moindres car dirigées par des personnalités du shipping grec, George Economou, George Prokopiou, Andreas Martinos, Nikolas Maritnos et Diamantis Diamantidis, viennent de rejoindre la liste ukrainienne. Il s’agit de TMS Tankers, Minerva Marine, Thenamaris Ship Management, Dynacom Tankers Management et Delta Tankers.
La retenue des compagnies grecques en cause
Parmi les accusations : les pétroliers contrôlés par la Grèce continueraient de faire escale dans les ports d'exportation de pétrole russe de la mer Baltique et de la mer Noire voire qu'ils transportent jusqu'à un tiers du marché russe du brut.
Mais les « règles ne sont pas claires » selon plusieurs dirigeants grecs qui l’ont d’ailleurs souligné publiquement. Directement impacté dans ses activités par les sanctions du bloc occidental contre la Russie, notamment celles visant le pétrole, George Prokopiou, fondateur de Dynacom Tankers Management, Dynagas et Sea Traders, avait profité de la tribune offerte par l’événement Capital Link en juin dernier à Athènes pour faire part de sa perplexité face à l’empilement des sanctions : « Nous vivons dans une zone grise, à la lisière de ce qui est légal et illégal ».
Cinq de ses pairs, tous ayant écrit les riches heures du transport maritime grec - Evangelos Marinakis (Capital Maritime & Trading Corp.), John Coustas (Danao Shipping), Nikolas Tsakos (Tsakos Energy Navigation), Petros Pappas (Star Bulk Carriers), George Economou (DryShips, Ocean Rig) – ne pensaient pas différemment.
L'UE autorise le commerce du pétrole en dessous du prix plafond, mais impose des limites aux navires transportant du pétrole brut et des produits pétroliers russes vers des pays tiers. Il est également interdit de fournir une assistance technique, des services de courtage ou un financement.
Le site ukrainien complète aussi sa liste avec le Liberian International Shipping and Corporate Registry, avec à l’appui des rapports datant de l'année dernière sur le transfert de navires de Sovcomflot à des gestionnaires tiers.
A.D.